lundi 25 mai 2009

Millénium le film



La drogue dure se fait une toile

Bien que légèrement diluée, la drogue Millénium demeure encore très haletante au grand écran

Claude André

Comme la plupart des 10 millions de lecteurs qui se sont procuré les livres de la cultissime série Millénium, j’ai littéralement englouti l'œuvre. Même que dans mon cas, tel un junkie en sevrage cold turkey, j’ai ressenti un état de manque à la fin de ma lecture du troisième et, hélas, dernier tome en raison de la mort prématurée de son auteur le suédois Stieg Larsson.


Auteur qui, rappelons-le, est un ancien journaliste célèbre et notoirement antifasciste mort brutalement à l’âge de 50 ans. Soit après avoir remis les manuscrits de sa trilogie dont les héritiers (son père et son frère avec lesquels il n’avait guère de contacts), l’ex-conjointe qui l’a soutenu pendant des années et un groupe communiste auquel il a adhéré un moment dans sa jeunesse se disputent les énormes royautés.

Comme Da Vinci Code ?

Même si je craignais un peu l’éventuelle déception que le film ne soit pas à la hauteur, on a qu’à pensé au catastrophique DaVinci Code, c’est avec un sourire grand comme un stationnement de IKA que je me suis précipité, malgré l’heure matinale et le premier soleil éclaboussant de la saison, à la projection de presse du volet un de la série : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes.

S’il m’a fallu quelques minutes pour adhérer au personnage de Mikael Blomkvist ( Michael Nyqvist, un Suédois fort connu chez lui) décrit plus charismatique dans les livres, je suis resté complètement abasourdi en apercevant les premières images de la rebelle-gothique-hacker Lisbeth Salander : «c’est elle en mieux !» me suis-je exclamé en observant cette cousine lointaine de Fifi Brind’acier et de Nikita

Le synopsis

Incarnée par l’autodidacte Naomi Rapace qui a trouvé le ton juste pour livrer l’aura à la fois mystérieuse et inquiétante de l’héroïne, Lisbeth Salander et le journaliste de la revue Millénium surnommé Super Mikael mènent en tandem une enquête abandonnée depuis 40 ans pour retrouver la nièce d’un richissime industriel disparue dans des circonstances mystérieuses.

En établissant un lien entre cette enquête et une série de meurtres abominables nos deux valeureux héros, qui trainent chacun leur part d’ombres, découvriront une histoire effrayante et sordide.

Évidemment, les contraintes cinématographiques étant ce qu’elles sont, en matière de durée notamment, le réalisateur Niels Arden Oplev n’a pu explorer les motivations profondes des personnages, unis par une certaine nature anarcho-féministe, telles que décrites dans les trois tomes.

Bémol en mineur

Aussi, on ne creuse pas en détails les tractations et autres magouilles inhérentes au milieu financier ainsi que les aléas d’une certaine culture underground tel que le fait le livre. Ou on zappe la relation particulière du journaliste avec une présentatrice de nouvelles et sa relation charnelle avec sa rédac chef, bref son côté un peu homme à femmes.

Hormis ces détails, l’homme qui a exigé et obtenu carte blanche pour effectuer son magistral boulot est demeuré fidèle à l’esprit du livre sans verser dans les excès spectaculaires comme l’aurait fait un film hollywoodien par exemple.

Si j’ai eu pour ma part parfois du mal à saisir les dialogues français de Lisbeth Salander, souvent murmurés, je suis resté littéralement scotché à mon siège pendant les 2h20 que dure le film tout excité à l’idée de savoir que la suite devrait sortir à l’automne.

Une adaptation conventionnelle mais très réussie. Un casting judicieux. Un rythme haletant. Une trame sonore efficace. Des images savoureuses de Stockholm. Une absence de censure mais un respect de l’intention de l’auteur qui voulait dénoncer la violence sexuelle subie par les femmes, Millénium le film relève le gant et devient une référence en matière d'adaptation. Vite les deux autres... besoin d’une dose. 3.5/5

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