jeudi 10 mai 2007

Verlainerie


Mon Rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.


Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.


Est-elle brune, blonde ou rousse ? --Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.


Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul VERLAINE, Poèmes saturniens (1866)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

merci Klod de nous remettre en mémoire ce poème magnifique de Verlaine, je l'ai appris il y a plusieurs décennies maintenant et dès le premier vers la suite me reviens avec toujours autant d'émotion.
Corinne

Anonyme a dit…

Je fais souvent le rêve de Verlaine
Mais la femme dans le mien je la connais
et elle m'aime et je l'aime
et c'est toujours la même

claude andré a dit…

Allo Corinne,

C'est vrai qu'il évoque de tendres souvenirs mais il s'applique tout aussi bien au présent, du moins en ce qui me concerne.

Elle est bien chanceuse ta femme Pascal, à moins que ce ne soit le contraire.

JCP a dit…

Un bonjour de la région Toulousaine.
Je suis très fan de Verlaine, j'ai même nommé sans honte mon blog poésie "La Chanson Grise", en référence à "Art poétique":
http://chansongrise.6mablog.com/

Cordialement, Jean-Claude