Une fois c’t’un gars
Cinq légendes urbaines, une fin de régime communiste et un humour qui évoque tantôt les frères Coen tantôt Kusturica, voici les Contes de l’âge d’or
Claude André
Auréolé de la palme d’or qu’il a reçue à Cannes en 2007 pour son 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le réalisateur et scénariste Christian Mungiu revient cette fois avec un patchwork qu’il a écrit et ensuite tourné en compagnie de quatre autres réalisateurs.
Puisqu’il souhaitait revivre ses 20 ans, Mungiu nous replonge dans la grise Roumanie des années 80 sous Ceausescu.
Évidemment, lorsqu’on pense au dictateur roumain, ce sont les images de charnier et autres boucherie humaines qui nous viennent en tête.
Pourtant, ce n’est pas de cela que traitent ces petits films mais bien de la quotidienneté empreinte de situations ridicules où la débrouillardise fraie avec la méfiance et la peur inhérentes aux régimes communistes.
De l’absurdité de l’obéissance aveugle qui fait que des villageois se retrouvent à passer la nuit à tourner dans un carrousel volant avec des représentants du Parti à ce cochon qu’on ne sait trop comment abattre dans un HLM, en passant par des jeunes arnaqueurs qui capturent de l’air et un photographe gaffeur qui traficote mal une photo du président destinée à la presse officielle, les petits films forment un tout des plus cohérent.
Et ces deux heures de cinéma nous prouvent que non seulement le ridicule ne tue pas mais qu’il peut aussi parfois «servir de socle au rejet d’une dictature» pour reprendre Mungiu. Jouissif malgré la grisaille du quotidien et la pénurie matérielle en toile de fond. *** 1/2
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