mardi 2 mars 2010

Agenda culturel



Un Prophète

Amateurs de cinéma relevé comme ceux craquent pour les histoires de bandits genre les vieux Pacino, vous de ne devez absolument pas rater le magnifique Un Prophète de Jacques Audiard. Œuvre qui a d’ailleurs obtenu le Grand prix du jury à Cannes en 20009 et qui vient d’arriver chez nous. Un jeune arabe de 19 ans analphabète (magistral nouveau venu Tahar Rahim) est condamné à 6 ans de bagne. Naïf et fragile, il est rapidement repéré par le chef du clan mafieux corse (très crédible Niels Arestrup) pour lequel il fera les sales besognes en plus de lui servir de boniche. À la fois par admiration et intérêt, notre jeune arabe en profitera pour s’élever dans la hiérarchie criminelle grâce à son humilité et sa facilité à transiger avec les «barbus» ainsi que son lien d’amitié avec un gitan exalté. Un film de taule magnifique, subtil, habilement mené et, en quelque sorte, antiraciste a contrario. Captivant.




Photo: Jean-François Gratton

L’enfer c’est les autres !

Si nous connaissons tous la célèbre réplique de Jean-Paul Sartre, elle devient sublimement savoureuse lorsque restituée dans son contexte originel, la pièce Huis Clos rédigée en 44. Porte-étendard du courant existentialiste, le compagnon de Simone De Beauvoir souhaitait, à travers cette œuvre empreinte d’humour noir et très accessible, démontrer comment notre existence se ressent, se perçoit, à travers les autres. Dans une mise en scène signée Lorraine Pintal, la magnifique Pascale Bussières et les excellents Sébastien Dodge, Julie Le Breton et Patrice Robitaille nous livrerons ce tour de force théâtral. Maintenant reste à espérer que si l’enfer c’est les autres, le bonheur c’est les uns ?
Huis Clos
Du 9 mars au 3 avril
TNM
514-878-7878



Les derniers humains

Photo: Teatro Sunil

Spectacle mythique acclamé plus de 700 fois sur les 5 continents, cette pièce écrite en prison par un l’objecteur de conscience Daniele Finzi Pasca raconte l’histoire d’un patient qui, en arrivant à l’hôpital, propose un voyage imaginaire à son compagnon de chambre histoire de tromper la mort qui rôde. À travers l’unique acteur, l’autre personnage étant incarné par un spectateur invité à regardé la pièce depuis la scène, Pasca nous entrainera dan un univers fantaisiste où il devient tout à tout clown, acteur, diablotin, improvisateur et tout le bazar. Il parait que la pièce et son créateur désormais célèbre (Cirque Éloize, Cirque du Soleil, Jeux de Turin) sont si magistraux qu’on en ressort plus humain qu’avant notre arrivée.
http://www.youtube.com/watch?v=WsdwbH8OK_0
16 mars au 3 avril
Usine C
514-521-4493

Complexe d’Oedipe

La toute récente parution bédéesque de Joan Sfar, Oedipe à Corinthe, dessins Christophe Blain, est le troisième d’une série de 4 albums qui revisitent la mythologie à travers les aventures de Socrate le demi-chien. Irrévérencieux, brillant et drôle.

Benjamin Biolay: Ton héritage



Très beau montage sur une des perles de l'écrin «La Superbe». Un album qui redéfinit sans doute les cadres de la pop française et qui marquera assurément son époque.

jeudi 25 février 2010

Benjamin Biolay : La Superbe



Le premier titre de ce dyptique, La Superbe, nous annonce les débuts d’une liaison amoureuse qui, c’est écrit dans le brouillard, dérapera assurément.

Et déjà, sans crier gare, on plonge dans ce film sonore comme dans une histoire d’amour dont on sait d’avance qu’on n’en sortira pas indemne. C’est le prix de la beauté, on sait, mais bon, y'a qu’une vie et elle est courte….

Le climax est lourd et humide comme un ciel de juin mais beau comme le crépuscule rosâtre d’août grâce à des accords de claviers bien sentis sur des envolées de sax qui confèrent un aspect cinoche grandiloquent à l’ensemble de l’œuvre.

Mais, savant dosage, la pop ornée de cordes de cet admirateur de Debussy ne dérape jamais dans la surenchère de glucose et s’esquive élégamment du côté slam, rap, rock et électro.

Très sollicité pour ses dons d’arrangeur par le gotha de la chanson française populaire (Keren Ann, Isabelle Boulay, Françoise Hardy, Coralie Clément, Carla Bruni, Chiara Mastroianni, Elodie Frégé, Henri Salvador, Julien Clerc....) le dandy sombre nous a déjà démontré dans le passé qu’il possède également une langue pas piquée des vers.

On songe évidement à Gainsbourg dont il est le digne héritier certes, mais aussi, sur le plan musical, à Bashung et Murat quand ce n’est pas, car il oscille entre anciens et modernes sur le plan référentiel, aux Beatles, aux Smith ou à New Order.

Sans sombrer dans le sentimentalisme nunuche d’une certaine variété, Biolay nous parle, entre deux lampées d’alcools et trois taffes baudelairiennes, des soubresauts amoureux qui font tanguer entre l’exaltation charnelle quasi mystique et l’envie de se faire indiquer la sortie.

Et, on ne peut s’empêcher de revisionner le film de nos propres ecchymoses amoureuses, une arme au coin du cœur. Il faut entendre le superbe duo, dialogue de sourds autour de la déliquescence du couple via des post-it sur le frigo avec Jeanne Cherhall, sur Brant Rhapsody. Ou encore ce qu’il raconte à sa gamine dans la sublime Ton Héritage.

On le dit condescendant, prétentieux, hautain.... Qu'importe ce ne sont que vains quiproquos de lendemains de cuites.

Car au dela de tout, ce qui compte vraiment, c'est que ce type qui cause avec ses tripes d’écorché éthylique magnifie la douleur et traine sa superbe comme d’autres un spleen magnifique.

**** 1/2


samedi 20 février 2010

Martine St-Clair : Marquer son époque


Marquer son époque

Il y a quelques mois, j'ai eu le bonheur de causer avec Martine St-Clair au moment où elle venait de lancer la rétrospective «Entre-vous et moi». Puisqu'elle fera sa rentrée mercredi prochain dans le cadre de Montréal en Lumières, l'occase était trop belle pour partager l'entretien avec les amis et visiteurs de ce petit blogue.

