dimanche 31 août 2008

Richard Petit


Retour du guerrier

Après avoir vu les affres de la guerre et lui-même combattu la maladie, Richard Petit en très grande forme revient faire face à la musique.

Claude André

Le journaliste se demandait à quoi s’attendre en se remémorant sa dernière rencontre avec l’artiste, il y a près d’une dizaine d’années. C’était sur l’heure du midi dans le cadre d’une conférence de presse des Francos. La chose s’était soldée tard le soir après des litres de bière. Puis il y a eu les tubes à la radio. Une carrière qui planait. Voilà qu’en 2002, son frère d’âme Dédé Fortin, celui à qui il devait tant, s’enlève la vie et on le retrouve le jour du lancement du second album de Richard. Deuil à peine surmonté, le grand Petit se retrouve face à une nouvelle tragédie : le crabe veut s’emparer de lui. Longue lutte contre le cancer puis rémission.
D’ailleurs, et c’est voulu, on ne retrouve aucune allusion à la maladie sur son troisième encodé YUL, un album qui devrait cartonner.
L’accueil est chaleureux dans le resto de l’avenue Mont-Royal. Accolade. L’artiste arbore une mine joyeuse au dessus de sa superbe veste rouge aux couleurs de la Russie. C’est que notre homme, qui accepte souvent d’aller jouer pour les soldats, voyage un max. Cela lui a d’ailleurs permis de se forger des opinions biens senties sur le monde et les conflits.


Le processus de YUL

Mais causons zizique. «J’adore Globe-Trotters, la pièce d’ouverture, et ce son m’est familier. Serait-ce proche de Daho, de Daniel Darc ?». «Peut-être que tu entends Murat» révèle Petit. Bingo ! «Il a sorti un album en 1996, Dolorès, qui demeure pour moi un des plus grands albums de la francophonie. Quand j’ai entendu cela j’ai fait : ah wow ! Mais à cette époque je faisais du ska avec l’Affaire Tournesol puis avec mon premier album je voulais faire bouger les gens. Après le second album, ça ne me tentait plus de faire du ska, du rock…Je me suis dit : là je vais faire des chansons avec un texte qui est en avant et ça va groover. Ça va être sensuel, chaud, suave…», explique le frère de l’autre qui, pour sa part, n’a jamais voulu faire métier de comique même s’il est très drôle car cela exigerait trop de rigueur. Il a donc effectué mille et un boulots dont concepteur et réalisateur du célèbre Dolloraclip et était hier encore recherchiste musical à La Fureur.

S’il se souvient de l’influence lointaine de Murat, Petit demeure un mélomane averti qui communie autant à l’hôtel de la vieille chanson française qu’au motel du heavy metal ou à la chapelle du folklore, ce qui n’est quand même pas rien pour un athée…
Toutefois cet album aux effluves de voyages, d’amour et de liberté demeure résolument ancré dans grande famille pop. «Je voulais faire un album sur les bases de la guitare acoustique, qu’elle soit omniprésente peu importe la forme ou le tempo. Je souhaitais aussi qu’il y ait énormément d’électronique, de sons analogues et qu’il soit symphonique avec des arrangements de cordes. Puis, finalement. J’espérais y retrouver beaucoup d’espace. Qu’il y ait de l’air afin de faciliter l’invitation au voyage», poursuit l’artiste et vidéaste (Diabolo menthe) qui proposera les 11 clips, scénarisés, qui accompagnent l’album à raison de un par semaine sur le site de «Sympatico». On a très hâte de voir ça, en particulier celui de la poignante chanson «4 minutes et 4 secondes avant la fin» qui raconte sur une guitare sobre le dernier voyage de Dédé Fortin.

Richard Petit
Yul
Tacca/Select

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