lundi 28 mai 2012

Grimskunk : fidèle au poste !




Fidèle au poste!

Formation phare du punk/métal kèbe, les vétérans de Grimskunk reviennent en force avec un 8e album enregistré en Australie où s’exprime la colère sociale sur des rythmes qui ne déplairont pas aux fans des Beatles, Pink Floyd et autres Led Zeppelin. Discussion avec Joe Evil, claviériste et chanteur.

Claude André

Pourquoi l’album a-t-il été enregistré en Australie?
À l’origine, nous devions l’enregistrer à Vancouver, mais ça n’a pas fonctionné pour des raisons d’horaire et d’urgence médicale qui touchait la fille de notre réalisateur. Comme nous avions pris des contacts en Australie avec notre boite de disques, qui vient d’y ouvrir une succursale, cela nous a permis d’habiter chez un ami et éviter ainsi des frais d’hôtel. En plus, on nous proposait d’effectuer une tournée. Nous avons donc décidé d’aller respirer l’air chaud. D’autant plus qu’on y retrouve une bonne scène métal et que les gens sortent beaucoup pour assister à des concerts.

On remarque sur cet album une touche psychédélique. Nostalgie de la musique de votre adolescence?
C’est sûr qu’il y a beaucoup d’influence des Beatles et de Pink Floyd dans notre démarche. Mais cela est aussi imputable au fait que notre réalisateur, Gus Van Go, tenait à amener un son rétro. Après avoir entrepris des recherches, nous avons déniché en Australie une vieille batterie Ludwig de l’année1972, un ampli Vox1974, en plus de vieilles guitares et de micros rares typiquement australiens. Grimskunk a toujours été un petit peu psychédélique/prog et cette fois le côté psychédélique ressort davantage. Cela dit, ce n’était pas nécessairement conscient au départ.

Au regard de tous ceux qui y ont laissé leur peau par excès de toutes sortes, vous considérez-vous comme un survivant du rock?
Nous sommes assurément des survivants de l’alternatif québécois. Il s’agit de notre 8e album et on commence à poigner la mi-quarantaine. C’est quelque chose d’assez particulier que de faire ce genre de musique aussi longtemps, c’est sûr.

On retrouve sur Set Fire! deux pièces en français. Volonté de conserver vos racines même si vous visez la scène internationale?
Oui. On vient de Montréal et une grande partie de nos ventes de disques se réalise au Québec. On aime aussi l’idée que le public québécois puisse capter à 100 % notre message. Mais, comme nous sommes un band international, nous n’avons pas d’autres choix que de mettre l’accent sur l’anglais. Cela se fait sans effort cependant, nos chansons francophones viennent avec l’inspiration.

Les spectateurs de vos concerts ont davantage la vingtaine ou la trentaine que la quarantaine. N’avez-vous pas parfois l’impression de vivre un clash entre votre vie civile et votre vie de rocker?
Ça s’en vient. Peut-être pas encore, mais je peux le voir arriver. Nous avons tous 40 ans dans le groupe et c’est sûr que nous ne vivons plus comme lorsque nous avions 21 ans. Nous avons des ados, alors ça change la dynamique en ce qui a trait à notre vie personnelle. Ce qui n’empêche pas notre vie de musiciens de drôlement ressembler à celle de l’époque où nous avions 24 ans. Si les excès sont moins excessifs? Un petit peu, ouais.

Bonus tracks :

L’inspiration était sans doute u rendez-vous car vous avez réussi un super reggae/métal en français avec Un jour. Vous aviez fumé un méga pétard?
(Rires) Exactement. L’inspiration était au rendez-vous. Dès nos débuts, en 1988, nous avions la volonté d’intégrer plusieurs styles musicaux au punk et au métal.

À votre avis, Joe, existe-t-il une date de péremption pour demeurer un rocker sérieux?
Euh! non, j’en ai pas encore connu. Les Stones? Ça fait presque 30 ans qu’ils n’ont pas fait un hit. Mais un concert des Stones, ça reste de la bonne musique. Je suis conscient quand même que le rock demeure une affaire de jeunes. En vieillissant, tu deviens comme AC/DC ou les Rolling Stones : gris, gros sur le stage et chauve. Ce n’est plus comme dans la vingtaine ou la trentaine, mais les gens viennent pour écouter de la musique. C’est une affaire de passion et non de mode. Et puis les 40 ans sont les nouveaux trentenaires. Maintenant des gens arborent des piercings et des tatouages, mais écoutent de la musique complètement dance et pop. Ton médecin qui a n’a jamais fumé un joint est maintenant tatoué… Nous sommes désormais plus ouvert socialement en ce qui a trait au look, mais c’est vrai que nous n’avons pas toujours les mêmes valeurs que les gens qui ont 20 ans.

Avec votre collègue Vincent Peake, vous avez participé au retour de Lucien Francoeur & Aut’Chose, il y a quelques années. Est-ce que des spectacles ou un nouveau disque sont au programme?
Finalement, on a fait l’album et quatre ou cinq shows, puis on a tout arrêté. C’était trop compliqué, notamment en raison des conflits d’horaire.


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