mardi 19 août 2008

Harley Davidson : entre le sexe et la légende



La célère bécane icône de l’american dream célébrera ses 110 ans au mois d’août.

Claude André

«Je n'ai besoin de personne /En Harley Davidson /Je n'reconnais plus personn' /En Harley Davidson/ Quand je sens en chemin/ Les trépidations de ma machine/Il me monte des désirs/ Dans le creux de mes reins», chantait la sculpturale et sublissime Brigitte Bardot de 1967 grâce à la plume de Gainsbourg. Lui qui avait bien compris que si la Harley incarnait et c’est toujours le cas, une certaine quintessence du rêve américain, elle dégage aussi une sulfureuse symbolique sexuelle.

Et les films cultes L’équipée sauvage (1953) qui mettait en vedette le jeune Marlon Brando, inspiré d’un fait divers qui bouleversa l’Amérique en en 1954, ainsi que le classique Easy Rider (1969) et sa célébration de la moto de style custom avec les pointures que devaient devenir Denis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson, contribuèrent à la chose en plus de permettre l’éclosion d’une toute nouvelle culture de la moto qui amalgamait mode hippie, dope en tout genre et mauvais garçons.

Sans compter le révolutionnaire et très charnel Elvis Presley qui avait acheté sa propre bécane moyennant des mensualités de 50,15 $ quelque temps avant la sortie de la chanson Heartbreak Hotel qui devait le propulsé vers la gloire en 1956. Il devait d’ailleurs figuré en page couverture du magazine de Harley-Davidson, The Enthusiast, en mai 1956.

Mais si cela devait apporter la touche glamour et mythique à l’invention des 3 frères Davidson et de Mister William S Harley, la moto est surtout entrée dans les mœurs et l’imaginaire collectif amerloque après que l’armée américaine eut commandé plus 20 000 Harley Davidson pendant la Grande Guerre.

Dans les mœurs

Ainsi, les G.I qui revenaient des campagnes européennes en 1918 et qui continuèrent à se déplacer en clan, pour ne pas dire en gangs avec leur Harley, ont énormément contribué à l’édification du mythe, de l’image de marque et de ses fanatiques.

On leur doit sans une grande part des clichés, qui se sont hélas vérifiés, du biker ultranationaliste porté sa la bibinne en canette, les concours de wet t-shirt et un certain humour au ras les pâquerettes.

Paradoxes, la marque au son si particulier, qui donnait l’impression à une certaine époque, que le moteur s’étouffait avant de repartir de plus belle (alors que ses inventeurs voulaient créer la moto la plus silencieuse possible), est désormais significatif d’une certaine ascension sociale pour une couche de la population.

D’ailleurs, au gré de nos recherches nous avons découvert que le simple fait d’être titulaire d’une H-D s’avère un critère pour quelques babes sur certains sites de rencontres dont Do you look good ? «Sur une Harley, vous ne faites pas que vous distinguer, vous existez !», affirme l’auteur David K. Wright, un expert en Harley-Davidson.

Et si on croit Éric Desbiens, le président du Club de bikers Evolution de St-Calixte, la possession d’une Harley procure aussi certains bénéfices marginaux à ces messieurs en mal d’une certaine compagnie féminine. «Depuis que je me suis acheté une Harley en 2004, je n’ai plus besoin de payer pour recevoir certaines gentillesses buccales», s’esclaffe-t-il. C’est vrai ça? «C’est une blague que l’on sert aux propriétaires de japonaises pour qu’ils changent de moto. Mais disons qu’il est vrai que notre rapport aux autres se modifie considérablement. Le beau sexe est davantage attirée par la légende Harley que par une moto japonaise.» Car, une des particularités de la moto est de procurer une aura de rock star et/ou de bad boys à son propriétaire.

 Et la peur permanente de se faire voler son engin ? « Moi, ça ne me dérange pas du tout. C’est sûr que lorsque je vais dans un bar, je me stationne près de la porte mais ça n’en m’empêche pas de dormir. Il faut dire aussi qu’avec la dévaluation du dollars américain on peut acquérir une bonne moto pour 15 000 $ alors qu’elle en coutait 6 000 de plus voilà deux ans», poursuit le bout en train. 

Et cette satanée réputation de toujours d’huile qui s’échappe? «Lorsque les propriétaires de japonaises tentent de nous narguer en nous rappelant que la Harley a cette particularité ou leur rétorque tout de go: Non, elle ne perd pas son huile, elle marque son territoire !»


