Journaliste culturel au «Journal Métro» (ex «24 H», «Ici», «Ici et là»...) et recherchiste, je cause cd, ciné et livres entre des commentaires politiques, des entrevues et un zeste d'humour frelaté.
jeudi 20 novembre 2008
Alain Souchon: Écoutez d'où ma peine vient
Bonjour tristesse
Entre mélancolie et critique sociale, l’épagneul triste de la chanson française revient faire l’événement.
Claude André
Là où le grand Ferré assénait, Souchon suggère. Encore une fois, il nous revient avec ses ritournelles accrocheuses et d’apparences légères qui, subrepticement, sont souvent très lourdes de sens. Comme il l’avait fait avec son album précédent La Vie Théodore publié en 2005 sur lequel on retrouvait la magnifique «Et si en plus y’a personne» qui s’interrogeait sur l’existence de Dieu en constatant l’horreur que l’on commet en son nom. Le tout sur une musique signée par l’éternel complice Laurent Voulzy.
Complice que l’on retrouve que sur la seule «Popopo» (lire encadré) sur Écoutez d’où ma peine vient. Un chapitre qui a bien failli s’intituler San Lorenzo d’ailleurs en raison de la présumée absence totale de «Lorenzo» Voulzy trop affairé ailleurs.
D’emblée on retrouve cette exquise mélancolie propre à celui qui a aussi marqué le cinéma français pour son rôle de Pin-Pon dans le film L’été meurtrier en 1983.
La chanson titre qui ouvre l’album nous révèle tout ce qui fait école chez Souchon. Un petit air caramélisé qui s’installe comme un vieux copain que l’on retrouverait avec en toile de fond une orchestration au charme légèrement suranné. Puis, hop, le clinicien de la quotidienneté, à coups de références iconiques sur la vacuité de l’époque, comme celle sur Paris Hilton, nous balance le coup d’estoc final en évoquant les ours blancs qui nous regardent d’un drôle d’air pour nous parler de pollution. Efficace.
Il fait également tilt lorsqu’il magnifie la mélancolitude avec un texte d’Aragon qui lui fait dire «Oh la guitare quand on aime et l’autre ne vous aime pas» (Oh la guitare). «C’est d’ailleurs pour cette phrase que je l’ai choisie» confiera-t-il. Prince des jours pluvieux, il est toujours aussi touchant lorsqu’il relate les amours impossibles au gré des saisons (Les saisons).
Épik épok
Tandis que le premier extrait «Parachute doré», criant de vérité, s’avère on ne peut plus pertinent avec la crise du capitalisme qui sévit au États-Unis, se nomme ainsi en référence à ces ponts d’or que l’on offre aux dirigeants d’entreprises pour les «remercier» de mettre des centaines voire des milliers de gens sur la paille.
Mais le parolier Souchon ne risque –t-il pas d’appliquer un sceau de péremption sur ses chansons avec ce procédé référentiel ? «Les chansons, même celles de Charles Trenet qui son pourtant immortelles par la musique, par le phrasé et par la voix appartiennent à leur époque. Sinon, on ne chanterait plus (il chante Voyage au Canada) : Nous irons à Montréal à cheval/Nous irons à Toronto en auto/Passant par Chicoutimi endormis et nous irons au lac Saint-Jean en nageant… On ne chante plus comme ça maintenant. Et pourtant c’était joli hein ?». En effet.
Entre nostalgie et observations sociales lucides, comme il l’avait fait pour l’humaniste Théodore Monod sur l’album précédent, Souchon rend cette fois hommage à Françoise Sagan sur fond de piano ragtime. Une figure antinomique pour celui que l’on imagine plus facilement siroter une tisane au bord de la mer de Bretagne qu’écluser un scotch en bolide entre deux rails de poudre d’escampette ? «Je l’aime beaucoup. Je bois des tisanes parce que je ne supporte pas bien le whisky bien que j’aime. Elle était quelqu’un d’extrêmement mélancolique qui avait cette élégance d’être toujours drôle et qui noyait tout ça dans des buées d’alcool et de drogue tout en disant des bons mots et des gentillesses à tout le monde». Drôle et mélancolique. Tiens, tiens…
Écoutez d’où ma peine vient
Dans les bacs à compter du 12 décembre.
EMI/Fusion 3.
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À bas les mythes ?
Bien que plutôt associé au courant de gauche, Alain Souchon lance une petite bombe au sujet d’Ernesto «Che» Guevara, ultime icône des altermondialistes et gauchistes de tout acabit.
Sur «Popopo», vous déboulonnez le mythe du dernier héros romantique politique?
Un peu. Parce que Che Guevara était un homme qui était extrêmement brillant. Mais enfin, il y a un portrait qui a symbolisé un désir de liberté pour des tas de populations et tout ça est vrai. Il avait une belle image, il était beau, portait un béret et présentait une image réconfortante pour des tas de gens. Mais dans la vie quotidienne, si on creuse un peu, on s’aperçoit que ce qu’il aimait c’était l’aventure, les armes à feu, fusiller des gens…C’était quand même ça son truc, il était avant tout un guerrier.