Claude André

L’ex interprète de Cristal dans la version 1980 (et 88-89) de Starmania qui a marqué deux voire trois générations de Québécois avec ses nombreux tubes et sa personnalité attachante publiait en août dernier une rétrospective de sa carrière.

Si elle a apposé son sceau unique dans l’inconscient collectif des eighties, Martine s’est éclipsée des hits parades pendant quelques années afin de s’intéresser à la mode ainsi qu’aux créateurs derrière les parfums et les cosmétiques pour la télé (Canal Évasion). Et, bien sûr, de travailler à des albums de facture plus personnels.

Mais pourquoi diable avoir tardé si longtemps pour publier ce florilège de chansons qui ont fait vibrer l'étoile St-Clair de façon si éclatante ? «Pour moi, cela était peut-être un peu synonyme de perte de vitesse, de réflexion sur une carrière….bref, ça résonnait comme une fin en soi. Je n’étais pas prête pour cela. La véritable raison pour laquelle j’ai décidé de le faire c’est parce que de plusieurs fans m’ont écrit pour me demander comment s'y prendre pour mettre la main sur des chansons telles «Caribou» ou «Le fils de Superman» que l’on ne retrouvait plus pour diverses raisons.»

Elle s’est donc affairée à la moisson de vingt-huit années de musique en rencontrant, notamment, l’équipe de l’étiquette Musicor puis les choses se sont mises en place malgré quelques heurts d’ordre administratifs avec les anciens détenteurs des droits.

Résultat ? Un album double qui comporte pas moins de 35 titres dont des versions re-mastérisées de ses succès en plus de surprises et d’inédits dont le nouveau tube «Qui pourrait t’aimer mieux que moi» ainsi qu’une entrevue réalisée par votre veinard de serviteur (qui a également rédigé la préface) et qu'il vous est loisible de visionner sur votre écran d’ordinateur.

Rétroviseur

Forcément, le fait de regarder dans le rétroviseur peut parfois réveiller des blessures anciennes, est-ce que cela a été le cas pour l’ancienne plongeuse de haut calibre qui ne semble pas du type nostalgique?

«Lorsque l’on retourne en arrière, nous comparons avec ce que l’on fait maintenant. Et c’est ce qui me dérange profondément de ce type de démarche. On se dit : tiens j’étais comme cela et maintenant je suis ainsi alors que l’on sait très bien qu’on ne peut pas être celui ou celle que nous étions il y a 20, 15 ou même 5 ans. L’unique but pour moi, tant dans ma vie de femme que dans ma vie d’artiste, c’est d’avancer, d’évoluer. De livrer une partie de mon âme. J’ai goûté au succès, certes, mais j’ai aussi voulu toucher à des choses qui sont plus importantes comme le bonheur par exemple », explique-t-elle depuis l’autoroute 20 qui la mène vers la ville de Québec, où elle est née.

L’image

Puis la discussion bifurque. À quelques jours du départ tragique de l’auteure Nelly Arcan (à laquelle Martine à rendu hommage en lui dédiant en spectacle la chanson «Tout va trop vite» parue sur son premier album «Cœur ordinateur»), le journaliste ne pouvait éviter le sujet de l’image des femmes en générale et celle des stars en particulier qui peut s’avérer étouffante.

«J’ai découvert Nelly à l’émission à laquelle elle participait (Vox, Ici et là). J’écoutais les échanges et elle m’intriguait. Je trouvais qu’elle amenait des réflexions profondes sur tous les sujets un peu comme si elle possédait une vieille âme»,  lance l’artiste visiblement émue.

Mais comment elle, cette Martine tout à fait humble dans la vie, a –t-elle composé avec la lourdeur du vedettariat? «Quand j’ai fait l’exercice de réécouter les chansons de mon répertoire dans le studio de mastering j’ai revu des images et c’était identique,à un film (…). Tout s’accélérait au fil des chansons : J’entendais Starmania et tout d’un coup j’apercevais cette jeune fille de 18 ans qui quittait le sport pour la musique. Ensuite «Le fils de Superman», et oups, une autre étape. Celle où je commence à marcher sur mes propres pas…Souvent on entendait parler de cette belle voix cristaline mais il y avait aussi une image qui l'accomapagnait, image  que les gens pouvaient aimer ou non. Puis, j’ai revu des flashs de l’époque où je voulais tout quitter  car, à un moment donné, sans le vouloir, sans le désirer, tu es prisonnière de cela. Le public aime ta voix, ton talent mais aussi ce que tu dégages… Et cela,  je ne m’en rendais pas compte (…)», poursuit l’artiste qui bien que rayonnante au bout de l’onde demeure pudique à ce sujet.

Puis on déconne. Elle semble heureuse la Martine : En plus de sa nouvelle tribune radiophonique ; la réception de son coffret est plus que positive tandis que sa dernière chanson «Qui pourrait …» caracole depuis des mois en tête de plusieurs palmarès.

Ajouter à cela la préparation d’un album aux reliefs technos et une tournée à travers le Québec et vous comprendrez pourquoi elle a même «l’impression de débuter une seconde fois».

Comme s’il y avait de l’amour dans l’air…

Martine St-Clair
Gesù, Centre de créativité - Théâtre du Gesù
Mercredi 24 et vendredi 26 février 2010 à 20 h


Les coups de cœur de Martine

Dernier film ?
Comme je ne sors pas beaucoup, j’ai mis la main sur plusieurs documentaires dont tous les dvd sur Andy Warhol. Fascinant (elle en parle longuement). J’ai également loué récemment «Valentino : Le dernier empereur». Écoute, c’est fantastique ! Tu comprends à la fin de ce film pourquoi cet homme là est une icône de la mode et fait partie du top 5 des meilleurs couturiers.

Livre ?
En ce moment je dévore la biographie de Mark Rothko, ce peintre russe dont la famille a immigré aux États-Unis en 1913 en raison des pogroms et des purges cosaques.

Musique ?
Je ne voudrais pas tomber dans les souvenirs mais je trippe pas mal Supertramp ces temps-ci. On pourrait acheter «Breakfast in America» la semaine prochaine et nous aurions quand même l’impression que ça vient d’être produit.

 

mercredi 17 février 2010

À l'agenda

Photo: Jean-François Leblanc
Et la lumière fut !