Quelques noms de personnalités propriétaires d’une Harley au Québec :
Martin Deschamps : «J’aime ça une Harley parce que ça me permet de faire le vide tout en étant concentré sur la route. Là, par exemple, j’arrive de faire une ride et c’est essentiel à mon bien être mental. On y ressent aussi un certain sentiment de puissance mêlé à un feeling de liberté» confie le rocker qui possède un modèle trois roues adapté à sa condition physique particulière. Avant de nous révéler que le film Les fous de la moto (2007) de Walt Becker avec, notamment, John Travolta, évoque très bien les univers de citoyens ordinaires et ceux des groupes criminalisés qui partagent qu’une chose commune : leur amour pour les Harley Davidson.

Nanette Workman
Marie-Chantal Toupin
Caroline Néron
Peter Mc Load
Claude Dubois
Jonas Tomalty
Steve Diamond
Deano Amadeo, guitariste d’Éric Lapointe
Yannick Marjot, présentateur de la météo et d’émissions à TQS.

La Harley au Musée
Les aficionados ont désormais leur lieu de pèlerinage puisque depuis la mi-juillet un musée est entièrement consacré à la Harley-Davidson à Milwaukee dans le Wisonsin, ville qui a vu naitre la bête à deux roues. Les trois frères Davidson et William S. Harley, alors qu’à l’origine seuls William S. Harley et Arthur Davidson voulaient créer un vélo à moteur pour se rendre plus facilement pêcher sur le Lac Michigan, ont fini par créer en 1903 un monocylindre de 410 cm3 ou 25 ci (3-1/8 d'alésage par 3-1/2 de course) qui délivrait 2 puis 3 C.V. Le cadre simple berceau a été renforcé au niveau de la colonne de direction puis recouvert d'une peinture noire dîte 'Piano-Finish Black" décorée de deux filets dorés au pinceau et d'un lettrage rouge exécutés par Janet Davidson, la tante.

Finalement, le frêle deux-roues, construit pour courir, montait les cotes sans l'aide des pédales. Trois prototypes ont construits en 1903 et vendus 200 $ l'unité. Une Harley-Davidson a fait le tour de Milwaukee à la vitesse de 25 mph effrayant au passage les chevaux et laissant pantois les habitants. Soulignons également que contrairement à son image, la Harley a gagné plusieurs compétitions de course alors qu’on y faisait participer ses différents modèles au début du siècle dernier et qu’un corps expéditionnaire commandé par le général Pershing, comprenant 8 Harley Davidson équipées de mitrailleuses, a été envoyé au Mexique pour mater la guérilla du Chihuahua menée par Pancho Villa et Emilio Zapata !

La directrice du musée Harley-Davidson Stacey Schiesl anticipe une affluence annuelle de près de
350 000 personnes en provenance du monde entier.  En plus des 200 motos historiques, le public peut voir ou revoir, grâce à un écran vidéo, des images mettant en scène des Harley à la télévision ou au cinéma.

Harley et musique
Harley Davidson de Serge Gainsbourg interprétée par Brigitte Bardot, 1967
Harley David son of a bitch de Serge Gainsbourg, 1984 album Love on the beat
Harley Davidson, ACDC

Le Label The Right Stuff a publié plusieurs compilations de road songs estampillées du sceau Harley Davidson que ce soit avec des standards rock, blues ou country.

Harley au cinéma
Bien que les films de motos aient déferlé à partir de 1965 avec le film Les anges sauvages de Roger Corman avec Peter Fonda et Nancy Sinatra. Long métrage qui donnait naissance aux «bikers movies», alors que le phénomène Hell’s Angels déferlait sur la côte californienne, la plupart d’entre eux demeurent de piètres qualités. Voici cependant quelques classiques.

L’équipée sauvage (1953) film culte de Lazlo Benedek avec Marlon Brando et Lee Marvin

Easy Rider (1969) film culte de Dennis Hopper avec Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson. Notons la superbe bande son avec notamment Born To Be Wild de Steppenwolf et If Six Was Nine de Jimmi Hendrix Experience.

Challenge One, 1971 film/documentaire de et par Steve McQueen. Classique.

Harley Davidson and Malboro Man, 1991 de Simon Wincer avec Mickey Rourke et Don Jonhson, film culte pour amateurs de…navets psychotroniques.

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