Plusieurs personnes prétendent qu’il s’agit d’une fabulation de la droite pour discréditer le mythe?
Il est possible que ce soit faux mais il y a beaucoup de témoignages selon lesquels il s’est conduit d’une manière très cruelle et qu’il aimait bien manier les armes à feu.
Vous semblez vouloir vous en prendre au romantisme révolutionnaire notamment avec la chanson «8m2» qui évoque la superficie des cellules où se retrouvent enfermées des compagnes de combattants… Oui, des garçons qui tuent des gens et entraînent leur compagne dans des bêtises et puis après leur vie est foutue. J’ai été voir des femmes en prison qui m’avaient invité à Fleury-Mérogis pour faire une petite radio interne, vous savez c’est bouleversant. Ce sont des femmes, elles ont des bébés et ne peuvent pas les voir…Une femme ce n’est pas fait pour être en prison. C’est beaucoup plus cruel pour une femme que pour un homme d’être là.
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4 commentaires:
Souchon tire sur une ambulance le lâche ! lui ce qui l'intéresse c'est de vendre ses disques "pour Noël" !
"Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire." Ernesto Che Guevara
Salut Beau Goy,
J'aimerais bien être d'accord avec toi, surtout que le Che a longtemps été mon héros personnel, mais que réponds-tu à l'argumentaire de Souchon?
Parfois, il vaut peut-être mieux affronter la réalité des choses plutôt que de continuer à vivre dans une bulle romantique qui ne correspond pas à la réalité.
Bonjour,
Je n'ai Dieu ni Héros, mais j'ai toujours eu tendance à préférer "Gaspard de Besse" plutôt que les Notables, Les Indiens plutôt que les Cowboy (sic), Les Esclaves plutôt que les Rois, le Peuple (malgré qu'il brûle vite ce qu'il a adoré) plutôt que les Puissants et leurs "Marchand de Canon", Jésus (malgré toute les horreurs faite à son nom !!!) plutôt que Ponce Pilate, tout les "Don Quichotte" : à tout les soi-disant Grands Hommes Politiques ou Religieux dans toute l'histoire de l'Humanité jusqu'à nos jours, qui ont fait et font des guerres et envoyés des millions de personnes aux Grandes Boucheries de l'Histoire "pour le FRIC le PETROLE DIEU LES MECHANTS d'en Face ou le Bonheur du Peuple" !
Brassens disait "Trompettes De la Renommée, Vous êtes Bien mal embouchées !"
et je trouve que c'est assez injuste et facile de s'en prendre à un personnage comme le "Che" (parce qu'il a trouvé sur le net.... on trouve de tout sur le net comme dans les livres !) alors qu'il y a matière à se révolter sur des sujets autrement plus graves (maintenant il a le droit de parler comme tout le monde et moi aussi) !!!
amicalement
Bonjour,
J'ai trouvé ce texte sur le net :
comme disait Brassens, "quand’ on est con, on est con..."
Il y a actuellement dans la intelligentsia rétrograde et réactionnaire de la droite française,un gout prononcé pour essayer de changer l’histoire, voire implanter une espèce de négationisme socio-historique .
Nous sommes, en France comme en 40, divisé en deux, et occupé par une idéologie étrangère à nos idéaux et valeurs de la Commune et la République.
Ne sentez-vous pas un relent de bête immonde ?
Celui qui a toujours un QI d’un gamin de dix ans , ne fait que surfer sur cette vague. Un réactionnaire, de droite, un peu facho, a plus d’oseille que, quelqu’un ouvert d’ esprit, solidaire, avec sa conscience de classe,donc, on va le vendre un CD à ces gens là.
Va s’y Alain, ne te gênes pas, de toute façon, pour moi, t’es mort. Tu t’es nourri d’argent sale, Alain maintenant?
Les parachutes dorés, ça il n’aime pas, monsieur,mais rien pour les salariés de ces boites, rien sur le système capitaliste qui engendre ces mammifères, rien sur le gouvernement d’occupation actuelle. Rien. En fait, les salariés te disent MERDE, Alain, Merde.
Il veut aussi "tuer" le CHE ,Alain,fait pas le con(pléonasme?) prend un numéro et attend ton tour. Il y a de monde actuellement.
Comme disait,un autre "grand cruel "devant l’eternel, Mr.Léo Ferré :
"J’ai l’impression démocratique qui me fait des rougeurs ; A l’extrême côté du cœur et des entrailles, J’entends par là mes tripes à la mode de Mai..."
Laisses nous la violence, s’il te plait, Alain, garde pour toi et ton système l’ennui.
Alain, j'ai oublié de te dire,l e guichet pour changer l’histoire est fermé, Mr. Ernesto Guevara de la Serna, dit le Che, est parti, il s’est envolé dans sa légende.
Buen viaje compañero, y hasta la victoria siempre Comandante.
Wilson de Strass
100% d'accord avec cette analyse !
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