mercredi 16 mai 2007

Charles le boâ


Ce matin, pour me mettre de bonne humeur, j'ai réécouté la superbe chanson Fais-toi z'en pas (tout l'monde fait ça) du tandem Charlebois-Ducharme. Ce qui m'a ramené au chaleureux souvenir de cette dernière rencontre avec Garou 1er l'automne dernier pour le Ici.
La voici.


Du coq à l’homme

Rencontrer Charlebois et refaire la fin du monde…sans alcool

Claude André

Crachin sur Montréal. La voix dans les écouteurs balance Fais-toi z’en pas (tout le monde fais ça). Putain de texte de Ducharme. Heureux, le journaliste se dirige vers les bureaux de La Tribu à la Chapelle historique du Bon-Pasteur un peu comme à la même période l’an dernier. C’était pour parler de la publication du coffret « Tout écartillé ». L’homme nous avait abasourdi sur la scène de Latulipe quelques jours plus tôt avec sa nouvelle mouture rock et ses deux batteries.

Et séduit par la suite avec son enthousiasme mêlé d’ironie en entrevue. Cette fois, c’est le même Garou qui pénètre le bureau de La Tribu et votre serviteur ressent l’impression de voir se pointer un vieux chum.

Partagé un passé de noceur créer des zones de confort, forcément. Mais Charlebois semble tourmenté. Il sait que je lui parlerai de la controverse autour de certaines de ses déclarations publiées au lendemain du gala de l’Adisq.

En fait, le véritable soucis de Charlie Wood, comme le nomme son pote David Mc Neil dans un roman (Tangage et roulis éd. Gallimard), est de ne pas endosser les habits du moraliste de service.

Celui qui a déjà effectué une tournée avec l’anarchiste Léo Ferré n’est surtout pas un donneur de leçon. Passionné certes, grande gueule sans doute (et ce n’est pas nous qui allons lui en formuler un reproche) Charlebois possède une opinion sur tous les sujets et cela est délectable.

C’est clair, il a réfléchi à cette discussion que nous allons avoir et d’emblée il se lance dans une longue tirade (voir autre texte).

Puis je lui lance : « tu trouves que la musique est trop brouillonne au Québec, Jean Leloup disait récemment à Christiane Charrette qu’elle ne l’est plutôt pas assez ». « Il s’efforce pour être brouillon. Ça prend de l’énergie. C’est comme Clint Eastwood. Il travaille fort pour avoir l’air cool à l’écran. Je comprends ce qu’il veut dire Leloup. Moi aussi j’ai horreur des albums léchés. Ces Québécois qui vont se faire faire des albums en France par des producteurs français, des paroliers français, ça me fait autant chier autant que du mauvais joual si on veut », lance Charlebois en rappellent que tout le monde n’est pas Tremblay ou Ducharme et que le joual ouvre souvent la porte à des choses plutôt bâclées.

Puis, nous causons de Malajube qu’il apprécie bien que, comme tout le monde, il n’entende pas les paroles. « J’en ai fait disque de même moi aussi. Alors, je les comprends. Je ne suis pas un donneur de leçon, je ne veux pas leur enlever leur confiance en eux. Je ne suis pas dans le genre : c’était mieux avant... Le LSD c’était comme l’ecstasy aujourd’hui et le Vietnam ce n’était pas mieux que l’Irak. C’est sûr qu’il n’y avait que 3% de chômage au lieu 7-8 mais pour le reste… Ce qu’on appelait des cochonneries, la liberté sexuelle en fait, nous étions en train de préparer la catastrophe dans laquelle on est aujourd’hui.»

Babyboomer lucide et solidaire

S’il se sent proche de la jeune génération comme en témoigne l’âge de ses musiciens ou ses premières parties officiées par Anik Jean, Vincent Vallières ou Les trois accords avec lesquelles il aime échanger, Charlebois qui n’a pas la langue dans son gousset égratigne au passage la génération dont il est issue : les babys boomers.

À soixante balais bien sonnés, l’homme possède les préoccupations d’un père de famille sexagénaire davantage qu’une envie d’envoyer paître le système. « Les baby boomers sont responsables de beaucoup de maux. C’est eux autres qui ont détruits le Saint-Laurent et les forêts », lance –t-il avant que l’on cause du courriel que la formation Karkwa lui a expédié suite à ses propos controversés : « Je ne leur ai pas encore répondu car je partais en voyage mais je vais le faire. Je n’ai pas parlé d’eux autres, je n’ai jamais parlé contre personne. Mais s’ils se sont sentis visés cela veut dire qu’ils peuvent mieux faire », rigole-t-il de sa bonne bouille d’enfant qui aurait fait un mauvais coup.

Parlant d’enfant, le Garou authentique, s’il en était un aujourd’hui, rêverait de devenir quel artiste ? « Si on parle de musique pure, je pense que tous les musiciens, jeunes ou moins, sont pris d’un vertige certains lorsqu’ils se retrouvent en face de l’œuvre de Frank Zappa. Parce que lui sont but dans la vie c’était d’apprendre. Si on pense carrière, je trouve que Dylan avec ses états d’âme, même s’il est chien avec ses musiciens, reste l’esprit le plus libre de tout ce métier là », lance l’artiste en me demandant si j’ai lu le livre de Dylan « Chroniques ». « C’est le plus beau cadeau qu’il m’a fait de sa vie, j’ai mangé ça… »

Puis nous voilà sur une discussion sur la littérature, notamment le dernier livre de Mc Neil dans lequel il incarne une des personnages principaux avec Renaud, ancien frère de biture. Ce bouquin a d’ailleurs été, injustement pour ma part, varlopé par l’ami Vézina a Ici. « C’est moins poétique que son précédent mais c’est drôle. Je l’ai échappé des mains quelques fois. Surtout lorsqu’il raconte nos aventures dans le quartier chinois. Il y a bien des affaires qui n’ont pas été raconté. Avec Renaud, ils ont mis la marde dans la clinique Nouveau Départ… Je pense que le directeur a fait une dépression suite à leur passage.»

