L’avait pas apprécié Mister Renard et s’en était offusqué vertement à l’émission Le Point. J’étais donc nerveux de causer à mon idole d’adolescence et ne voulais surtout pas louper cette quasi unique entrevue que le «chanteur énervant» consentirait cette fois au Québec. Des fois que l’artiste, devant des questions qui heurteraient sa susceptibilité, me raccrocherait au nez…
Oserais-je lui causer de sa désintox à la clinique du Nouveau Départ? Lui demander s’il a rencontré, finalement, le chanteur Nico Lelièvre qui lui ressemble comme une photo de jeunesse… ? Ou m’enquérir quant aux résultats visiblement très modestes de ses cours de chants ?
«Allo, Montréal ! Salut mon chum tabarnak», entends-je depuis Paname. Très sympa. « C’est bien toi Renaud ?». « Oui, c’est moi câlice ». La voix est nasillarde et souriante à la fois. Il tousse comme un train à charbon. N’avait –t-il pas cesser la clope (et l’alcool) sous l’influence du regard bienveillant et scrutateur de son épouse Romane qui a d’ailleurs filmé les images de loges et coulisses de Québec que l’on retrouve dans le bonus du dvd?
Se battre
«Ben oui, je n’arrête pas d’arrêter. J’arrête tout le temps la clope…. 40 fois par jour, j’arrête. Mais un jour je vais la prendre par surprise. Au moment où elle ne s’y attendra pas. Pas le premier janvier comme convenu, comme tout le monde, et là ça sera ma dernière», lance Renaud qui, malgré un rhume et une bronchite, semble afficher une «patate d’enfer». Comme il l’annonce d’ailleurs sur «Tournée rouge sang Paris Bercy + Hexagone» avant de présenter 500 connards sur la ligne de départ qui villipende la course Paris-Dakar. «Je la chante depuis 15 ans. C’est vrai que j’ai un petit peu l’impression de me battre contre des moulins à vent mais je suis un peu teigneux comme garçon. Je suis un peu comme un genre de pitt bull (…)», clame –t-il.
Vrai qu’avec la publication de l’album Rouge sang, dont les couleurs rouge et noir de la renvoyaient directement aux idéaux anarchisant de sa jeunesse, Renaud semble avoir effectivement retrouvé son flingue. Il y reprend même, ô bonheur, la très engagée Hexagone façon protest song à
Militant, comme avant qu’il n’annonce prématurément son désengagement politique lors de sa dépressive période «Boucan d’enfer» dont il nous est loisible de lire quelques avatars dans Tangage et Roulis où David McNeil relate son séjour (romancée) à la clinique Nouveau Départ en compagnie d’un certain Reinhart. «C’est un centre pour les alcooliques anonymes sur le rue Papineau. Ça a été écrit pas un ami. Il y parle de moi abondamment hein. Ça ma replonger dans des souvenirs un peu noirs…»
Si Renaud a retrouvé son flingue, hélas pas sa voix, ceux qui ont assisté à une certaine décrépitude de l’idole devenue grasse et nihiliste voire caricaturale seront néanmoins heureux de replonger dans les souvenirs heureux de leur jeunesse à travers ce Renaud rouge comme la passion. Rouge comme le sang de Rimbaud coulant sur un cahier. Ce Renaud d’enfer.
D’anar à bobo, les nous de Renaud
« À part peut-être José Bové, qui pourrais-je jamais aimé ? », Je vis caché.
Période post-mitterandienne de 1996 à aujourd’hui. Suite au départ de sa Dominique, Renaud sombre dans une dépression éthylique qui coïncide avec un certain désabusement sur le plan politique. «Mais bouger mon cul, m’engager, c’est pas d’main qu’vous m’y reprendrez », Je vis caché. En 2006, un récent amour avec Romane est prélude à l’album Rouge sang et permet à Renaud de «retrouver son flingue». Le nous de l’artiste est incarnée par une nouvelle classe sociale ; les bobos (bourgeois bohèmes). Fini les héros salvateurs à
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