vendredi 17 février 2012

Philippe B : Un bon plan











Accueilli chaleureusement par les observateurs depuis la parution, en avril dernier, de l'excellent 
Variations fantômes, Philippe B livrera deux spectacles en compagnie du Quatuor Molinari ce soir dans le cadre de Montréal en lumière. J'ai eu la chance de lui causer il y a quelques semaines pour le Journal Métro.



En quoi aurons-nous droit à une version « de luxe » de l’album?
Parce que c’est un peu un luxe, pour moi, de faire revivre les échantillonnages de musique classique qui sont sur mon album. Ça change quand même pas mal des shows que je fais, seul, depuis avril.

Est-ce que l’idée de mélanger des extraits de classique à des chansons pop ou folk est inspirée de Gainsbourg, qui l’a lui-même fait à quelques reprises?
Dans son cas, cela était plutôt intégré à ses affaires. Je crois qu’il fallait qu’on le sache pour s’en rendre compte. Moi, je ne voulais surtout pas donner l’impression que j’empruntais au classique sans le dire. Le flash? J’étais un gars tout seul et je composais avec mon ordi. À part la guitare, je ne joue pas de milliers d’instruments. Un jour, il y a sept ou huit ans, alors que je composais une chanson (Philadelphie) et que je trouvais qu’il y manquait quelque chose, j’ai écouté plein de disques. Finalement, j’y ai « samplé » La Mer de Debussy. C’était la première fois que je faisais cela et j’ai ensuite appris à aimer l’effet que ça produisait sur les pièces. J’ai également utilisé cette technique pour mon deuxième album. Comme on le dit en anglais : necessity is the mother of invention.

Au point où c’est devenu le concept majeur du troisième album…
Un membre du Quatuor Molinari, Frédéric Lambert, un ami avec qui je travaillais sur Taxidermie, mon deuxième disque, m’a dit alors que je cherchais un fil conducteur pour le troisième : « J’aime bien tes textes, mais ce que je préfère ce sont tes tounes où il y a du sampling. Tu devrais mettre l’accent là-dessus. » Au moment même où je cherchais partout comme un cave, il venait, avec une simplicité désarmante, de trouver mon concept (rires).

Un peu comme chez Pierre Lapointe avec qui tu collabores, on remarque dans ta démarche une volonté de toucher aux grandes œuvres mais aussi aux diverses disciplines artistiques, comme la danse, le classique ou la photo que tu mêles à une esthétique très seventies.
C’est vrai que Pierre est un boulimique de culture et d’arts visuels. Moi, ce qui me touche le plus en arts visuels, c’est la photo. Sinon, je suis très cinéma et culture populaire. Je suis aussi un enfant de Musique Plus. Pour moi, les clips ne représentent pas une bébelle promotionnelle, mais bien quelque chose de très agréable à fabriquer comme complément à la chanson.

L’ombre d’une peine d’amour planait sur Variations Fantômes. Pour la suite…?
Deux ans plus tard, ce n’est plus ce que je vis sur le plan émotif. Sur le prochain disque, on ne retrouvera ni sampling de musique classique ni peine d’amour. Il n’y a encore rien d’établi précisément, mais j’ai envie de quelque chose de tout aussi personnel qui soit empreint de légèreté. On restera dans le folk et la simplicité, mais en mettant de côté le gars qui pleure tout seul dans son coin.






Philippe B et le Quatuor Molinari
Vendredi 17 février à 23 h 00
Conservatoire de musique de Montréal
4750, avenue Henri-Julien, 1er étage


jeudi 16 février 2012

Sarko et son ancêtre ?



Une nouvelle campagne commence en France et Sarko, l'hardi politicien, se représente. Rigolons un peu.

Denis Côté cause des Rendez-vous

J'ai eu le bonheur de rencontrer récemment, pour le quotidien Métro, mon ex-collègue des belles années de l'hebdo culturel Ici, le cinéaste Denis Côté, histoire de causer de son dernier film Bestiaire. 


Une oeuvre «interactive» tournée au Parc Safari qui ouvrait hier la 30e édition des Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ).


Voici trois questions. 


Ça te fait quoi d’ouvrir les RVCQ?
Dominique Dugas, programmateur du festival, est un vieil ami que j’avais déjà invité dans ma salle de montage pour obtenir son avis sur mes autres films. Il est venu encore une fois pour Bestiaire. On s’est alors mis à discuter sur l’idée de présenter ce film en clôture, tout en se posant une question : n’était-ce pas trop couillu? Il m’a dit : «Je te reviens là-dessus», pour finalement me lancer : «Qu’est-ce que tu penserais de l’ouverture?» 
J’ai répondu : «Non », comme le producteur et le distributeur. Pas parce qu’on ne voulait pas, mais on a pensé que cela ne faisait pas tellement vedettes et tapis rouge. Surtout pour un trentième anniversaire. Dominique est revenu à la charge : «Nous avons fait certains choix dans le passé que nous n’aurions peut-être pas dû faire et là, c’est le moment de mettre notre poing sur la table et d’affirmer haut fort quel genre de cinéma on a envie d’encourager.» Je me suis tu un instant, puis j’ai dit : «Bravo pour votre audace.»