Le Festival Montréal en lumière, comme à son habitude, proposera une myriade d’activités plus intéressantes les unes que les autres dont le volet gastronomie internationale. Pour notre part, bien sustenté, on ne loupera assurément pas l’expo consacrée à Leonard Cohen et les spectacles du relevé combo tex-mex Calexico (le 18), du slammeur Grand Corps Malade (le 19), du chamanique Yann Perreau (le 20), de l’Innu aérienne Elisaapie Isaac (le 23) ou encore de l’enthousiasmante Martine St-Clair (les 24 et 26) sans oublier le magnifique hommage à Gaston Miron qui reprendra l’affiche pour une rare fois (le 25). Aussi à l’agenda : la comédienne et maintenant chanteuse Agnès Jaoui (25-26-27), l’envoûtant Zachary Richard (le 25) en même temps que les festifs 3 accords et The Cuban Martinez Show ! Vous avez-dit ubiquité ?


                                                Photo: Jean-François Leblanc

Du 18 au 28 février.
http://www.montrealenlumiere.com/


Se faire une toile

S’il fut une époque où le cinéma d’ici n’avait pas toujours la cote, les choses ont bien changé depuis. Véritable reflet de notre identité collective, notre 7ième art n’a désormais plus rien à envier à quiconque et c’est avec un bonheur contagieux qu’il nous convie à la 28ième édition des Rendez-vous du cinéma québécois. Pendant une dizaine de jours, nous pourrons voir ou revoir des œuvres de fiction ou des documentaires triés sur le volet dont l’étranglant Lost Song de Rodrigue Jean. Le très digne et réussi Polytechnique de Denis Villeneuve ou le touchant documentaire sur Dany Laferrière La Dérive douce d’un enfant de Petit-Goâve suivie d’une discussion avec l’écrivain sans parler de la clôture et son attendu dernier long métrage de Robert Morin, Journal d’un coopérant. Les amateurs d’audace et de découvertes se rendront aux «Nuits des rendez-vous» tandis que les cœurs purs se remémoreront de précieux souvenirs avec l’expo consacrée aux 25 ans de La Guerre des tuques : « la guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal !»
Du 17 au 27 février. (photo:extrait du film La Guerre des tuques)
http://www.rvcq.com/


Buffet froid
Les amateurs du théâtre de Michel Tremblay devraient se gaver à souhait avec la première pièce présentée à Montréal de la comédienne et auteure Anne-Marie Olivier, Mon corps deviendra froid. Une famille se réunit, dix ans après le suicide du père atteint de maladie mentale, le temps d’un repas. On y dissèquera les blessures de tout un chacun et le fer tournera dans les plaies des personnages meurtris. À travers des dialogues imagés et crus, cette fable freudienne nous laisse entrevoir toute la méchanceté inhérente au genre humain mais le tout, heureusement, entrecoupé de moments très drôles. Avec Suzanne Champagne, Claude Despins, Brigitte Lafleur, Myriam Leblanc, Roger La Rue. Mise en scène Stéphane Allard.
Jusqu’au 27 février Théâtre de Quat’Sous
http://www.quatsous.com/


Jouer au cowboy
Icône de la musique populaire américaine, le chanteur country Hank Williams, qui demeure une référence pour le légendaire Leonard Cohen, a levé les bottes à l’âge de 29 ans, il y a près de 60 ans. Le premier de classe Patrick Norman lui rend un hommage très réussi et fichtrement bien réalisé qui vous fera chanter sur «A Tribute To Hank Williams/Where I Come From».

dimanche 14 février 2010

Spécial St-Valentin (3) : Entretien avec Isabelle Gaumont



Isabelle Gaumont, comédienne et auteure de «Cousine de personne» (Éd.Stanké) et «Subordonnée» (Éd. Hurtubise) nous exprime aujourd'hui un point de vue féminin quant à l'utilisation des mots dans le processus de séduction.

Qu’elles sont les limites des choses à dire et ne pas dire? Est-ce que je me trompe en avançant que les allusions à la sexualité sont à proscrire?
À proscrire, toujours. Un homme qui désire une femme devient transparent. Son désir appuyé par des mots peut prendre une dimension inquiétante, voire ridicule.

Crois-tu que la parole est la chose la plus importante pour séduire une femme?
J’ignore si on peut gagner le cœur d’une femme par la parole uniquement, mais une seule phrase idiote suffit pour le perdre.

Si l’on déclame un poème par exemple à une femme, ne risque-t-on pas d’avoir l’air ridicule?
Pas si on est poète. Mais un comptable devrait peut-être s’en tenir aux conseils pour sauver de l’impôt. Se concentrer sur ce en quoi l’on excelle réduit les chances d’avoir l’air ridicule. Contrairement à ce que laisse croire la téléréalité, on ne s’improvise pas artiste.

Quels sont les plus beaux mots qu’un homme t’ait dit?
Les plus beaux doivent être gardés pour soi. D’ailleurs, un homme qui révélerait ou publierait nos paroles intimes perdrait automatiquement et irrévocablement le privilège d’en échanger d’autres avec moi.

Et à contrario?
Peut-être parce que je ne me suis jamais éternisée auprès d’un homme qui ne sait pas s’exprimer — on parle ici de minutes —, aucun exemple ne me vient en tête. Dès qu’une parole hideuse est prononcée, je me sauve, car elle est, pour moi, annonciatrice d’un défaut de fabrication irrattrapable.

Y a-t-il des sujets tabous?
Tout est dans la manière. Un homme qui manque de tact ou de délicatesse devrait se tenir loin des sujets controversés.

Quels sont les mots qui désarment les femmes?
Les mots sincères. Vraiment, ce n’est pas plus compliqué que ça.

Les mots répulsifs?
Encore une fois, je ne peux parler pour toutes les femmes, mais pour moi, la vulgarité et les sacres sont un turn-off absolu. La médisance et les commérages me laissent croire que je pourrais un jour en être le sujet. Le défaitisme et le négativisme sont lassants… et navrants.

Peut-on surutiliser la parole?
J’en reviens à mon analogie sur le golf. Aussi, ce serait bien que je puisse placer un mot…

jeudi 11 février 2010

Patrick Norman : A Tribute To Hank Williams



Patrick Norman
Where I Come From
A Tribute To Hank Williams

Nul besoin d’être un exégète de la culture étasunienne pour savoir que Hank Williams figure parmi ses icônes les plus populaires et qu’il représente à lui seul les fondations du saloon.

D’autant plus qu’il a levé les bottes à l’âge de 29 ans. Ce qui ajoute bien sûr au mysticisme et à la légende.

C’est donc avec un intérêt enthousiaste que nous avions hâte de tendre l’oreille sur cet hommage livré à celui qui fut l’idole de l’illustre Leonard Cohen par un des plus respecté représentant du country québécois contemporain, Patrick Norman.

Un premier de classe de ce courant musical certes, mais également un digne représentant d’une certaine variété disons souriante.

D’emblée, il est étonnant de constater, en survolant les titres, combien la plupart comme Hey, Good Lookin', Cold, Cold Heart ou I'm So Lonesome I Could Cry, sont inscrits dans l’imaginaire collectif des nord-américains que nous sommes.

Puis on tend l’oreille. Ouf, les craintes ne s’avèrent finalement pas fondées. Cet hommage, livré par l’excellent guitariste et chanteur qu’est Norman n’extirpe pas l’aspect «western» de Hank Williams en le «variététisant» à outrance.

Au contraire, cet aspect très cowboy est mis de l’avant grâce à des accords bien sentis de mandoline ou de pedal steel magnifiés par une réalisation particulièrement relevée qui a su trouver le «son» juste. Merci Gilles Valiquette.

Bien sûr, on ne peut écouter un chef d’œuvre comme I Saw The Light sans penser à la poignante version de Johnny Cash ou encore reprendre le refrain de Jambalaya (On The Bayou) sans songer à l’époustouflante reprise d’un autre cowboy québécois, plus à gauche, Steve Faulkner.

Mais, au final, une fois que nous avons accepté que nous avons affaire à un sacré bon gars qui ne nous la jouera pas écorché vif mais demeurera sobre et digne, cet encodé devient alors très touchant pour le «Poor Lonesome Cowboy» qui écrit ces lignes.

**** /5

En écoute : http://www.zik.ca/zik/album.jsp?productId=ZIK1733155

vendredi 5 février 2010

À l'agenda

Elle veut tout

photo: John Londono

S’il y a un événement musical pop à marquer d’une pierre blanche au calendrier cet hiver, c’est assurément le spectacle en formation trio de la charismatique Ariane Moffat qui sera accompagnée de Marie-Pierre Arthur (il faut découvrir son album) à la basse et de l’excellent Joseph Marchand à la six-cordes. Pour l’occase, celle qui veut tout et l’obtient puisera dans sa besace remplies de tubes en plus de revisiter des pièces de Daniel Bélanger (Imparfait), Michel Jackson (Man in the Mirror) et de Beck (Nobody’s Fault but My Own) comme le soulignait récemment Marie-Christine Blais. À la manière du titre de son dernier opus récipiendaire d’un prestigieux prix de l’Académie Charles-Cros, nous vibreront sans doute dans Tous les sens.
Ariane Moffat Trio
11 er 12 février
Théâtre National



Ça plane pour eux



Après les retentissants «Nouvelle Vague» (2204) et «Bande à part» (2006) revoici la bande à Marc Collin et Olivier Libaux ainsi que leur panel de voix féminines top sexys qui revisitent des «classiques» new wave et punk en version bossa, dub et pop-folk. Avec «Nouvelle Vague 3» , nous retrouvons encore des pièces matricées dans l’inconscient collectif dont le brûlot God Save de Queen (Sex Piostols) en ballade jouissive (!) ainsi qu’une lecture dub de Ça plane pour moi (Plastic Bertrand) sans compter quelques duos dont Master & Servant de Depeche Mode avec la voix crépusculaire de Martin Gore. À la fois populaire et branché, ce troisième chapitre prouve que Nouvelle Vague se réinvente et le résultat ne veut pas quitter notre lecteur.
Nouvelle Vague 3
Justin Time.

La valeur de Vallières

photo: Véronique Messier

Il est de ces artistes qui savent magnifier l’apparente banalité du quotidien et qui par le fait même posent un baume sur nos plaies de simples mortels. Vincent Vallières, depuis la parution de son «Repère tranquille» (2006) en fait sans doute partie grâce à des chansons folks inspirées par la Sainte-Trinité : Johnny Cash, Neil Young et Bob Dylan. D’apparences simples, ses pièces nous parlent des choses de la vie et leur auteur est aussi très doué pour débusquer la mélodie qui tue et s’impose à la mémoire. Entouré de ses 4 fidèles complices dont le très sollicité Olivier Langevin, Vallières nous servira son confort food musical des plus réconfortant.
11 février à 20 h 00
Métropolis
vincentvallieres.com


En bref :
Il est jeune, beau, surdoué et…torturé et nous on craque en écoutant l’enveloppant «La Superbe», le nouvel encodé (double) magnifiquement orchestré de Benjamin Biolay. Un artiste qui évoque Gainsbourg et devrait repartir avec quelques statuettes au prochaines «Victoires» françaises.
ps: disponible en écoute sur le site de Musicmi.

mercredi 20 janvier 2010

À l'agenda


Charme absolu
La magnétique Bïa, accompagnée de l’excellent Yves Desrosiers, nous fera plonger dans son monde à la fois féminin et envoûtant drapé de folk latin, de poésie et de jazz qui fleure bon les promesses de l’aube. Auréolée de son magnifique Nocturno, la Brésilienne puisera dans ses quatre autres albums tandis que son pote Desrosiers nous gratifiera aussi de quelques unes des pièces qu’il trimbale dans son caisse de guitare dont, on l’espère, quelque unes inspirées du poète russe Vladimir Vyssotski auquel il a rendu jadis hommage dans un album (Volodia) qui reste parmi les plus beaux jamais produits au Québec. Un rendez vous au sommet de la volupté et de la déchirure magnifique.
Les 11, 18 et 25 février 2010
au Studio-théâtre de la Place des Arts de Montréal
Billetterie : 514-842-2112 / 1866-842-2112
photo: Yves Desrosiers et Bïa par Christina Alonso



Le roman de Moran
Il nous avait jeté par terre avec sa voix suave et sa poésie sombre sur son premier chapitre intitulé Tabac. Il nous revient 4 ans plus tard avec Mammifères. Un opuscule plus orchestral, plus peaufiné mais toujours aussi poignant sur lequel nous retrouvons notamment Los Angeles ; un entrainant et voluptueux duo officié avec sa compagne Catherine Major. Bref, voilà un disque atmosphérique et poétique à déguster comme avec un ami qui vous parlerait des choses vraies, tout doucement au coin du feu, entre deux lampées d’alcools bruns.
http://www.myspace.com/tabacmoran
En spectacle au Verre Bouteille (Mtl) les 14 et 21 février.



