mercredi 27 juillet 2011

Starbuck : succès boeuf annoncé

Patrick Huard livre une performance remarquable dans Starbuck.

Mâle Alpha

Le très attendu Starbuck, du tandem Ken Scott – Martin Petit qui met en vedette Patrick Huard dans le rôle d’un géniteur en série, devrait frapper fort au box-office québécois.

David Wosniak (excellent Patrick Huard) est un adulescent de 42 ans qui enfile autant les gaffes que les t-shirts à l’effigie de ses super-héros. Endetté, il cultive de la marijuana dans son appartement bordélique afin de se sortir du pétrin. Au grand dam d’ailleurs de ses frangins avec qui il travaille comme livreur dans la boucherie familiale.


Alors que sa petite amie Valérie (lumineuse et craquante Julie Le Breton) lui annonce qu’elle est enceinte de lui, mais qu’elle le quitte car il est trop irresponsable, David apprend dans la foulée qu’il est le géniteur de… 533 enfants !
D’où le lien avec le célèbre taureau Starbuck, décédé en 1998, dont les 685 000 doses de sperme qu’il produisit furent vendues dans 45 pays, ce qui donna naissance à plus de 200 000 vaches laitières. 
Bel exploit!
Mais ici, la horde d’enfants a formé une association pour entreprendre un recours collectif visant à lever la clause d’anonymat que le mystérieux Starbuck a signé lors de ses multiples dons de sa semence.
Afin de convaincre leur géniteur de se révéler, ils ont également envoyé à la clinique de fertilité une enveloppe contenant le profil de chacun d’eux. 
En dépit des conseils de son meilleur ami, un avocat raté (efficace Antoine Robitaille), El Masturbator rencontrera anonymement certains de ses descendants et interviendra dans leur vie, comme le ferait un ange gardien.
Et c’est au travers ces rencontres que l’éternel ado irresponsable se transforme et se découvre une empathie filiale qui donnera lieu à des scènes souvent intenses et touchantes.
De la viande autour de l’os
Si d’emblée l’annonce des 533 enfants pouvait laisser craindre le pire sur le plan du scénario («Où cela nous mènera-t-il?», pense-t-on avec scepticisme), les auteurs Ken Scott et Martin Petit, deux ex-Bizarroïdes, ont su respecter avec maestria les règles de base du 4 briques + 1 associées au genre Feel-Good Movie : l’émotion, l’humour, le rythme et l’étrangeté, reliés par une leçon humaine qui transcende le tout en guise de happy end.
Mais là où ce film se démarque avantageusement de ses petits cousins américains qui pullulent sur nos écrans est qu’il s’adresse, pour une fois, à un large auditoire masculin qui y trouvera son compte assurément.
À travers les dialogues rythmés et efficaces de cette histoire qui n’est pas si improbable – les journaux devaient apprendre aux auteurs l’existence d’un géniteur de 500 enfants au moment de l’écriture – c’est à une célébration de la paternité et de certaines valeurs humaines que nous assistons.
Ajoutez à cela une touche d’exotisme, un sens de la famille, du sport en sourdine, de la charcuterie en avant-plan et des superbes images captées dans les rues du Mile End et vous avez là un divertissement savoureux qui ne vous laissera pas sur votre appétit.


Nb: Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a d'abord publié ce texte dans son édition papier  ainsi que sur son site ouèbe.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente analyse. Merci M. André.

Marie-Laure Landais a dit…

J'ai comme le goût d'y aller finalement. Je ne suis pas très films québécois. Mais j'avoue un petit faible pour Huard. :)