En attendant bien sûr qu’il nous présente un album flamboyant et sauté comme « Avril sur mars » (son préféré). Les jeunes musiciens du consensus mou oseront-ils donner leur avis à Charlie Wood après son éventuelle publication? Parions que non !



Au sujet de la controverse selon laquelle Robert Charlebois considère que la relève ne fait pas de classiques...
« Ceux qui ont lu l’article savent que j’ai une admiration fantastique pour Pierre Lapointe, Ariane Moffat, pour les Cowboys. Ce texte a été écrit par un jeune de 22-23 ans du Journal de Montréal. Ce qui me fait peur là dedans…Je ne peux pas lui en vouloir à lui parce que ce n’est pas vous qui choisissez vos titres. Le journalisme, c’est la fourberie du gros titre. On le sait. Dans n’importe quel conversation d’une heure tu peux aller chercher une petite affaire et la grossir. Puis, il faut être honnête un petit peu. Sinon, ça veut dire quoi ? Je vais te parler du mauvais automne qu’on a eu ? De la pluie qui va tomber demain et que ça va monter à 17 degrés vendredi… Ensuite, je vais te parler de mon Centre Bell et de mon dvd puis ça va s’arrêter là. C’est de valeur par ce que je ne suis pas tout seul. Il y a Lemire, Leloup, les Cowboys… tout le monde se fait comme embarquer dans des affaires et on dirait qu’il y a du monde au Québec en ce moment qui ne veulent que diviser. Pas se séparer du Canada, diviser le Québec en deux. Dans l’absurdité la plus complète : Occupation double en face de Loft Story. Tout le monde en parle en face de On a pas toute la soirée… Bientôt les gens qui possèdent des bateaux à moteur ne parleront plus aux voiliers. Ceux qui font du ski de fond n’adresseront plus la parole à ceux qui pratiquent le ski alpin. Les jeunes contres les vieux ! C’est quoi la prochaine affaire ? Les fumeurs contre les non-fumeurs, tu dis. Ça c’est déjà une bataille qui est perdu pour les fumeurs (rires). Je me suis tassé de là à temps. Je ne l’avais pas vu celle là, mais tu en sors une bonne (rires). Les buveurs contre les non buveurs (…). Pour revenir à ce que nous disions plus tôt, tu vois, l’Adisq a retenue 25 albums sur les 500 de cette année. Cela veut dire qu’il y en a 475 qui n’ont pas impressionné l’Adisq au point qu’ils n’étaient même pas en nomination. Il y a des gens là-dedans qui ont fait des belles choses et qui ont travaillé fort pis ça je le dis moi. Il y a des jeunes que l’on ne découvrira jamais, il y a peut être des trésors, des merveilles d’imagination et ça, on ne le saura pas parce que le monde n’a pas l’argent ni le temps. Je n’ai pas le temps moi d’écouter deux albums par jour même si on me les donne.»

Après cette longue tirade, on relance Garou 1er.

Ce qui a heurté les gens c’est ta déclaration selon laquelle il ne se compose pas de « classiques » en ce moment.


«J’ai parlé des chansons bâclées. Et c’est vrai, il y en a partout de ça : il y en France, en Angleterre… Moé, quand je parle du pop rock qui tourne en rond, me semble depuis ben longtemps, je me dis « plus jamais ». À part une fois, j’ai vu Christina Aguillera faire l’ouverture d’un gala Grammy’s, ou je ne sais pas quoi, avec un groupe d’acrobates qui jouaient des faux cuivres. C’est une idée que j’avais… Là j’ai fait vraiment « wow ». Ça m’arrive d’être impressionné comme par Coldplay ou tsé, des bonnes affaires, mais c’est rare que je me dis : « wow » à en devenir hystériquement jaloux et de me dire : « pourquoi, je n’y ai pas pensé !»

D’un autre côté, j’en donne pas souvent moé non plus des Lindberg, des J’veux de l’amour ou Des Complainte du phoque en Alaska comme Beau Dommage ou des Si Dieu existe de Claude Dubois. Moi, je veux pas demander l’impossible mais je veux que la vie soit meilleure, que la chanson soit meilleure, et comme je suis exigeant envers moi-même, je trouve que souven on ne joue pas assez: ni avec les mots ni avec les notes!»

2 commentaires:

Dianerythme a dit…

Allo Klod..Mmm!Comme j'ai aimé cette entrevue!... Je suis bien contente de te revoir si je peu le dire ainsi..HIhiiii! Merci encore pour cette belle entretien avec Robert Charlebois... Qui sais peitetre qu'un jour tu feras un entrevue avec moi?..Hum??..HIiii! a bientot klod...xox

claude andré a dit…

Rien n'est impossible en ce bas monde Diane. J'espère que tu surmontesz tes angoisses et que tu brûleras bientôt les planches...