vendredi 2 juillet 2010

Entretien avec Victor Démé


Victor Démé - Djon Maya


La douleur sublimée

Entre rock, folk, blues, rumba, salsa, afro mandingue et… country, le Burkinabè Victor Démé chaloupe des complaintes poignantes qui parlent au ciel.

Claude André

Il est de ces artistes dont l’art vous happe le cœur tel une romance au mois d’aimer. C’est un peu ce qui est arrivé à l’auteur de ces lignes dès qu’il a entendu les premières chansons du magnifique Deli, le second chapitre de Victor Démé.

Un artiste né au Burkina Faso qui a appris son métier en écumant les bars ivoiriens au sein du célèbre orchestre Super Mandé mené par la star Abdoulaye Diabaté.

Révélé au grand public européen avec son premier album éponyme paru en 2008, ce fils d’une célèbre griotte et d’un père tailleur a su, grâce à sa voix spirituelle, ses mélodies riches et son authenticité candide, se tailler à son tour une place privilégiée parmi les grands noms de la musique africaine.

Le disque en question s’est d’ailleurs retrouvé au cinquième rang des meilleurs vendeurs catégorie «musique du monde» pour l’année 2009 en France.

Mais la route fut parsemée d’embûches et de tragédies, dont le décès de sa femme et une maladie des gencives, pour cet ancien musulman, qui pour poursuivre sa carrière musicale, se serait converti au catholicisme.
Lorsqu’on lui demande de quoi cause ses chansons, le sympathique interlocuteur s’emporte depuis un taxi parisien : «La chanson «Deli», par exemple, parle de l’amour entre deux humains: si vous achetez un poulet, comme ça, et le gardez chez vous pendant deux semaines et qu’il tourne dans la cour vous n’aurez pas ensuite le courage de l’égorger car il fait désormais partie de la famille. Mais si on achète un poulet aujourd’hui, on peut le faire le jour même puisqu’on ne le connaît pas», raconte le plus sérieusement du monde l’artiste pour illustrer la marchandisation des sentiments et l’amour jetable avant de philosopher sur le fait que certains font des enfants sans amour et, qu’au final, ce sont ces derniers qui paient pour les pots cassés.

Mon ange

En juxtaposant l’aspect douleur mêlée d’espoir de sa musique avec le fait qu’il a dû, en dépit d’une extrême pauvreté, s’occuper seul de trois de ses six filles dans une commune du Burkina Faso après la mort de sa femme en 2005, on se demande si cette dernière, d’une façon ou d’une autre, lui a insufflé la force de persévérer ? 

«Ouf, vous allez loin ! Au début, lorsqu’elle est partie, je croyais que j’avais tout perdu parce que c’est la fille qui a donné la vie avec moi et c’est aussi la seule fille qui a connu la galère avec moi. Je n’avais rien, je chantais dans les cabarets avec des maigres cachets et je faisais tout pour lui donner à elle et aux filles de quoi manger. Aujourd’hui, alors que je pourrais lui donner des conditions normales, elle n’est pas là», soupire Victor avant de confier qu’il a toujours le sentiment qu’elle l’accompagne et qu’il ne peut s’empêcher d’observer longuement les filles qui lui ressemblent lorsqu’il en croise sur son destin.

Vendredi 2 juillet à 20h et samedi 3 à 20h et 22h. Gratos.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

''Victor avant de confier qu’il a toujours le sentiment qu’elle l’accompagne et qu’il ne peut s’empêcher d’observer longuement les filles qui lui ressemblent lorsqu’il en croise sur son destin.'' une phrase nostalgique et romantique..

Anonyme a dit…

avec le film dernier tango a Paris il y avait l'amour pop, je ne sais pas ton nom, ni toi le mien, mais on devient amants! maintenant, l'amour poulet: j'ai faim, je te regarde, tu un un beau morceau de poulet,et après poubelle! a quand le retour des autant en emporte le vent? mon amour, sans toi, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue!