mercredi 25 février 2009

Comboys fringants


Les professionnels broche à foin

En marge des l’industrie clinquante, les Fringants publient un douzième album, réinvestissent le National pour 6 soirs et continuent de rayonner dans l’inconscient collectif.

Claude André

Ils se pointent dans le loft industriel. Par réflexe, on cherche du regard Dom Lebeau, le plus cabotin de la bande, qui n’y est plus. Le photographe et le journaliste se sentent un peu nerveux car prévenus : «les Cowboys détestent se faire prendre en photo, faudrait que ce ne soit pas trop long».

J’observe Jean-François, l’ultra doué parolier-compositeur crâner plus ou moins à l’aise dans le fauteuil de la maquilleuse en me disant qu’il en a coulé de l’eau sous les ponts.

Flash : c’était il y a une douzaine d’années. La collègue Sophie Durocher m’avait demandé quel était mon plus récent coup de cœur à son émission sur Télé-Québec. J’avais eu le privilège de parler de la démo de cette bande de Repentigny intitulée Sur mon canapé. Totalement broche à foin mais si vivifiant. On reconnaissait déjà l’influence de Renaud dans l’approche et le choix des thématiques mais adaptée à la sauce typiquement québécoise L’animatrice les a réinvités à 5 ou 6 reprises. Puis, vogue la galère. Au fil des douze albums publiés depuis, ils ont vu toute une génération s’identifier à eux et à leurs chansons qui disaient tout haut ce que ressentait cette jeunesse gauchisante mais silencieuse. Et, ce n’est pas fini, voilà que la France, la Belgique et la Suisse leurs font des guili-guili. Et pourtant, comme immunisés, ils ne se la jouent toujours pas grosse tête, contrairement à d’autres…Ils évoquent d’ailleurs dans la chanson «Chanteur pop» (sur Un air de déjà vu) les avatars d’un personnage nommé Daniel (lire Booom) Desjardins auquel, entre un papier signé Petrowski et un passage à Guy A. Lepage, le succès aurait hypertrophié l’ego.

Un lien à établir avec les membres de cette formation dont les membres refusent généralement toutes les invitations télés et évitent le culte de la personnalité ?

Demeurer humbles

«Le groupe a été créé pour faire rire les amis et s’amuser nous même en jouant les week-ends. Alors, on a conservé cette idée qu’il faut toujours avoir du plaisir. Il y a toujours une grande part d’improvisation à chaque concert et on s’arrange pour garder une synergie, une proximité avec le public. C’est un peu pour ça qu’il y a toujours une part aléatoire de 7-8 chansons que l’on choisi d’interpréter qu’une heure avant chacun des concerts. Cela nous permet de garder une certaine fraicheur lorsque l’on est sur scène et, d’un autre côté, en étant pas jet set, présents tous les médias et en n’apparaissant pas dans les journaux à potins, nous évitons de nous brûler et de nous surexposer. Cela fait en sorte qu’il ne se créer pas de distance avec le public. Lorsque nous rencontrons des gens sur la rue, c’est toujours simple comme si nous pouvions prendre une bière ensemble alors que la télé pourrait créer une distanciation», analyse Jérôme, le pertinent doctorant de la formation.

Puis J-F ajoute : «il y a plusieurs autres raisons»… Karl se joint à la discussion et Marie-Annick la quitte pour se faire maquiller. C’est ainsi chez les Fringuant : pas de porte-parole officiel. Pas de leader qui imposerait sa vision des choses, bref le règne de la collégialité où tout le monde peut s’exprimer à tour de rôle au nom de groupe. «Tu demandais pourquoi nous avons encore autant de fun à être ensemble tantôt. C’est parce que le groupe est une entreprise de consensus. On se demande toujours de quelle façon on doit procéder pour que tout le monde soit heureux. Ainsi, on organise nos tournées et on trouve des façons de faire des albums qui conviennent à absolument chacun. Ainsi, aller en France genre 4 fois par année pour une dizaine de jours, ça convient à tous alors on y va», reprend Jérôme. Et ils y retourneront d’ailleurs en avril pour quelques dates en plus de la Belgique avant de revenir poursuivre l’actuelle tournée qui pendant deux ans les mènera aux 4 coins du Québec. Tournée au cours de laquelle les fans pourront entendre une dizaine de chansons de l’album L’Expédition et une quinzaine de pièces des autres encodés tout en étant assuré d’y retrouver un noyau indélogeable composé notamment de «En berne», «Les Étoiles filantes», «La reine» et «Ti-Cul». «On ne peut pas faire toutes nos ballades car on veut que notre show demeure festif», analyse Marie-Annick en précisant que le peacing dépend également, tel un band de bar, des demandes du publics. Toujours cette proximité donc… Puis Jérôme ajoute : «Tu sais on est devenu des professionnels, mais des professionnels broche à foin.»





Sur un air de déjà vu
Destiné d’abord aux fans qui pouvaient en télécharger les pièces sur I tunes, l’album Sur un air de déjà vu, en raison de la demande très forte, se retrouve dans les bacs depuis mardi dernier (le 17 fév.) On y retrouve des chansons en goguettes qui ne cadraient pas avec le concept de «L’Expédition» paru à l’automne. Parmi les 16 titres, une pièce qui imite l’accent acadien, une autre su le beau-frère fendant, une sur le club de hockey Canadien, et une notamment, sur un chanteur pop qui serait un certain Daniel Desjardins (Boom)…. Bref, le côté plus festif prend ici toute la place. Et comme ils ont l’habitude de proposer des spectacles qui sortent de leur cadre habituel, on pense à celui consacré aux «insuccès», les CF prévoient présenter une série de concerts élaborés autour des chansons de Sur un air… Honnêtement, l’auteur de ces lignes le préfère à «L’Expédition».

Aucun commentaire: