Journaliste culturel au «Journal Métro» (ex «24 H», «Ici», «Ici et là»...) et recherchiste, je cause cd, ciné et livres entre des commentaires politiques, des entrevues et un zeste d'humour frelaté.
samedi 14 février 2009
Grattons le bobo
Avec Le problème avec Antoine, le porteur d’étoile se paie un méchant trip soul-funk-honky-tonk qui fleure bon les seventies. Thérapie ?
Claude André
Très attendu de la petite communauté des observateurs de la scène musicale, le troisième album de celui qui avait reçu un accueil chaleureux avec Montréal Motel et Il était une fois dans l’est, continue de creuser le sillon des glorieuses années Motown mais cède moins à la tentation rock chevelu.
Avec cet album double qui comporte des chansons inspirées des lendemains de biture et d’une certaine remise en question et, d’autre part, un «côté B» qui révèle un méga trip instrumental tiré de jams enregistrés lives, Gratton se paie la totale.
Non satisfait d’y avoir convoqué un bouquet de fines fleurs cueilli dans le champ gauche de la pop québécoise : Jorane, Mara, Ginette et Marie-Pierre Fournier, l’Antoine propose un album orné de cartons sur lesquels on retrouve l’ensemble des textes magnifiquement illustrés façon bédé.
Si le «concept» annoncé d’un album inspiré des 5 sens semble un peu tiré par les cheveux, on y retrouve néanmoins une cohérence musicale très intéressante et on s’étonne de découvrir un Gratton meurtri qui des la seconde pièce nous balance sont mal de vivre avec «Malàlavie». Une pièce dont le propos plutôt glauque n’est pas sans évoqué la mémoire de Dédé Fortin dont on par le beaucoup ces temps-ci en raison de l’imminente parution du film qui lui est consacré. «C’est drôle que tu parles de ça car c’est moi qui danse de la claquette dans le film», lance le souriant jeune homme devant son copieux petit déj commandé juste en face du bar Le Verre Bouteille dont il a souvent tracé les reliefs de nuits mémorables.
La dualité
Parlant de nuit. Ce «Je» qui semble entremêlé entre les lignes de sa vie rock éthylique, est-ce un personnage ou c’est Antoine Gratton ? «C’est ça la dualité de cet album, tsé. Les chansons sont écrites dans l’optique que c’est de moi dont il s’agit, de mes émotions, de mes sentiments, mais tout l’enrobage autour est pensé en fonction d’un personnage. Je suis encore à moitié chemin entre les deux mais j’adore l’idée de la bédé. Des chansons comme «Malàlavie» cependant, ça vient drette du cœur. Il ne m’arrive pas souvent de ressentir le besoin de sortir quelque chose comme ça mais là c’était le cas. Il y a des périodes d’excès dans la vie et il faut traverser la ligne pour redevenir égal. Je pense que si c’est normal ce n’est pas plaisant en mautadit. Cet album est le résultat de cette période là. Derrière moi ? On a sort pas, il y a toujours des tentations…Mais ce qui est le fun c’est qu’il y a eu du monde autour de moé pour me dire : fais attention, t’es un osti d’bon gars. Pis ils m’ont sacré 3-4 claques dans la face de sorte que ce n’est pas allé trop loin», explique le charmant artiste sans fausse pudeur qui englouti son omelette en parlant peut-être de son complice Eloi Painchaud. Le petit ami de Jorane qui a encore une fois participer de façon significative à ce chapitre funky et organique dont le son particulier du piano honky-tonk distille une impression agréable de chaleur. «On a fait l’album dans une grange dans le Nord et j’ai habité là pendant 2 mois, straight, grosse barbe bref Stallone dans Rocky 4. Éloi venait à tous les jours. Comme je cherchais un piano droit, je suis allé à mon ancienne école secondaire là où j’ai commencé à tripper musique. J’entre dans une salle où se trouvaient une vingtaine de pianos puis je tombe sur celui-là qui sonne à l’infini comme le dernier accord de Sgt Pepper’s. Je commence à jouer et je me dis : wow, wow, wow. Je rabaisse le couvercle et je vois graver : Antoine. C’est moi qui y avait laissé ma marque dessus il y a une quinzaine d’années et j’avais complètement oublié», sourit le veinard.
Le journaliste regarde les vêtements seventies au fond du café-friperie. Tiens, voilà un véritable scénario de film hippie. Comme la musique de cet opus qui devrait plaire aux amis de plus en plus nombreux de l’Antoine.
Le problème avec Antoine
Dans les bacs dès le 17 février
Sphère/Dep
En spectacle formule trio à La Place à Côté
Les dimanches 22 mars, 19 avril, 17 mai et 21 juin.
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