SOS Haïti
Parmi les quelques événements qui sont mis sur pied pour venir en aide au peuple haïtien victime d’un  (et encore un autre aujourd'hui) catastrophique séisme, le marathon multidisciplinaire Tous un pour Haïti sponsorisé par Héma-Québec devrait vous émouvoir, vous faire danser mais aussi vous faire rire grâce aux participations de Jamil, Marco Calliari, Luck Mervil, Doriane ex DobaCaracol, Monica Freire, Charles Papasoff, Zal Sissokho, Françis d'Octobre, Muzion, David Loiseau, Haitian Mass Choir et autres Sylvie Desgroseillers (Belle et Bum)….. Parce que la vie continue et que tout reste à faire, le peuple haïtien n’a pas besoin de notre pitié mais de notre solidarité.
30 janvier 2010
Club Soda, 1225 Boulevard St-Laurent
De 14h00 à 3h00 du matin.


Les chiens aboient
la caravane passe et on ressent une folle envie d’y monter. De quoi s’agit-il ? Caravan Palace, le superbe album du sextet parisien enflammé qui a su remettre au goût du jour le swing manouche des années 30 en y saupoudrant des ambiances électro festives. À découvrir.

lundi 18 janvier 2010

Comic Strip

Voici quelques parutions bédéesques qui m'ont fait passé de sacré bons moments au cours des dernières semaines. Recension destinée originellement au journal Accès Laurentides tout comme les petits guides culturels qui paraissent en ces pages web d'ailleurs.



Blessure d’amour propre
Attention coup de cœur. Les lecteurs habitués aux œuvres du génial et regretté Gérard Lauzier craqueront littéralement pour cette étude de mœurs décapante aux dessins gras et exempte de toute rectitude où hommes et femmes en prennent pour leur grade. Un créateur en panne d’inspiration, camouflée en code d’éthique, qui a connu jadis le succès avec une bédé sur le point G se retrouve, au gré des circonstances, à la fois impuissant et promu grand prêtre dudit point après qu’une jeune et jolie journaliste l’eût approché pour un reportage. Créateur de L’amour propre ne le reste jamais très longtemps il y a 25 ans, Martin Veyron possède le sens de la répartie et incarne ce que l’on aime de l’esprit français. À quand le film ? **** 1/2
Martin Veyron
                                                                 Ed. Dargaud 86.p





Magasin Général (Tome 5) : Montréal
C’est devenu une tradition pour les adeptes du 9ième art, avec les premières neiges on savoure son nouvel album de la très belle série Magasin général. Après avoir succombée «au péché de la chair», Marie se voit contrainte de quitter le village de Notre-Dame-des-Lacs lasse des pressions exercées sur elle. Laissant ainsi le magasin général aux bons soins de son ami Serge. Un homosexuel raffinée qui ne semble pas trop porté sur le zèle au boulot. Cet épisode qui nous fait pénétrer du bout des pieds dans le Montréal des années folles tangue encore une fois entre l’humour et l’émotion, la truculence et les mots d’esprit, se révèle à la hauteur des attentes. Et cela dans une langue qui sans renier le «joual» saura, encore une fois, interpeller les lecteurs de toute la francophonie. Magnifique. ****
Régis Loisel
Jean-Louis Tripp
76 p. Ed. Casterman







La malédiction des trente deniers (Tome 1)
Échaudé par les suites de Lucky Luke et d’Astérix à la mort de leurs créateurs, je n’avais pas, contrairement à des milliers d’aficionados, osé lire celles imaginées par les successeurs d’Edgard P. Jacobs pour la série culte Les aventures de Blake et Mortimer. Or, je me suis laissé tenter avec cette nouvelle histoire publiée à 550 000 exemplaires signée Jean Van Hamme qui nous transporte dans l’Athènes des années 50 à la recherche d’un coffret ayant appartenu à nul autre que Judas l’Iscariote. Coffret dont le contenu recèle toute la colère divine et qui pourrait assurer à son possesseur le pouvoir absolu. Dans un cadre familier où les dessins demeurent fidèles à la tradition grâce à René Sterne (décédé avant d’avoir terminé), on y retrouve le flegme britannique, les nombreuses références historiques et ce savoureux manichéisme qui oppose toujours nos héros à Olrik. Génial mégalomane du mal que l’on retrouve d’ailleurs flanqué d’un milliardaire nazillon tandis que Blake est cette fois plutôt affairé ailleurs. E.P Jacobs n’aurait pas renié.*** 1/2
Jean Van Hamme (scénar)
René Sterne (dessins)
Chantal De Spiegeleer (dessins)
Ed. Blake et Mortimer 56 p.





Veena et les spectres du temps
Suite à la recommandation de l’ami Lucien Francoeur, c’est avec un intérêt amusé que je me suis plongé dans le Montréal alternatif des années 80 de la pulpeuse Veena. Une étudiante de l’Université McGill qui, au gré de 4 courtes histoires, voyagera dans le temps à la rencontre de légendes et de spectres à travers un style de dessins inspiré des cartoons des fifties américains. Si le personnage de Veena et ses références à la musique et à la culture underground demeure très intéressant, c’est celui du garçon qu’elle rencontre à la fin et qui lui relatera son adolescence inhibée et marginale, sans doute inspirée de la vie de l’auteur, qui s’avère le plus touchant. M’est avis que le bédéiste Éric Thériault devrait aussi développer ce filon en parallèle. ***1/2
Éric Thériault
Ed. Les 400 coups. 72 p.


Le tour des géants

Amateurs de vélo, il faut mettre la main sur cette bédé qui nous entraîne dans le Tour de France de 1910 où des 110 coureurs du départ seuls 41 «chanceux» franchirent la ligne d’arrivée. Outre les duels historiques, l’auteur nous fait plonger dans le froid, la boue, les magouilles, les sabotages, les erreurs d’itinéraire et, déjà, le dopage a travers une France dont l’Alsace et la Loraine sont occupées par les Allemands. On y apprend entre autre d’où vient le maillot jaune qui couronne le vainqueur d’une étape, comment les coureurs devaient se débrouiller seuls face à l’adversité et les pneus crevés et ça se lit d’un seul trait. ***
Nicolas Debon
Ed. Dargaud 78 p.

mercredi 13 janvier 2010

Appel à tous

« Sacrée famille ! »

Le projet «Sacrée Famille!» est une série radio-documentaire de 8 épisodes de 1 heure qui sera diffusée à la radio de Radio-Canada au cours de l’été 2010. Le concept de la série tourne autour du souper de famille du dimanche et du dialogue entre les générations. Dans bien des familles, le repas du dimanche donne lieu à des discussions animées entre les différents membres de la famille mais aussi, et surtout, entre les différentes générations. Cette série fait écho à ces discussions enflammées.

Nous cherchons des familles dans lesquelles il y a des conflits de valeurs et de points de vue entre les générations et qui prennent plaisir à en discuter ouvertement.

Chaque épisode porte sur une famille et un thème différent.

Dans chaque épisode, nous assisterons, sur place, dans une maison, au souper dominical d'une famille.

Autour de la table 2,3 ou 4 générations parleront de leur vision des choses en relation avec le sujet principal. Exemples de nos sujets :

MA FILLE (OU PETITE-FILLE) SE COMPLIQUE LA VIE
(Pour parler de la maternité: Enfants de pères différents, horaires de fou, garde-partagée...quel regard nos mères ou nos grands-mères portent sur notre vie ?)

MON FILS EST UNE "FEMME" AU FOYER
(pour parler de la paternité assumée)

MES GRANDS-PARENTS (ou parents) SONT PLUS FLYÉS QUE MOI
(pour parler de la vie en général et du rapport à la fidélité, à la fête, au plaisir, à la drogue, au sexe et la responsabilité sociale)

MA FILLE (mon fils) EST VIRÉE «DE DROITE»
(pour parler politique, vision sociale, état providence, santé publique, écoles publiques, nationalisme et…pragmatisme)

MON FILS (ma fille ou ma soeur) NE VEUT PLUS DE LA FERME
(pour parler de legs, de nos campagnes, de la réalité des agriculteurs, du
rapport au travail, à la ville)

MA MÈRE (ma fille, ou ma sœur) S’EST CONVERTIE À L’ISLAM
(pour parler de spiritualité, de vie intérieure, de politique internationale, de valeurs familiales profondes, de préjugés)

MON FILS (petit-fils ou ma fille) VEUT FERMER LA MINE
(pour parler d’environnement, de dualité entre l’économique
et l’écologique et des divisions que font naître certains gros projets industriels)

MON PETIT-FILS (fille) S’ÉLOIGNE DE SES RACINES
(pour parler d’immigration de 2ième ou 3ième générations et du choc culturel qui se vit différemment entre les générations, entre ceux qui sont nés ici et ceux nés autre part.)

La conceptrice-réalisatrice de l'émission est Isabelle Craig. Elle travaillera avec Joanne Comte, réalisatrice d’expérience. L’équipe de recherche est composée de Claude André, Karine Dubois et Marie-Pierre Chazel.

Si vous connaissez des familles « animées et pas plates pantoutte ! » veuillez me contacter via la section commentaires. Ceux qui concernes les noms et coordonnés des éventuels participants à la série ne seront pas publiés.

Merci

Klod

dimanche 10 janvier 2010

La révolution intérieure de Mano Solo



Entrevue puisée dans les archives persos qui intéressera peut-être les inconditionnels de Mano Solo... C'était pour la une du Ici à l'été 2M3. Il s'agit ici d'un modeste hommage que je lui offre. Point.

Verbe riche et propos sombre, Mano Solo nous a ébranlé dès la parution de son premier album  «La marmaille nue» en 1993. Chapitre au sein duquel il s’avouait atteint du grand mal. Depuis, ils sont une pléthore à s’être reconnus dans la désespérance magnifiée de ses 4 albums. Sans doute est-ce parce qu’avant d’être les chroniques d’une mort annoncée, les chansons de Mano Solo étaient aussi l’apologie du combat et de la dignité. Rencontre avec un résistant.

«J’ai deux nouvelles à vous annoncer, disait Mano Solo en 1995 en entrant sur scène. Une bonne et une mauvaise: la bonne c’est que je ne suis plus séropositif. La mauvaise; j’ai le sida ». Bang !

Il n’en fallait pas davantage pour que l’on ressente ses chansons à travers le prisme de la maladie. Nous disions même au journal, un peu cyniquement, d’album en album, qu’il faudrait bien un jour qu’il cesse d’annoncer sa mort vu que les progrès de la médecine l’éloignent de plus en plus de la fenêtre noire.

Oubliant au passage qu’il ne s’agissait peut-être pas, finalement, que des confessions d’un sidéen. Lit-on les poèmes de Beaudelaire comme les confessions d’un syphilitique ? Non, il s’agit plutôt d’une vision pessimiste du monde où de l’amertume naît le combat. Parce qu’après tout, on a le choix de se battre ou d’abdiquer. Comme il le dit à un ami trucidé dans Le monde entier («La marmaille nue»): «ce qui compte dans la vie ce n’est pas l’issue, c’est le combat. Et que rien que la beauté du geste te donne raison sur ce que tu détestes…».

Fond de commerce ?


Mais voilà, Mano est pointé du doigt par la Dame à la faux. Même qu’il avoue avoir retransmis le virus à quelqu’un d’autre sur Tu t’envoles («Les années sombres»). Alors qu’il y ait eu confusion, rien de plus normal. Qu’aujourd’hui il prétende que ses chansons ne parlaient pas de cela, grand bien lui fasse. Mais étions-nous tous si cons ? Bien sûr, c’est la faute aux journaleux, qui d’autres ? «Le public lui, il a compris. Je n’ai jamais basé mon discours là-dessus. Je n’ai pas à me situer par rapport à ça. Ce sont les gens qui le font. Quant au fait que certains journalistes aient prétendu que le sida était mon fond de commerce, je m’en branle. Ce sont des gens qui ne sont jamais venus à mes concerts. Tant pis pour eux. Tu sais, j’ai mis ça dans une chanson (Pas du gâteau) et après tout le monde est resté accroché sur cette pièce. Prends un mec comme Brassens, il a fait au moins cinquante chansons sur la mort et personne n’a dit que c’était un chanteur qui ne parlait que de ce sujet», poursuit celui qui craque aussi pour Lhasa.

«Les médias, ils sont tellement cons que ça leur a bien plu d’avoir une tête de Turc. Moi, je n’ai pas cherché à nier quoi que ce soit. J’ai dit les choses que j’avais à dire quand j’ai cru que je pouvais être utile à quelque chose. Quant aux connards qui veulent m’enfermer là-dedans ce sont les mêmes qui fabriquent les ghettos et l’exclusion», analyse le fort en gueule qui bien qu’il ait troqué engueulades dans les bars pour les jeux vidéos n’en a pas moins perdu son goût du combat.

La bataille

«Ouais, c’est vrai que je ne vais plus dans les bars. Quant à play station, j’adore, rigole-t-il un peu mal à l’aise. C’est tellement délicieux de perdre son temps comme ça et d’arrêter de réfléchir. Les jeux que je préfère ? Ceux de baston : de boxe, de karaté ou bien ceux ou l’on tue tout le monde et on bombarde la terre entière. Des jeux violents avec du sang et tout… », s’esclaffe ce nouvel amateur de boxe qui fera un titre sur une compil visant à financer les activités de Boxing beat.

