dimanche 26 octobre 2008

La traverse de Plume


Près d’un an après la publication de Hors-Saisons, le chantre de la contre-culture musicale d’ici lance Plumonymes, sorte de tome 2 du précédent où il revenait aux sources en formation piano, guitare, basse et voix.


Claude André


Crachin matinal près du métro Longueuil. Le journaliste se rend dans les locaux du producteur sans trop savoir à quoi s’attendre de celui qui demeure une véritable icône de la culture pop kèbe. Surtout auprès des noceurs de tout acabit. Au très grand dam de l’artiste, qui nous dira-t-il plus-tard en parlant de son personnage qui occultait le poète, que «l’arbre cachait la forêt». Il est là. Grand comme un chêne. Pantalon cargo beige, chemise rouge sur un tee-shirt noir. Demande son nom au journaliste : «Tiens, ça m’évoque quelque choses. Mes souvenirs s’entrechocs», lance-t-il en se rappelant qu’il y a 5 ans, un malheureux malentendu avait amené l’intervieweur à un autre endroit que celui où l’attendait le porc-épic de la chanson qui se plait à penser que Monon’c Serge et Fred Fortin font figure d’héritiers.


Car, si nous avons le bonheur de la rencontrer, le photographe et Bibi, c’est surtout parce que nous sommes de la presse écrite. Plume, en effet, refuse toutes les demandes de la télé, lui dont l’unique apparition à Tout le monde en parle il y a un an lui a «donné des boutons pendant deux semaines».


Après lui avoir avoué qu’on arrive un peu avec l’impression qu’il peut nous balancer un coup de pied au cul à n’importe quel moment, «légende urbaine tout ça», le voici qui se montre souriant, généreux, loquace et pertinent.


Plus sociable


«Aujourd’hui, le monde sait toute de tout le monde. Un ti-cul va faire un show d’humour, première affaire que tu sais c’est qu’il va sortir un DVD là-dessus, une biographie, whatever. Moi, je ne sais pas combien de fois ils m’ont demandé de faire des musicographies. Non ! Ce qui m’importe c’est le produit que je sors. Il n’ont pas à savoir mais amours et tout», lance Latraverse, qui, paradoxalement, s’ouvre plus que ce à quoi il nous avait habitués sur cette mouture. Comme le démontre la chanson «Pas grand-chose». «Des chansons d’amour ? Ben j’avais écrit avant: «J’t’aime en ostie»…», lance –t-il comme pour confirmer ce qu’il nous disait plus tôt lorsqu’on lui a évoqué la rigolote «Alice» que l’on retrouve parmi les 17 titres de Plumonymes. «Je suis un peu comme Sol. Lorsqu’il enlevait son costume, Marc Favreau gardait des tics de son célèbre clochard», raconte l’auteur de la magnifique Les pauvres qu’il considère, bien qu’il n’ait pas de préférée, celle qui semble avoir marqué l’inconscient collectif. Ce classique, parmi tant d’autres, qui lui a d’ailleurs valu un hommage orchestré par Coup de cœur francophone et auquel il ne s’est pas pointé. «Je suis mal à l’aise avec ça.Quand l’Adisq m’a proposé le sien, six mois avant qu’il n’ait lieu, j’ai branlé dans le manche pendant six mois avant de finalement accepter». Puis, comme sur le ton de la confidence il murmure : « Il y a eu une époque où j’étais probablement plus sociable». Petite séance de photos auquel Plume se prête plutôt de bon gré malgré sa hantise des kodaks comme en témoigne sa jambe qui gigote d’impatience, puis retour à l’album. «J’ai écrit environ une trentaine de chansons pendant les deux années sabbatique qui ont précédé Hors-Saison, le disque précédent sur lequel on retrouve les pièves plus temporelles comme celle sur les accommodements. Dans le spectacle que je trimbale actuellement, il n’y a aucune chanson de mon nouvel album. Je veux que les gens découvrent Plumonymes, qui est pour moi un album à part. Éventuellement il y aura quelque chose qui se construira autour de celui-ci mais pour l’instant, je mets en perspective Hors saisons et Chansons nouvelles, qui était un album d’auteur. Évidemment, il y a quelques petits classiques pour chatouiller le poil des bras des fans mais c’est essentiellement basé sur une espèce de thématique qui va amener les gens à accepter les Plumonymes», confie Plume qui, comme pour ses autres œuvres avant, sera incapable d’écouter sa plus récente œuvre avant trois ou quatre ans. Ce qui n’est pas notre cas…



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