lundi 18 janvier 2010

Comic Strip

Voici quelques parutions bédéesques qui m'ont fait passé de sacré bons moments au cours des dernières semaines. Recension destinée originellement au journal Accès Laurentides tout comme les petits guides culturels qui paraissent en ces pages web d'ailleurs.



Blessure d’amour propre
Attention coup de cœur. Les lecteurs habitués aux œuvres du génial et regretté Gérard Lauzier craqueront littéralement pour cette étude de mœurs décapante aux dessins gras et exempte de toute rectitude où hommes et femmes en prennent pour leur grade. Un créateur en panne d’inspiration, camouflée en code d’éthique, qui a connu jadis le succès avec une bédé sur le point G se retrouve, au gré des circonstances, à la fois impuissant et promu grand prêtre dudit point après qu’une jeune et jolie journaliste l’eût approché pour un reportage. Créateur de L’amour propre ne le reste jamais très longtemps il y a 25 ans, Martin Veyron possède le sens de la répartie et incarne ce que l’on aime de l’esprit français. À quand le film ? **** 1/2
Martin Veyron
                                                                 Ed. Dargaud 86.p





Magasin Général (Tome 5) : Montréal
C’est devenu une tradition pour les adeptes du 9ième art, avec les premières neiges on savoure son nouvel album de la très belle série Magasin général. Après avoir succombée «au péché de la chair», Marie se voit contrainte de quitter le village de Notre-Dame-des-Lacs lasse des pressions exercées sur elle. Laissant ainsi le magasin général aux bons soins de son ami Serge. Un homosexuel raffinée qui ne semble pas trop porté sur le zèle au boulot. Cet épisode qui nous fait pénétrer du bout des pieds dans le Montréal des années folles tangue encore une fois entre l’humour et l’émotion, la truculence et les mots d’esprit, se révèle à la hauteur des attentes. Et cela dans une langue qui sans renier le «joual» saura, encore une fois, interpeller les lecteurs de toute la francophonie. Magnifique. ****
Régis Loisel
Jean-Louis Tripp
76 p. Ed. Casterman







La malédiction des trente deniers (Tome 1)
Échaudé par les suites de Lucky Luke et d’Astérix à la mort de leurs créateurs, je n’avais pas, contrairement à des milliers d’aficionados, osé lire celles imaginées par les successeurs d’Edgard P. Jacobs pour la série culte Les aventures de Blake et Mortimer. Or, je me suis laissé tenter avec cette nouvelle histoire publiée à 550 000 exemplaires signée Jean Van Hamme qui nous transporte dans l’Athènes des années 50 à la recherche d’un coffret ayant appartenu à nul autre que Judas l’Iscariote. Coffret dont le contenu recèle toute la colère divine et qui pourrait assurer à son possesseur le pouvoir absolu. Dans un cadre familier où les dessins demeurent fidèles à la tradition grâce à René Sterne (décédé avant d’avoir terminé), on y retrouve le flegme britannique, les nombreuses références historiques et ce savoureux manichéisme qui oppose toujours nos héros à Olrik. Génial mégalomane du mal que l’on retrouve d’ailleurs flanqué d’un milliardaire nazillon tandis que Blake est cette fois plutôt affairé ailleurs. E.P Jacobs n’aurait pas renié.*** 1/2
Jean Van Hamme (scénar)
René Sterne (dessins)
Chantal De Spiegeleer (dessins)
Ed. Blake et Mortimer 56 p.





Veena et les spectres du temps
Suite à la recommandation de l’ami Lucien Francoeur, c’est avec un intérêt amusé que je me suis plongé dans le Montréal alternatif des années 80 de la pulpeuse Veena. Une étudiante de l’Université McGill qui, au gré de 4 courtes histoires, voyagera dans le temps à la rencontre de légendes et de spectres à travers un style de dessins inspiré des cartoons des fifties américains. Si le personnage de Veena et ses références à la musique et à la culture underground demeure très intéressant, c’est celui du garçon qu’elle rencontre à la fin et qui lui relatera son adolescence inhibée et marginale, sans doute inspirée de la vie de l’auteur, qui s’avère le plus touchant. M’est avis que le bédéiste Éric Thériault devrait aussi développer ce filon en parallèle. ***1/2
Éric Thériault
Ed. Les 400 coups. 72 p.


Le tour des géants

Amateurs de vélo, il faut mettre la main sur cette bédé qui nous entraîne dans le Tour de France de 1910 où des 110 coureurs du départ seuls 41 «chanceux» franchirent la ligne d’arrivée. Outre les duels historiques, l’auteur nous fait plonger dans le froid, la boue, les magouilles, les sabotages, les erreurs d’itinéraire et, déjà, le dopage a travers une France dont l’Alsace et la Loraine sont occupées par les Allemands. On y apprend entre autre d’où vient le maillot jaune qui couronne le vainqueur d’une étape, comment les coureurs devaient se débrouiller seuls face à l’adversité et les pneus crevés et ça se lit d’un seul trait. ***
Nicolas Debon
Ed. Dargaud 78 p.

1 commentaire:

Pascal Henrard a dit…

Claude, tu verras que les nouveaux Black et Mortimer ont (presque) tous réussit à garder l'esprit d'Egard P Jacobs. Particulièrement ceux de Van Hamme et Ted Benoit. Bonne lecture.