Fier de ton coup alors?
C’est sûr que je ris un petit peu. Quand j’ai présenté Curling en clôture du Festival du Nouveau Cinéma (en 2010), ça allait, c’est un film narratif. Mais là, de voir 700 à 800 personnes, assez proches de l’industrie, un petit peu prises en otage avec ce film-là, est une expérience que je veux vivre. Et cela n’a aucun rapport avec le fait que j’ai réalisé ou non ce film (sourire).

Une anecdote liée au RVCQ?
J’ai présenté un film à chaque Rendez-vous depuis les 14 dernières années. Je suis probablement le cinéaste le plus abonné à ce festival, qui n’a refusé qu’un seul de mes films, à mes débuts, alors que j’étais encore inconnu. Et ce n’est pas parce qu’on fait une entrevue que je le dis, mais j’ai toujours pensé que ce festival était le mieux organisé à Montréal. Ça marche tout le temps, il s’y passe toujours quelque chose d’unique. Un film que je souhaiterais rattraper? Je vais aller voir Marécages de Guy Édoin.


mercredi 15 février 2012

Recension musicale


Aurélie Cabrel
Oserai-je ?
L’inévitable parallèle avec le paternel, souvent magnifique, n’a pas lieu d’être. La jeune femme de 25 ans au chant feutré propose sur ce premier chapitre une pop vernie d’électro des plus conventionnelle quoique bien faite. Sur le plan textuel, elle signe des textes honnêtes, parfois naïfs (trop) entre ceux des potes dont le Belge Esthen. Le tout s’écoute agréablement en sourdine mais, hélas, rien pour écrire à son père. ** ½





Ivy
Hors des sentiers battus

Deuxième album pour le précurseur du slam québécois (bien que Francoeur et Péloquin en faisaient avant la lettre), qui, entre les évocations des poètes et l’influence de Ferré (voir la pièce Merci) pose un regard humaniste sur la société post-moderne en jonglant avec les mots comme d’autres avec des concepts. Sur des arrangements savoureux, notamment de cordes, signés Philippe Brault (Pierre Lapointe), le tout s’avère rythmé, ludique, émouvant et colérique. *** ½ 




Allain Leprest
Leprest symphonique
Sa voix n’était pas toujours juste. Sur scène, il tanguait parfois d’ivresse entre deux vers. Mais Allain Leprest, qui nous a quitté le 15 août dernier, planait avec ses ailes d’albatros entre la transcendance du verbe et ses racines d'irréductible communiste toujours près des choses vraies. Voici ses derniers enregistrements en version symphonique où se greffent Daniel Lavoie, Christophe, Kent, Enzo Enzo et Sanseverino. Pour aficionados de chansons à textes. ****




Cette petite recension marque la fin de ma collaboration avec le 24 H à titre de critique musical. Une époque se termine pour moi et une nouvelle aventure m'attends dans les pages du quotidien Métro. Merci.

samedi 28 janvier 2012

Nouveautés cd

Laura Gibson
La Grande
 Voix plaintive et fragile, cette folk singer de l’Oregon  dépeint sur son 3ième album des ambiances planantes et mélancolique où vibre le vent qui souffle sur la plaine et la danse du feu crépitant sous une lune rouge. Des pointures tel Joey Burns de Calexico et quelques membres de Decemberists viennent apporter une touche de mysticisme nappé de cordes à ce tableau vintage enveloppant. *** ½




Johnny Hallyday
Best Of
 Après les triples, the very, doubles, ultime, karaoké versions voici, pour souligner ses 50 ans avec ce label, que Philips sort un énième Best Of composé de 18 titres. Du yéyé au rock, l’essentiel est là avec, bonus, une inédite reprise live d’Avec le temps de Ferré et la sublime Ma gueule version 1979 en public. En attendant la venue du plus charismatique des chanteurs français sur les Plaines. Ah que oui.  ****



Mak
Éponyme
Ils sont cinq jeunes montréalais et se réclament de Led Zep, Pink Floyd, Björk, The Doors et autres The Roots. Pourtant, dès les premières notes, on songe davantage à l’esthétique Buddha Bar et à la mouvance trip-hop des nineties. Entre jazz, rock, électro et pop voilà donc une formation dont les ambiances lounge onctueuses risquent de nous faire planer encore longtemps parmi  les effluves de martini. *** ½ 

jeudi 26 janvier 2012

Haywire/Piégée

Gina Carano profite d’une crédibilité que ne possédait pas, par exemple, Angelina Jolie dans Salt.