Un regroupement de boxeurs qui tente de faire bouger les choses dans ce milieu. En ouvrant des salles en banlieue, notamment. «Je suis bien branché avec la boxe en ce moment. Ce qui me fascine là-dedans c’est de voir que les mecs sont quasiment prêts à donner leur vie pour un truc complètement illusoire. Qu’il y ait presqu’une envie de mort envers un adversaire qui ne leur a rien fait, c’est un truc que je n’arrive pas à cerner. On a beau être très intelligent, on ne pourra jamais comprendre. C’est ça que je trouve magique dans la boxe. Puis les personnages, lorsqu’on les côtoie, c’est encore tout un monde quoi. Et on y comprend encore moins que rien. Tout ce que l’on a pu croire sur la psychologie des gens devient dérisoire. On repart à zéro. Ces athlètes, je les regarde comme des extra-terrestres, ils m’impressionnent vachement. Et tant que je n’arriverai pas à comprendre ce qu’il y a derrière, ça m’intéressera».

Comme la vie, l’amour, la mort. Tout ce qui nous rattache à l’univers de ce gladiateur du sentiment qui se reconnaît aussi dans le combat que mène José Bové, l’agriculteur qui défend le rocquefort et une certaine idée de la France. «J’ai grandi dans un idéal soixantehuitard, dans un esprit de révolution. Je suis dégoûté de voir comment les gamins d’aujourd’hui s’en balancent complètement. Pour eux, le pognon est la seule carotte qu’ils connaissent. La France a voté pour la gauche en 81 puis les gens ont attendu que Mitterand soit socialiste à leur place. Finalement, la gauche, le respect et toutes les bonnes choses que l’on pourrait s’apporter ce n’est pas dans les urnes qu’on les trouve. Moi, je me reconnais bien dans le combat d’un mec comme José Bové. Il me rappelle mon enfance. La forme d’action qu’on m’a appris à avoir : le terrorisme non-violent. Je suis entièrement avec lui.»

En attendant la suite des choses, Mano Solo poursuit inlassablement sa révolution intérieure. Cette révolution qui nous parle de liberté, de courage et de dignité.


Pour écouter le dernier album paru en septembre 2009

Je suis venu vous voir

vendredi 8 janvier 2010

À l'agenda


Igloo igloo
Non, il ne s’agit pas d’un concours de beuverie (quoique…) mais bien de l’Igloofest qui est né lors du Piknic des neiges de 2006. Lequel reprenait l’idée, mais à moins 25, du désormais incontournable Piknic électronik qui se déroule, lui, sous le soleil exactement. Cette année encore, les quatre organisateurs promettent des soirées festives aux rythmes des dj locaux et internationaux aux milliers de danseurs qui se réuniront dans une structure industrielle au Quai Jacques-Cartier dans le Vieux Montréal. Neuf rencontres démentielles où petit vin chaud, hallucinations visuelles et musique extra entraînante braveront le froid. 18 ans et plus.
Igloofest
14-16, 21-23 et 28-30 janvier
Quai Jacques-Cartier
Vieux Port de Montréal
http://www.igloofest.ca/



Le loup des steppes
Johnny Ze Wolfe sortira de sa tanière en janvier histoire de nous prouver, malgré les prétendants au titre, qu’il demeure encore et toujours le seul et unique Roi Ponpon. Si nous avons tous entendus parler des ses frasques à Québec où il a enguirlandé son public, le génial histrion s’est fait pardonner d’éclatante manière lors des ses prestations scéniques montréalaises de novembre dernier. Accompagné de seulement trois musicos, mais quelle pointure !, Leloup nous balancera une dizaine de titres de son plus récent album Mille excuses, Milady, quelques pièces de Mexico et d’autres de La Vallée des réputations en plus des Fourmis. Atmosphère de grand-messe à prévoir pour le sorcier qui sait comment créer la transe dans une salle.
Métropolis
14 et 16 janvier 20h30
12 février



Les Bourgeois c’est comme des cochons…
Plus ça devient vieux, plus ça devient bêtes…chantait Brel. C’est ce qu’il nous sera loisible de revérifier au TNM avec la présentation du célèbre Bourgeois gentilhomme de Molière. Cette bidonnante comédie-ballet dans laquelle un riche vendeur de drap, M. Jourdain, se la joue noble afin de pourvoir tromper sa femme avec une jolie marquise. Dans une mise en scène de Benoit Brière avec, notamment, Guy Jodoin dans le rôle titre, Sylvie Léonard et Nathalie Malette c’est au total 21 comédiens et danseurs qui se déploieront pour nous prouver que non seulement le ridicule ne tue pas mais il est aussi parfois fort agréable.
Au Théâtre du Nouveau Monde
Du 12 janvier au 6 février
http://www.tnm.qc.ca/saison-2009-2010/Le-Bourgeois-gentilhomme/Le-Bourgeois-gentilhomme.html



Tout pour le rock
Les punks vous intriguent ? Vous voulez savoir c’est quoi la véritable vie d’un band underground qui tangue entre l’abîme et l’allégresse ? Mettez la main sur touchant et marrant dvd WD 40, Né pour être sauvage qui raconte l’histoire de la décapante formation country-punk-rock qui est passée d’obscure à groupe culte sans jamais véritablement connaître l’entre-deux.


mardi 5 janvier 2010

Salut Tibet !

Voici un communiqué de presse publié intégralement au sujet de la carrière du célèbre bédéiste Tibet co-créateur du héros journaliste de La Rafale, Ric Hochet



Né le 29 octobre 1931 à Marseille, pays de la galéjade et du soleil, le petit Gilbert Gascard devient TIBET par la grâce d'un frère aîné -de 18 mois- qui prononce plus facilement 'ti-'bet que Gilbert. Il n’a pas 5 ans lorsque sa famille émigre en Belgique et 10 ans lorsque elle s'installe au centre de Bruxelles, tout près de la petite rue du Bon-Secours où figure maintenant une fresque murale illustrant sa BD fétiche «Ric Hochet». A 16 ans, il débute comme assistant dessinateur au studio de graphisme de Tenas & Rali. Il y collabore ainsi à «Mickey Magazine» et s’y lie d’amitié avec le jeune romancier André-Paul Duchâteau qui s'applique à inventer des énigmes. En 1949, l’hebdo «Héroïc-Albums» accueille son premier héros personnel: un privé coriace, tendance Série Noire, «Dave O'Flynn».


