Rester debout
Quelques semaines après la sortie du premier extrait Jusqu’au bout, Éric Lapointe lancera lundi soir à la Tohu son sixième album studio en carrière, Le ciel de mes combats.
Un album où il renoue avec des complices des premières heures dont le parolier Roger Tabra, le guitariste Aldo Nova et l’as de la six-cordes Stéphane Dufour, qui en assure également la réalisation. Parmi les invités, on y retrouve aussi le guitariste Steve Hill et Claude Pineault (compositeur du classique Mon Ange) et ami depuis toujours.
Comme si Lapointe, après avoir frôlé la mort de près suite à des excès éthyliques, avait voulu renouer avec la présence rassurante de ceux qui ont contribué à sa naissance sur le plan artistique.
L’abstinence nouvelle a-t-elle contribué à dénouer les nœuds de certaines amitiés? «Sûrement. Autant avec Stéphane qu’avec Roger, on n’a jamais vraiment parlé de nos froids. Je pense que c’est un peu comme dans les vieux couples: on a besoin de prendre un break parce qu’on finit par se taper sur les nerfs. Les retrouvailles ne deviennent que plus exaltantes et stimulantes sur le plan créatif», explique Éric en parlant de l’album Le ciel de mes combats.
«Un très beau hasard»
Un titre qui fait allusion aux luttes de Lapointe contre la date butoir qu’il s’était imposée pour la production de l’album mais aussi, évidemment, aux batailles contre ses dépendances. Difficile de créer un premier album dans la sobriété? «Moi, je vais être ben franc là-dessus quoique je ne veux plus vraiment parler de mes problèmes avec la boisson. L’alcoolisme est une maladie que j’aurai jusqu’à la fin de mes jours. C’est un combat quotidien qui ne se gagne pas en public. Je ne suis pas plus fin qu’un autre. J’ai eu mes mois d’abstinence, plus d’un an, mais j’ai eu aussi mes rechutes dont pendant la production de l’album. Le stress d’une nouvelle production, les angoisses qui l’accompagnent et, évidemment, la grossesse de ma blonde qui est arrivée par hasard. Un très beau hasard», confie Lapointe qui, comme de nombreux hommes avant lui, ne réalise pas encore concrètement qu’il sera bientôt papa.
Voilà pourquoi on ne retrouve aucune chanson sur la paternité sur ce tout nouveau chapitre. Cela dit, le rockeur déclare à sa copine des quatre dernières années dans un rock enflammé: Je suis à elle.
Celui qui à une époque confiait à l’auteur de ces lignes qu’il ne souhaitait pas avoir d’enfant parce qu’il n’avait «pas envie de payer pour avoir de la peine» aurait-il changé de point de vue? «Je me suis toujours dit que je n’en voulais pas. Sans doute que j’avais peur de toutes les émotions qui viennent avec. Pis là, c’est arrivé par accident et je n’ai pas trouvé de raison valable, à 41 ans, pour ne pas en vouloir. En fait, j’ai réalisé qu’inconsciemment c’est une idée qui me chicotait depuis plusieurs années. Un absolu? Ça ne sera pas une bouée, mais c’est sûr que ça va donner un sens à ma vie. Et, comme tout le monde, je ne veux pas mourir seul.»
La mort rôde
La mort. Une idée qui semble désormais planée au-dessus de l’artiste qui, on s’en souvient, s’est retrouvé attaché dans un lit à la suite de dérives alcoolisées qui l’on conduit à des déliriums tremens hantés de psychoses.
C’est d’ailleurs pour remercier le public qui le soutient indéfectiblement qu’il chante Aimer pour deux. Une pièce qui suit immédiatement, sur cet album dont l’illustration est signée Corno, la chanson Tu t’es laissé tomber (Marc).
Hymne poignant en forme d’hommage au frère de son meilleur ami qui s’est enlevé la vie il y a quelques mois. «C’est celui qui s’occupait de vendre les t-shirts dans mes spectacles. Il s’est pendu pendant à la production. J’ai vécu ça de proche car c’était comme un membre de ma famille. C’est mon ami qui l’a trouvé et puisqu’il a eu besoin d’en parler j’ai été son oreille. Je suis aussi très près des parents. Roger, qui connaissait le gars, et moi voulions éviter de faire une chanson romantique au sujet du suicide. En même temps, je ne voulais pas le déterrer et fesser dessus à coups de pelle. En fait, je souhaitais exprimer la colère et le remord de ceux qui restent», analyse Lapointe.
Lui qui désormais tente à nouveau de rester sobre et poursuit son entrainement physique quotidien avec le frère de Marc et, surtout, semble plus conscient de la fragilité des choses. Lui qui pour ne plus jamais «retourner là» se tiendra encore et toujours debout face à l’adversité. Jusqu’au bout, les poings serrés sous le ciel de ses combats.
1 commentaire:
ouf, ça n'a pas l'air facile de vivre dans la peau d'Eric Lapointe! bonne chance!
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