Corps accords

L’ancienne championne du monde de MMA (Mixed Martial Arts), Gina Carano, réussit sa première percée au cinéma dans un film pop-corn dirigé par le très respecté Steven Soderbergh et dans lequel on retrouve Michael Douglas, Antonio Banderas et Michael Fassbender.


Claude André

L’arrivée d’un nouvel long-métrage signé Steven Soderbergh, l’homme derrière Sexe, mensonges et vidéo, Erin Brockvich, Traffic ou le diptyque Che, soulève toujours beaucoup d’enthousiasme.

Ajoutez à cela la perspective de découvrir une nouvelle actrice, spécialiste des arts martiaux, et une histoire de missions secrètes au profit du gouvernement américain, et vous avez là de bons ingrédients pour fabriquer un film d’action des plus haletant.

Dès le départ, une scène de combat avec son ancien partenaire (et amant) dans un restaurant perdu au bord d’une route donne le ton : on nous présentera cette héroïne comme la nouvelle (et féminine) spécialiste des assauts à la Van Damme ou Chuck Norris.


Après avoir été piégée par son ancien patron et petit ami dans ce resto, Malory Cane (succulente Gina Carano, malgré un registre qui semble limité) prend la clé des champs avec un jeune client, propriétaire d’une voiture de sport qu’évidemment elle pilote en experte.

Tout au long leur cavale, rythmée par une musique qui sonne télésérie seventies, elle mitraille, dans un récit aux dialogues souvent niais mais parfois teinté d’humour, les rebondissements de ses missions qui nous transportent à Barcelone, à Dublin et au Nouveau-Mexique.

Endroits majestueusement mis en images par Soderbergh qui, comme il le fait régulièrement, signe la direction photo sous un pseudonyme (les noms de son père et/ou sa mère lorsqu’il fait aussi le montage).

Hélas, comme cela est souvent le cas avec les films d’arts martiaux, le scénario écrit par Lem Dobbs (Kafka, L’Anglais) est truffé de trous et, dans ce cas-ci, inutilement tarabiscoté!

Scènes de combat

Qu’à cela ne tienne, les scènes de combat, très brutes et dépourvues d’instants suspendus dans les airs comme cela était encore la mode il y a peu, sont particulièrement réussies. Soderbergh nous captive en juxtaposant, notamment, les sons lourds des armes à feu à celui des corps qui s’entrechoquent. Sans parler des vertigineuses poursuites sur les toits urbains.

À la fois sexuellement féminine et sportivement virile, la nouvelle héroïne – qui n’a pas eu à passer d’audition pour obtenir ce rôle, tant elle irradie dans une cage MMA – devrait s’imposer parmi les vedettes du genre. D’autant plus qu’elle profite d’une crédibilité que ne possédait pas, par exemple, Angelina Jolie dans Salt.

Et ça ne fait que commencer…

Avec sa fin ouverte, où l’on retrouve un Antonio Banderas en diplomate espagnol ébahi de d’apercevoir notre héroïne, alors qu’il pensait se la couler douce au soleil, Piégée/Haywire annonce une suite aussi imminente qu’évidente.

Soderbergh retournera-t-il d’ici là au vrai cinéma?

***

Piégée, la version française doublée au Québec de Haywire, est actuellement à l’affiche.

Ce texte a d'abord été destiné à l'hebdo Accès Laurentides. J'en profite pour souhaiter tout le succès du monde à son ancien rédacteur en chef Éric-Olivier Dallard dans ses nouvelles aventures à la tête de son tout dernier rejeton :  Hebdo Floride.





samedi 21 janvier 2012

Recension musicale

The Pines
Dark So Gold
Dans la grande tradition de l’Americana, la formation indie-rock The Pines, qui vient de l’Iowa, nous transporte dans des ambiances crépusculaires et mystérieuses où les ombres des chamanes semblent danser avec le vent sur des accords folk-rock-roots et blues. On plane dans un état d’urgence mais en tanguant entre la tradition et la contemporanéité. Devrait plaire aux fans de Bon Iver et de Ray Lamontagne. **** CA




Wesli
Liberté dans le noir
Savez ces soirée d’été festivalier où, les sous les étoile exactement, un artiste allumé embrase la foule en compagnie de guest stars ? C’est à cette douce ivresse que vous convie le second opus de Wesli. Lui qui distille, avec son big band, un savoureux amalgame de reggae-funk-rap-afro beat des plus fédérateur en compagnie de Tiken Jah Farkoly,  Mes Aiëux, Paul Cargnelo et autres Radio Radio. Manifestif. **** CA





Juliel
Orange-Blue
La jeune native de Québec qui a voyagé avec sa guit dans des contrées lointaines propose un premier album à double volets : orange pour le côté rock-pop et bleu pour son penchant country-folk teinté de charleston. Dans la même langue que Pascale Picard, elle distille d’une voix chaude et intime un climat sympa mais propret. On aime particulièrement la convaincante reprise du classique Hotel California. CA ***





The Little Willies
For The Good Times
Bien connue des amateurs de jazz-pop, la chanteuse et multiinstrumentiste Norah Jones est aussi est une fana de country. Après une première incursion en 2006, la voilà de retour avec sa formation The Little Willies pour s’approprier des grands airs western de Johnny Cash, Dolly Parton, Willie Nelson et autres Loretta Lynn. Solos sublimés, voix plaintive haut perchée, sincérité proprette mais convaincante. Good times.*** 1/2

mercredi 18 janvier 2012

Nous avons acheté un zoo

Scarlett Jonhansson et Matt Damon, deux stars pour un film familial.

Bouillon de poulet pour l’âme

Nous avons acheté un zoo, « film bonheur » à la fois sympathique, convenu et divertissant.

Claude André

Après les aventures jamesbondesques du personnage Jason Bourne qu’il incarne avec autant de virilité que de souplesse, le célèbre acteur Matt Damon se la joue belle gueule sentimentale dans ce long métrage inspiré d’un fait réel tiré des mémoires du Britannique Benjamin Mee. Et, chose rare dans ce genre de film familial, Damon est flanqué d’une autre grande star hollywoodienne : la charismatique et sublime Scarlett Johansson.

Plutôt que de se laisser abattre après le décès de sa femme, qui était atteinte d’une tumeur au cerveau, un père de famille décide de déménager afin de ne plus vivre dans un environnement qui rappelle sans cesse la présence de celle qu’il aimait. Sans compter que son ado de fils (Colin Ford, correct) semble en voie d’emprunter une très mauvaise pente à l’école et que sa fillette de sept ans (Maggie Elizabeth Jones, craquante) se sent mal à l’aise dans cette maison où règne le souvenir de sa mère.

En cherchant une nouvelle demeure, le papa, un ancien journaliste aventurier, déniche une très chouette propriété à vendre. Bingo! En prime, elle vient avec des animaux exotiques dont il faudra assurer la survie, car il s’agit… d’un zoo laissé à l’abandon!

En compagnie des employés du lieu – qui travaillent encore, bénévolement, à assurer le bien-être des animaux, plus sympathiques les uns que les autres –, la petite famille devra apprendre à surmonter le deuil, mais aussi à vivre en compagnie de bêtes exotiques dont le moral ne semble pas au beau fixe non plus.

Mais ce n’est pas tout, un vilain inspecteur semble déterminé à faire couler cette arche de Noé des temps moderne tandis que, la nature humaine étant ce qu’elle est, une employée médisante colporte des rumeurs démotivantes.

Heureusement pour nos héros – et du coup pour nous, spectateurs attendris –, même depuis l’au-delà, maman veille toujours au bien-être des siens.

Zoothérapie

En mêlant les éléments de la zoothérapie (il faut voir ces animaux dans cette campagne magnifique), à ceux du genre feel good movie, le réalisateur Cameron Crowe (Jerry Maguire, Un ciel couleur vanille, Presque célèbre) ne prend pas de risque en distillant de façon efficace, mais sans grande inventivité, les éléments propre au genre : émotion, humour, inattendu, rythme (bien que le film dure deux heures) et sens de l’humain fédérateur.

Arrivé dans la foulée de films bonbons du temps des fêtes, Nous avons acheté un zoo et sa morale bon enfant, qui pourrait se résumer à : « il faut 20 secondes de courage dans la vie », plaira quasi assurément à vos enfants.

Comme en témoigne d’ailleurs l’enthousiasme de la gamine de 8 ans l’auteur de ces lignes qui lui a accordé un très souriant (et surévalué) 5 étoiles sur 5. C’est-à-dire une de plus qu’au film événement Les aventures de Tintin : le secret de la licorne!

Ce texte devait être publié plus tôt mais pour des raisons hors de mon contrôle cela n'a pas été possible. Le film est encore néanmoins à l'affiche dans quelques salles.



lundi 16 janvier 2012

PLEIN L'Q (PLQ)



Petit clip réalisé hier par l'ami Mathieu Leblanc. La chanson est, hélas, tellement d'actualité... Il nous sera loisible de l'entendre ainsi que plusieurs autres nouvelles le 12 février prochain à 20 h au bar le Verre Bouteille.

L'histoire ne dit pas si votre serviteur servira encore d'harmo holder...

Plein l'Q (PLQ)
Paroles et musique : Mario Peluso