En 1950, Tibet devient maquettiste-illustrateur au journal «Tintin» et, sur un scénario (non signé) de Duchâteau, il crée la première histoire complète jamais publiée dans ce périodique: «Yoyo s’est évadé ». Il enchaîne avec divers personnages éphémères comme «Titi et son chien Tutu», «La Famille Petitoux», etc. Toujours avec son compère A.P. Duchâteau, il publie sa première aventure à suivre dans le périodique flamand «Ons Volkske»: «De Avonturen van Koenraad» («Les Aventures de Conrad»), une bande humoristico-chevaleresque.



En 1953, répondant au souhait de Raymond Leblanc, directeur-fondateur des Editions du Lombard, Tibet publie «Les Aventures de Chick Bill en Arizona» dans cette même revue et dans son équivalent francophone «Chez Nous – Junior». Outre le cow-boy Chick Bill, ce western destiné au très jeune public met en scène l’Indien Petit Caniche, le shérif Dog Bull et son souffre douleur Kid Ordinn, des personnages à tête d’animaux dans le style de Disney. Progressivement, Tibet humanise les traits de ses personnages. Dès le quatrième épisode («Kid Ordinn, le Rebelle»), les héros prennent les visages qu’on leur connaît aujourd'hui. Tout en continuant cette série dans «Chez Nous Junior / Ons Volkske», Tibet dessine des histoires plus brèves de «Chick Bill», puis de «Kid Ordinn» (ces dernières intitulées «Kidordinneries») dans l’hebdomadaire «Tintin». L’ensemble compose un véritable petit théâtre de comédies sur fond d'Ouest américain. A l'heure actuelle, la série «Chick Bill» compte 70 albums édités par Le Lombard.





A partir de 1954, Tibet intensifie sa collaboration avec «le Journal de tous les Jeunes de 7 à 77 ans». Il réalise alors un unique récit avec Pat Rick et Mass Tick («El Moco le Terrible»). En 1955, sur un scénario d’André-Paul Duchâteau, il met en images la première enquête de «Ric Hochet», petit crieur de journaux puis reporter au quotidien «La Rafale». D’abord personnage d’histoires complètes et d’énigmes illustrées, le perspicace et téméraire journaliste d’investigation connaît ses premières affaires policières à suivre à partir de 1961. Il a désormais à son actif 76 énigmes résolues en autant d’albums édités par Le Lombard. Le tome 77 de « Ric Hochet » est prévu pour mars 2010.



Parallèlement, en 1956 et 1957, Tibet dessine les éphémères «Globul le Martien », «Alphonse» (avec René Goscinny) et «Mouminet» (avec Greg). Fin 1958, Tibet imagine le personnage de «Junior», le jeune président du «Club des Peur-de-Rien», une série qui se poursuit dans «Chez Nous - Junior/ Ons Volkske» jusqu’en 1976, puis, le temps d’un dernier épisode, dans «Tintin», en 1979. De 1962 à 1967, il dessine les personnages des «3 A», une bande animée par Mittéï, pour les décors, et par Michel Vasseur (alias André-Paul Duchâteau), pour le scénario. Caricaturiste de talent, Tibet réalise également, de 1971 à 1972, sa célèbre «Tibetière» où il croque les vedettes du cinéma, de la BD, du sport et du spectacle. Il n'est pas rare de reconnaître dans ses BD, des personnages dont la physionomie rappelle furieusement celle de personnalités connues de tous... ou de son entourage.



En 2006, osant ainsi une toute première infidélité au Lombard en plus de 50 ans de carrière, Tibet a publié le premier tome de «La Révolte d’Aldo Remy» chez Glénat.



En octobre 1998, dans le cadre de son émission annuelle «Philatélie de la Jeunesse», la Poste belge a émis un timbre «Chick Bill/Ric Hochet». En septembre 2000, en hommage aux 50 ans de fidélité dont Tibet a fait preuve à son égard, Le Lombard a édité «Tibet, la Fureur de Rire» (collection «Auteurs Lombard»), une luxueuse monographie abondamment illustrée de dessins inédits rédigée par Patrick Gaumer (co-auteur, entre autres, de l'incontournable «Larousse de la BD»). Deux mois après, Jack Lang, alors ministre de l’Education nationale, a remis à Tibet, au nom du gouvernement français, les prestigieux insignes de Chevalier des Arts et des Lettres. En septembre 2002, le maire de Roquebrune-sur-Argens (Var), lieu de villégiature préféré de Tibet, a inauguré un Boulevard «Ric Hochet». En mai 2005, à l’occasion des 50 ans de carrière de «Ric Hochet», Tibet a été fait Citoyen d’Honneur de Bruxelles par le bourgmestre de la Ville. En octobre 2006, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture, a élevé Tibet au rang d’Officier des Arts et des Lettres. Ajoutons à ces prestigieuses distinctions, une multitude de «Grand Prix» décernés dans la plupart des Festivals de la BD en Belgique, en France et au Québec.



En février 2007, Tibet a changé totalement de registre et surpris les bédéphiles et les amateurs de vraie littérature en publiant, sous le titre «Qui fait peur à Maman ?» (Editions «L’Esprit des Péninsules»), un recueil de souvenirs de jeunesse sans aucun dessin. Préfacée par son ami Salvatore Adamo, cette chronique douce-amère empreinte de pudeur, de nostalgie et d’humour révèle, en une suite de courts chapitres, ce que fut son enfance et son adolescence.

dimanche 3 janvier 2010

Bonne route Lhasa



Le 1er janvier, vers 23h15, Lhasa, 37 ans, la Grande Prêtresse des âmes exaltées s'est envolée à Montréal après une longue lutte contre le putain de crabe.

J'ai eu le bonheur et le privilège de la côtoyer et je conserverai un souvenir impérissable de nos nuits à écouter Mano Solo et Bashung en buvant du thé au jasmin dans son appartement de l'Avenue du Parc ou le mien alors sur le Plateau.

Je vous laisse une captation de ce concert magique qu'elle a livré devant quelques dizaines d'amis le 10 avril dernier dans le loft du génial Pat Watson à Montréal. Un artiste et ami dont elle a également contribué au rayonnement.

Nous subodorions, ma potesse Lousnack, sa fille et moi, que nous vivions alors un moment historique. Aujourd'hui, nous savons que nous avons touché à la grâce éternelle.

Merci pour tout Lhasa et repose en paix.