dimanche 6 février 2011

L'illusionniste de Chomet d'après Tati



La belle histoire

Rencontre virtuelle entre le magicien du cinéma qu’était Jacques Tati et  le dessinateur et réalisateur Sylvain Chomet du film d’animation Les Triplette de Belleville

Claude André

Au moment où le rock prend son envol à la fin des années cinquante, un illusionniste se résigne à quitter Paris histoire de trouver un public réceptif à ses tours de passe-passe et autres lapins sortis du chapeau.

À Londres, la réception n’est guère plus enthousiaste : cafés, petits théâtres, fêtes privés…

Au gré de ses petits spectacles, il rencontre un fêtard en goguette qui l’invite à se produire dans un pub d’Écosse. C’est sur cette île perdue et pluvieuse qui accueille au même moment l’arrivée de l’électricité que notre illusionniste fait la rencontre d’une jeune fille fauchée et naïve qui croit en sa magie.


Elle décide donc de le suivre en douce et, puisqu’il s’agit d’un gentleman, l’illusionniste l’hébergera dans son petit appartement d’Édimbourg en la gratifiant, ici et là, de cadeaux de plus en plus couteux histoire d’entretenir les illusions de la petite.

Jusqu’à ce qu’elle rencontre un jeune homme de son âge…

La vie de Tati

C’est en demandant à Sophie Tatischeff, la fille de Tati, l’autorisation d’utiliser des images de son père en vélo dans le film Jour de fête pour un clin d’œil à ce dernier dans Les Triplettes… que l’héritière a non seulement accepté mais également confié un scénario inédit simplement titré «Tati N4» au réalisateur Chomet également admirateur de son paternel.

Trop heureux, ce dernier a donc entrepris de reconstituer la dégaine de Tati et ses mimiques de grand personnage un peu décalé dans la création de cette histoire donc la difficulté tenait surtout dans l’extrême simplicité du scénario.

Réalisé avec la technique du D2 dessiné à la main plutôt qu’avec des images de synthèse, ce film d’animation vieille école procure un spectacle poétique et chaleureux à notre œil de spectateur ébloui. 


Si le film est dédié à Sophie Tatischeff,  les enfants illégitimes du grand  Tati soutiendraient, selon le Guardian de Londres, qu’il s’agirait en fait d’une façon pour Tati de s’excuser d’avoir abandonné, pendant qu’elle était enceinte , la mère de sa fille Herta. Une autrichienne dont il aurait fait la connaissance dans un cabaret parisien pendant l’Occupation.

Quoi qu’il en soit, L’Illusionniste raconte sans dialogue l’apparition d’un nouveau monde effrénée, celui de la consommation, la disparition des anciennes valeurs et, par la bande, la désillusion des gens dépassés par le cours des événements. Une histoire à la fois belle et triste mais, hélas, dépourvue de cette grande charge émotive qui nous habiterait longtemps. *** 


Aucun commentaire: