lundi 13 octobre 2008

Martin Deschamps


Le Martin-Rockeur

Après les grosses guitares de son album précédent, Martin Deschamps se refait une virginité sur Le piano et la voix. Mais qu’à cela ne tienne, le rockeur n’est jamais bien loin.

Claude André

Restaurant Fou d’Asie rue Saint-Denis. Martin et moi, qui partageons un grand ami en commun, causons de la vie. Il commande ses sushis. M’en offre un à la texture inhabituelle. «C’est du canard ?», «Oui». Puis il s’esclaffe : «C’était de l’anguille. Je fais le coup à tout le monde».

L’est comme ça le Martin-Rockeur du Québec: taquin, moqueur et sympa comme tout. Toujours prêt à donner son temps. Que ce soit pour dispenser du courage à des enfants dans les hostaux ou chanter gratos à une soirée hommage consacrée au regretté poète Gilbert Langevin. C’est d’ailleurs quand il a vu l’effet bénéfique piano-voix sur les enfants souffrants que le déclic de faire un disque avec cette formule s’est fait. Puis on cause dudit poète qui a écrit des superbes chansons pour, notamment, Offenbach. Formation pour laquelle Martin a chaussé les grosses bottines laissée vacantes par le décès de Gerry Boulet.

Sur ce sixième encodé, Deschamps reprend d’ailleurs la chanson préférée de son papa, le classique «Cette voix que j’ai» popularisé par Gerry. Concept de l’album ? «L’idée à la base est née de ma rencontre avec le compositeur et arrangeur Paul Baillargeon qui a travaillé entre autres sur Soleil de Jean-Pierre Ferland. Lorsque je l’ai connu, par l’entremise d’un ami commun par lequel il m’avait offert la chanson intitulée Dans ta peau, Paul m’a fait découvrir une autre façon de livrer la marchandise. Puis, il m’a proposé d’autres pièces qui me convenaient parfaitement», poursuit-il enthousiaste. «J’ai de la chance de pourvoir interpréter ces tounes vraies. C’est complètement opposé à ce que j’ai pu faire dans le passé. Pas en ce qui concerne les sujets qui demeurent l’urgence d’aimer, le besoin d’être aimé et les peines d’amour mais, cette fois-ci, il y a un grand côté positif et porteur d’espoir».

Des pianistes


Ça s’entend d’ailleurs sur les deux pièces où le chanteur de Rawdon est accompagné par le rabelaisien Vic Vogel. Car voyez-vous, dans le cadre de ce piano trip Martin a également réquisitionner des pianistes aux horizons aussi différents que Lorraine Desmarais ou Richard Abel (!) en passant par Daniel Lavoie, Guy St-Onge, Claude «Mégo» Lemay, Marco Tessier, Bernard Quessy et Paul Ballargeon.

Autant de musicien qui, chacun à sa façon, apporte ses propres reliefs sur ce chapitre qui, en somme raconte l’histoire d’un couple d’ici. «Tantôt je regardais mon paçing et je me suis dit : c’est un peu comme la vie de tout bon québécois cette affaire là. Ça part avec le «Piano et la voix» pour la mise en contexte. Ensuite, on a un enfant avec «Ma petite douceur». Puis on veut encore que notre femme nous aime avec «Capture-moi». Après, je reprends «Quand ?» qui exprime qu’il y a des hauts et des bas. Passage à vide. On fini par s’en foutre alors on fait des boogies woogie. Mais après la fête, on est perdue dans notre vie de couple à cause du quotidien et on revient à la noirceur. À la fin par contre, on se retrouve et on décide de se construire une maison», remarque Martin.

Et le pari semble déjà gagné puisque le premier extrait «Capture-moi» tourne déjà sur les ondes peu habituées au dépouillement. Excellent prélude à une tournée du Québec, et, probablement, un second tome piano-voix composé davantage de reprises de son répertoire.

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