Très sensibilisé par la cause de l’eau, le poète-chanteur-philosophe Raôul Duguay présente son tout nouvel album, J’ai soif.
C’est avec un savoureux «que les molécules te flottent de plaisir» que le légendaire Raoûl Duguay nous a reçu dans un café/resto grano/bohème de Montréal histoire de causer de cet album, son 16eou 17e, il ne sait plus trop.
Un disque concept dont la genèse remonte à son implication avec la «Coalition Eau Secours!», un organisme voué à la gestion responsable de l’eau dont il est devenu porte-parole suite à l’invitation, il y a huit ans, de la regrettée poète et écrivaine Hélène Pedneault.
De cette sensibilisation est donc apparue l’idée de créer cet album créé et composé en huit mois où chacune des 11 pièces est traversée par la thématique de l’eau. Il en a signé toutes les musiques sauf la pièce Ode à une belle inconnue, où il reprend une musique de Gros Pierre Nadeau, composée en 1589 par Pavane de Thoinot Arbeau.
Éclectique avec ses effluves latins, lounge, jazz et balade, cet album réalisé par Mathieu Dandurand est porteur d’un propos à la fois sérieux et poétique et n’a rien à voir avec l’idée du personnage excentrique qui le précède souvent.
Les fans de La Bitt à Tibi, cette chanson «qui cache la forêt mais qui en même temps ouvre les portes», pourront néanmoins se consoler avec Ève sur laquelle on retrouve, a capella, la bande de Mes Aïeux.
Et s’il ne fait pas, comme sur l’album précédent Caser Raoûl Duguay(1999) dans la pirouette vocale, le chanteur à descendu pour la première fois sa voix d’un octave pour L’eau du moulin. «Je ne suis pas un comique et je ne l’ai jamais été. J’étais un flyé mais l’image du clown, c’est pas moé ça. Sur mon dernier disque, j’avais inséré des images de clown, c’était une erreur… Je suis un chanteur à textes, un philosophe et j’ai des valeurs et des principes à respecter. Je suis aussi un poète. Je travaille longtemps mes textes, ils se tiennent et je peux les défendre contre vents et marées.»
Coup de gueule
Parlant de tempête, nous ne pourrions évidemment pas causer du sort de l’eau avec Raôul Duguay, sans parler du fait qu’en ce moment même une grande entreprise nous vend de l’eau du robinet embouteillée… «L’eau du robinet de Montréal est reconnue comme une des meilleures eau au monde. Plus sécuritaire que la plupart des eaux embouteillées que l’on achète. Moins de bactéries... C’est vraiment difficile à croire la compagnie, mais Aquafina, cette filiale de Pepsi, embouteille l’eau de Montréal et nous la vend 2,50 $ la bouteille», s’insurge l’homme de 71 ans qui, par ailleurs, prends position en faveur de Claude Péloquin dans le conflit qui opposait ce dernier à Guy Laliberté.
«Je sais que nous, à Eau Secours, on souhaitait inviter Guy Laliberté à devenir porteur d’eau (adhérent). Il a refusé parce qu’il voulait partir son affaire. L’argent des puits qu’il a creusé en Afrique, c’est très bien. Mais je crois que s’il investissait autant que pour son voyage dans l’espace cela serait plus convainquant. Ce que je n’ai pas aimé avec Pélo cependant, c’est qu’il a voulu acheter ses droits à vie. Ce n’est pas correct. En plus, le texte qui a passé n’était pas à la hauteur. Moi, j’aurais fait mieux et Pélo aurait fait mieux aussi (…) Il y a un milliard de personnes sur la planète qui n’ont pas accès à l’eau potable. On prévoit qu’en 2050, une personne sur deux manquera d’eau, c’est un dossier majeur. Tu sais, il y a actuellement 30 guerres dans le monde qui ont l’eau pour principal enjeu...»
J'ai soif, de Raoûl Duguay, est maintenant disponible.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire