lundi 21 novembre 2011

Avoir autant écrit : Salut Tabra !

C'est aujourd'hui que paraissait enfin dans les bac des disquaires l'album «Avoir autant écrit». Un collectif qui rend hommage au parolier Roger Tabra et sur lequel j'ai eu le privilège d'écrire une petite préface. Puisque nous sommes entre-nous, voici un hommage plus personnel. 

Tabra par Martin Sévigny
1992. Laurentides. Chez Coco, bar mythique. En guise de drapeau, j’avais enfilé mon t-shirt qui arborait la gueule de Ferré. Convaincu que s’il me remarquait, Tabra aller y déceler une éventuelle complicité.

Il venait de débarquer au Québec. L’a fait son tour de chant. Encore subjugué, suis allé à la table des amis puis j’ai chanté : « on est putain du désespoir/quand c’est lui qui nous paye à boire...», une chanson de Tabra que nous connaissions déjà vu qu’on se passait son démo sous le manteau.

Soudainement, une voix venue d’outre monde s’est approchée de plus en plus et a accompagné la mienne. 


C’était lui avec sa superbe de desperado, d’anar, de baroudeur rescapé de l’Atlantide qui venait me livrer le secret du triangle des Bermudes.

Sommes devenus des chums. Puis complices. Sa blonde venait de le larguer. Il créchait chez moi. 500 coups. Téléphonait la mienne pour lui dire combien je l’aimais, je faisais de même avec son ex…

Cinéma permanent en alcoolorama.

Puis, le cercle s’est élargi : poètes, auteurs, peintres, intellos, comédiens et bien sûr les superbes filles de la nuit… Effervescence naissante. Il en était le centre. Gourou de nos jeunes années.

J’avais l’impression de vivre dans un roman où les personnages sublimaient le crépuscule. Il s’est écrit tant de choses au cours de ces nuits écartelées…

Tabra est désormais le plus grand parolier du Québec voire de la francophonie. Lapin dessine sa légende et fait accourir les foules. Mistral demeure le meilleur écrivain de sa génération. Les autres ont tracé leur route. 


Et moi, notamment grâce à Tabra qui relisait jadis mes premiers textes, suis devenu journaliste et j'ai connu le privilège de rencontrer tous ces gens qui danseront encore sur mes souvenirs au soir de ma vie.

Et j’aurai alors, comme en ce moment, un souvenir parfumé de Gitane. Je penserai à lui, ce vieux frère de la nuit qui m’aura appris à transgresser la pudeur des hommes lorsqu’ils parlent des choses du cœur. 


À lui qui m’aura aussi permis de vivre mon Saint-germain des Prés à moi. Sous le ciel de Montréal.

La trame sonore est désormais aussi entre vos mains, bande de veinards.

Salut Camarade.


Claude André

3 commentaires:

annecampagna a dit…

un tres beau texte Claude André, merci de nous faire partager tes souvenirs, ça fait du bien.

Pascal Fleury a dit…

Bonjour cher maître de la plume, cher M.André :)

Je suis tombé par tout hasard sur votre blogue en faisant une recherche sur Roger Tabra. Je profite de la technologie d'internet et de la "peut-être" magie de la providence pour me risquer à vous demander si vous accepteriez de m'aider à contacter ce génie de l'écriture... J'aimerais! Il y a longtemps que je me demande comment je pourrais faire pour le rejoindre...

Pouvons-nous continuer cette conversation au pascalfleury1974@gmail.com ?

Merci:)

Pascal.

PS: Pour en savoir plus sur moi:

https://plus.google.com/u/0/117212832949926785182/about

Claude André a dit…

Message transmis Pascal. La providence fait parfois des miracles... Good luck et merci pour la jolie attention.

Klod.