jeudi 1 avril 2010

Spécial Gainsbourg (2) : Le film




Je suis venu te dire que je reviens

Avec son conte très attendu sur «l'homme à tête de chou», le bédéiste Joann Sfar relève le gant de façon émouvante et inspirée.

Claude André

Trois jours après avoir visionné le très attendu Gainsbourg (Une vie héroïque), votre hôte se sent encore habité par les images et surtout le traitement que le bédéiste Joann Sfar a apporté à cette vraie fausse «biopic».

Car c’est bien d’un conte dont il s’agit et non d’une biographie comme l’étaient celles consacrées à Piaf, Morrisson ou, plus près de nous, Dédé Fortin.

C’est d’ailleurs en raison de cette approche proposée par Sfar que les héritiers, dont Charlotte Gainsbourg ( pressentie pour jouer le rôle principale), ont donné leur imprimatur au projet.

D’emblée, les premières images où l’on voit le petit Lucien contraint de jouer du piano par son père, un immigrant russe, donnent le ton. Noua assisterons à l’ascension d’un jeune juif affligé d’une gueule qui rappelle les stéréotypes de la propagande nazie devenir une icône de la culture française. Un peu à la manière de Romain Gary/Émile Ajar d’ailleurs dont Gainsbourg partageait plusieurs caractéristiques identitaires.

Déjà heureux du ton qui se manifestait, l'enthousiasme à monté d’un cran au moment du générique du début pendant lequel des poissons jaunes nagent avec clope au bec et fumée en prime.

Pas de doute, on a affaire à l’œuvre d’un bédéiste. Un bédéiste qui s’est offert toutes les fantaisies qui permettaient de faire avancer son scénar dont cette marionnette géante qui apparait ici et là comme une ombre de Gainsbourg lui-même. Sorte d’illustration de son double, synonyme de diable, et peut-être aussi, de conscience dans certains cas.

Si certain personnages sont fort réussis telle la magistrale Laetitia Casta en Bardot et Lucy Gordon en Birkin (ah leurs scènes d’amour devant Notre-Dame-de-Paris), nous avons craint à quelques occasions que le film ne dérape en première parti. Comme pendant cette scène de lendemain de biture avec les Frères Jacques ou encore au moment de la rencontre avec Boris Vian (mauvais casting Philippe Katerine). Mais, au final, le tout se tient et le le fil conducteur poursuit sa montée dramatique.

Montée qui atteindra son paroxysme au moment où Gainsbourg devenu Gainsbarre commet l’ultime affront pour une certaine France réac : revisiter La Marseillaise en version reggae (avec les choristes de Bob Marley).

« Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial », lancera –t-il poing fermé aux militaires vociférant leur colère, en guise de réplique avant de les faire chanter en chœur.

Puis de quitter la scène pour y laisser le petit Lucien.

Incarné à merveille par Éric Elmosnino, dont la mimétique relève parfois du mysticisme, Gainsbourg (Une vie héroïque) s’avère, en quelque sorte, une bédé admirablement réussie pour un des plus célèbre  créateur de personnages qu’à connu la France : Lucien Ginzburg.

4 commentaires:

anne campagna a dit…

merci pour cette critique, justement après le film chloé je voudrais aller le voir. Par contre, lorsque Gainsbourg dit:Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial » puis-je douter de son insoumission, car son ton, son style provoquant, me semblent en fait tout à fait dans son époque et ses esclandres des coups de marketing qu'une firme de publicité n'aurait surement pas boudé. Donc Gainsbourg insoumis? peut-être dans ses chansons, mais très soumis en fait selon mon opinion aux règles du marché, qui exigent qu'un artiste provoque, fasse parler de lui, se donne en spectacle et même fasse de sa vie un spectacle, prononce des phrases chocs qui font la manchette et se promènent aux bras de femmes de rêves. Excuse moi Claude André de piquer dans la balloune.
modestement car je ne suis pas une journaliste culturelle, anne campagna

Caro a dit…

c'est un blog que je découvre, interessant, j'espère être aussi assidue dans sa lecture qu'Anne campagna

claude andré a dit…

Mais je suis tout à fait d'accord avec toi Anne. Et je crois que Gainsbourg aussi l'aurait été. En fait, qui peut se soustraire aux lois du marché en Occident?

On pourrait parler de cela longtemps.

Salut Caro, merci, il n'en tient qu'à toi. Bienvenue.

claude andré a dit…
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