Avec Tout va bien, Robert Charlebois regarde dans le rétroviseur arborant le sourire nostalgique d’un vieux gamin fier de lui.
Claude André
«Quand j’entends cette chanson là sur les ondes/du bout du monde je téléphone à ma blonde…», on se souvient tous de ce tube de Charlebois.
C’était il y a dix ans sur l’album Doux Sauvage. C’est au cours de cette période que le chanteur a retrouvé tranquillement sa place d’icône pop et cela est en grande partie attribuable à la maison de disque La Tribu.
Lui qui l’avait perdue, pour rester poli, avec la parution d’albums couci-couça auparavant sans compter des choix personnels pas toujours éclairés.
C’est au cours de cette période rédemptrice, avec la complicité de sa nouvelle étiquette, qu’il lançait la magnifique compil Tout écartillé suivie, en 2005, de la tournée du même nom.
Les bougalous s’en souviennent, voilà tout un pan de la culture du Québec seventies qui revivait sur scène devant eux magnifié de deux batteries et de musiciens éblouissants de fougue et de jeunesse heureux d’être là et de contribuer à la petite histoire.
Cette voie du retour aux sources devait s’avérer la bonne et c’est dans le même esprit que Charlie Wood nous présentait mercredi dernier Tout va bien, réalisé, comme Doux Sauvage, par Claude Larivée.
Un album qui renoue avec les orchestrations sophistiquées du passé et une certaine grandiloquence dans le propos.
Outre les morceaux issus de la plume de Charlebois, dont On en guérit jamais, une réponse à Ferré qui soutenait dans ce qui est peut-être la plus belle chanson du monde qu’«avec le temps va, tout s’en va», on y retrouve des textes signés Jean-Loup Dabadie (auteur notamment de classiques de Reggiani) et David McNeil (Julien Clerc) qui signe la touchante Battements de cils.
L’amour fou
«Le message en filigrane est : jusqu’où peut-on descendre pour faire plaisir à quelqu’un dont nous sommes profondément amoureux ? Parce que c’est ça être amoureux. Perdre son jugement, perdre son contrôle, perdre les pédales», lance-t-il au sujet de Battements de cils en pensant, devinerons-nous, à son chum Claude Dubois et sa téléréalité en compagnie de sa conjointe Crystal.
Ce qui nous amène à poser une question existentielle : est-ce qu’une femme peut admirer un homme qui lui est soumis ? Nous convenons tous les deux que cela est sans doute contre-nature. «C’est toujours : je vais le changer. Il y a des filles qui tombent amoureuses de gars qui sont gays en se disant qu’elles parviendront à le changer. Non, ça ne marche pas les filles», avance l’ex brasseur de broue qui poursuit en ce moment sa tournée Avec tambours ni trompettes. Un spectacle qui serait, selon plusieurs, son meilleur en carrière.
Au fait, proposera-t-il Tout est bien sur scène ? «J’aimerais ça partir en tournée avec le son de l’album. Il faudrait emmener huit violonistes et un cor français. Pourquoi pas ? J’ai quand même fait des grosses productions par le passé…»
C’est ce que l’on nous souhaite en attendant qu’il réalise, qui sait, son ultime fantasme musical : «quelque chose de grandiose. Une pièce qui, à la façon de la musique grecque, ferait en sorte que tout le monde se tiendrait par la main et danserait ensemble.» Tiens, c’est pas Lindbergh, ça ?
Robert Charlebois
Tout est bien
La Tribu
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