Immense bonheur de retrouver Roger hier au Verre bouteille, avenue Mont-Royal, à l'occasion du lancement de son livre La Folitude. Un récit qui raconte sa descente aux enfers suite à une rupture amoureuse. Comme vous êtes sympa, voici un extrait d'entretien que nous avons eu en 2007 au sujet de la nuit et ses avatars.
Tu as passé, pendant une trentaine d’années, à noircir le plus clair de ton temps dans les bars. Tu y recherchais quoi ?
Moi-même. Peut-être. Ou alors un peu fuir. Cela peut-être les deux. On sort dans les bars jusqu’à 4 ou 5 heures du matin, à Paris c’était toujours ouvert, et on sort de là les yeux et le cœur cernés.
Toi qui a connu les deux, qu’elle différence y a-t-il entre la nuit parisienne et la montréalaise ?
Montréal, c’est la campagne. Mais en même temps Montréal est quasiment plus permissive dans le sens ou, dans cette ville, les femmes sont plus abordables. Il y a aussi de la drogue. Hier soir, j’étais avec un ami pour rencontrer des jeunes filles dans un bar et bien qu’ils ferment les portes, on a pu rester dedans. À Paris, une demi heure avant la fermeture, on te sort déjà. Par contre à Paris c’est le transe. À Berlin, c’est exceptionnel aussi. Tandis qu’à Hambourg…les bars d’Amsterdam sont terribles.
On ne rencontre pas les mêmes personnes la nuit que le jour…Voilà sans doute ce qui t’a plu aussi
Mais c’est parce que je ne savais pas qu’ils étaient des gens de jour. J’ai toujours été un gars qui faisait 50 siestes par jour. Je me droguais, je ne le fais plus et je bois encore pas mal…Il y a eu cette période de ma vie, qui a duré trois ou quatre ans, ou l’heure de sortie était 1h00 du matin. Parce qu’on savait qu’à cette heure là, sortir c’était quasiment se garantir une rencontre. Malheureusement, ce n’était pas toujours des rencontres exceptionnelles mais, au moins, on ne rentrait pas tout seul.
Tu as passé des belles nuits avec la jet set ?
Je n’ai jamais été du jet set. La seule fois où je la fréquente, c’est au Gala de l’Adisq parce qu’il y a un gros party après. La nuit, c’est dans ma tête aussi. Tu vois, en ce moment il est 11h00 ou midi et je pourrais sortir dehors et ce serait la nuit. Parce qu’il a neigé, personne nous parle…Il y a sans doute des non-voyants qui ont des paysages plus lumineux que les miens. La nuit, on l’aime aussi, parce que c’est l’instant de tous les dangers. On peut se faire taper dessus….Et il y a des femmes qui nous ont trouvé tellement beau alors que nous étions laids comme des pioches. Et elles sont rentrées avec nous autres, imagine !
La nuit, les bars, c’est se croire immortel, non ?
Mais oui, complètement. À une condition, ne pas penser au matin. Lorsqu’on y pense, on redevient des mortels. On demande à un ami : « as-tu des lunettes noires que je puisse prendre un taxi ? »
Tiens, une blague: Un gars rentre saoul avec une fille. Il se réveille, elle est partie. Il retrouve des traces de sang sur le drap. « Merde, j’espère que je ne l’ai pas tué ». Partoutoù il va dans la maison, il y a toujours du sang par terre. À un moment, il rentre dans la salle de bain et se regarde dans la glace. Entre ses dents de devant, une petit fil blanc apparaît : « sacrament, j’espère que c’est la poche de thé ».
4 commentaires:
intéressante interview intimiste...mais derrière ces confidences de ce parolier, Claude André n'aurais-tu pas plus creuser l'immense solitude que doit vivre cet artiste pour sortir comme ça toujours la nuit?
une petite chanson comme cela, http://www.youtube.com/watch?v=rU0wYcO2Pdk
pour Roger Tabra, qui a écrit des chansons pour la chanteuse Dominica Merola, une amie qui nous a offert une si belle chanson aux funérailles de ma mère...
Anne, l'ai fait ailleurs. Il s'agit ici d'une discussion entre potes sur un sujet précis: la nuit. Ce n'était pas une entrevue destinée à un journal.
Cela dit, merci pour tes commentaires judicieux, il sont toujours très appréciés :-)))
ah oui j'aurais dû y penser que le thème était la nuit...oui c'est un bon texte. Roger Tabra est très très intense. mes commentaires ne sont jamais méchants pour toi juste des p,tits commentaires comme ça.
Enregistrer un commentaire