samedi 20 février 2010

Martine St-Clair : Marquer son époque


Marquer son époque

Il y a quelques mois, j'ai eu le bonheur de causer avec Martine St-Clair au moment où elle venait de lancer la rétrospective «Entre-vous et moi». Puisqu'elle fera sa rentrée mercredi prochain dans le cadre de Montréal en Lumières, l'occase était trop belle pour partager l'entretien avec les amis et visiteurs de ce petit blogue.

Claude André

L’ex interprète de Cristal dans la version 1980 (et 88-89) de Starmania qui a marqué deux voire trois générations de Québécois avec ses nombreux tubes et sa personnalité attachante publiait en août dernier une rétrospective de sa carrière.

Si elle a apposé son sceau unique dans l’inconscient collectif des eighties, Martine s’est éclipsée des hits parades pendant quelques années afin de s’intéresser à la mode ainsi qu’aux créateurs derrière les parfums et les cosmétiques pour la télé (Canal Évasion). Et, bien sûr, de travailler à des albums de facture plus personnels.

Mais pourquoi diable avoir tardé si longtemps pour publier ce florilège de chansons qui ont fait vibrer l'étoile St-Clair de façon si éclatante ? «Pour moi, cela était peut-être un peu synonyme de perte de vitesse, de réflexion sur une carrière….bref, ça résonnait comme une fin en soi. Je n’étais pas prête pour cela. La véritable raison pour laquelle j’ai décidé de le faire c’est parce que de plusieurs fans m’ont écrit pour me demander comment s'y prendre pour mettre la main sur des chansons telles «Caribou» ou «Le fils de Superman» que l’on ne retrouvait plus pour diverses raisons.»

Elle s’est donc affairée à la moisson de vingt-huit années de musique en rencontrant, notamment, l’équipe de l’étiquette Musicor puis les choses se sont mises en place malgré quelques heurts d’ordre administratifs avec les anciens détenteurs des droits.

Résultat ? Un album double qui comporte pas moins de 35 titres dont des versions re-mastérisées de ses succès en plus de surprises et d’inédits dont le nouveau tube «Qui pourrait t’aimer mieux que moi» ainsi qu’une entrevue réalisée par votre veinard de serviteur (qui a également rédigé la préface) et qu'il vous est loisible de visionner sur votre écran d’ordinateur.

Rétroviseur

Forcément, le fait de regarder dans le rétroviseur peut parfois réveiller des blessures anciennes, est-ce que cela a été le cas pour l’ancienne plongeuse de haut calibre qui ne semble pas du type nostalgique?

«Lorsque l’on retourne en arrière, nous comparons avec ce que l’on fait maintenant. Et c’est ce qui me dérange profondément de ce type de démarche. On se dit : tiens j’étais comme cela et maintenant je suis ainsi alors que l’on sait très bien qu’on ne peut pas être celui ou celle que nous étions il y a 20, 15 ou même 5 ans. L’unique but pour moi, tant dans ma vie de femme que dans ma vie d’artiste, c’est d’avancer, d’évoluer. De livrer une partie de mon âme. J’ai goûté au succès, certes, mais j’ai aussi voulu toucher à des choses qui sont plus importantes comme le bonheur par exemple », explique-t-elle depuis l’autoroute 20 qui la mène vers la ville de Québec, où elle est née.

L’image

Puis la discussion bifurque. À quelques jours du départ tragique de l’auteure Nelly Arcan (à laquelle Martine à rendu hommage en lui dédiant en spectacle la chanson «Tout va trop vite» parue sur son premier album «Cœur ordinateur»), le journaliste ne pouvait éviter le sujet de l’image des femmes en générale et celle des stars en particulier qui peut s’avérer étouffante.

«J’ai découvert Nelly à l’émission à laquelle elle participait (Vox, Ici et là). J’écoutais les échanges et elle m’intriguait. Je trouvais qu’elle amenait des réflexions profondes sur tous les sujets un peu comme si elle possédait une vieille âme»,  lance l’artiste visiblement émue.

Mais comment elle, cette Martine tout à fait humble dans la vie, a –t-elle composé avec la lourdeur du vedettariat? «Quand j’ai fait l’exercice de réécouter les chansons de mon répertoire dans le studio de mastering j’ai revu des images et c’était identique,à un film (…). Tout s’accélérait au fil des chansons : J’entendais Starmania et tout d’un coup j’apercevais cette jeune fille de 18 ans qui quittait le sport pour la musique. Ensuite «Le fils de Superman», et oups, une autre étape. Celle où je commence à marcher sur mes propres pas…Souvent on entendait parler de cette belle voix cristaline mais il y avait aussi une image qui l'accomapagnait, image  que les gens pouvaient aimer ou non. Puis, j’ai revu des flashs de l’époque où je voulais tout quitter  car, à un moment donné, sans le vouloir, sans le désirer, tu es prisonnière de cela. Le public aime ta voix, ton talent mais aussi ce que tu dégages… Et cela,  je ne m’en rendais pas compte (…)», poursuit l’artiste qui bien que rayonnante au bout de l’onde demeure pudique à ce sujet.

Puis on déconne. Elle semble heureuse la Martine : En plus de sa nouvelle tribune radiophonique ; la réception de son coffret est plus que positive tandis que sa dernière chanson «Qui pourrait …» caracole depuis des mois en tête de plusieurs palmarès.

Ajouter à cela la préparation d’un album aux reliefs technos et une tournée à travers le Québec et vous comprendrez pourquoi elle a même «l’impression de débuter une seconde fois».

Comme s’il y avait de l’amour dans l’air…

Martine St-Clair
Gesù, Centre de créativité - Théâtre du Gesù
Mercredi 24 et vendredi 26 février 2010 à 20 h


Les coups de cœur de Martine

Dernier film ?
Comme je ne sors pas beaucoup, j’ai mis la main sur plusieurs documentaires dont tous les dvd sur Andy Warhol. Fascinant (elle en parle longuement). J’ai également loué récemment «Valentino : Le dernier empereur». Écoute, c’est fantastique ! Tu comprends à la fin de ce film pourquoi cet homme là est une icône de la mode et fait partie du top 5 des meilleurs couturiers.

Livre ?
En ce moment je dévore la biographie de Mark Rothko, ce peintre russe dont la famille a immigré aux États-Unis en 1913 en raison des pogroms et des purges cosaques.

Musique ?
Je ne voudrais pas tomber dans les souvenirs mais je trippe pas mal Supertramp ces temps-ci. On pourrait acheter «Breakfast in America» la semaine prochaine et nous aurions quand même l’impression que ça vient d’être produit.

 

1 commentaire:

Anne Campagna a dit…

merci de m'avoir rappellé à l'esprit Martine St-Clair, une artiste si rayonnante. Par contre, sa chanson tout va trop vite...je l'aurais voulu plus intense comme ça parlait de Nelly Arcand...il me semblait que la vie de Nelly Arcand allait a 100 milles à l'heure jusqu'au crash fatal.