mardi 13 novembre 2007

France D'Amour: Le goût des autres


Si l’enfer c’est les autres, le bonheur serait-il les uns ? Tout porte à croire que si lorsque l’on rencontre France d’Amour.

Claude André

C’est qu’elle s’est tricotée un p’tit bonheur et une place enviable au sein du gotha de la pop kèbe, cette émule de Rickie Lee Jones dont les deux coups de cœurs musicaux de l’année en cours sont les albums de Tricot Machine et Avec pas de casque qu’elle a repérés grâce à l’émission Baromètre diffusée à Vox.

Avec son nouveau disque optimiste et hop-la-vie aux accents rock parfois assez vitaminés, ses allusions aux Leloup, Colocs et autres Bélanger s’écouleront assurément à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires tant la fille casquée possède le sens de la mélodie qui tue. Cependant, tout le mystère qui entoure le succès de la chanteuse ne se limite pas à sa musique. Que des fans collectionnent tout sur elle est banale. Mais qu’une Française, qui l’a découverte en vedette américaine de Garou, décide d’immigrer ici pour s’en rapprocher et assister à tous ses spectacles peut en dire plus long. Cas isolé, certes, mais il démontre peut-être en partie pourquoi le public de France D’Amour est composé majoritairement de femmes. En plus de vraiment s’intéresser aux autres, de ne pas jouer les grosses têtes, et d’assurer une image de fille forte et intrépide, la chanteuse qui dit avoir une propension naturelle au bonheur fait également office de grande sœur pour tout un pan de jeunes filles (et moins jeunes) qui vivent pas procuration ses histoires ou se sentent réconfortées par ses chansons. Comme se sera le cas avec des titres comme Ma sœur ou Le bonheur te fait de l’œil.

Émoi, émoi, émoi

À 40 balais bien sonnés, France D’Amour considère avoir «fait le tour de son nombril» mais cela n’explique pas tout au sujet du concept des autres qui se dessine en filigrane tout au long de l’album. Cela serait-il imputable à l’âge qui rend plus humble ? À une thérapie ? «Le concept a commencé avec une chanson que j’ai faite pour ma sœur dont c’était l’anniversaire et qui n’allait pas bien. Je lui ai organisé un surprise party et tout. Une des personnes avec qui j’ai fait l’album m’a suggéré de l’intégrer. Ensuite, j’ai fait une chanson pour mon band qui s’appelle D’amour PQ. Les gars, avec leur petit côté orgueilleux, on tellement trippés. Puis ensuite, la chanson qui s’appelle Les autres. Je n’ai pas prémédité ce concept mais quand j’ai réalisé avec le recul que j’avais fait le tour de mon nombril dans les autres tounes, il s’est imposé. Puis lorsque tu parles des autres, tu parles de toi aussi ». Justement, difficile, pour une femme de surcroît, d’enfiler la guitare de rockeuse à 40 ans ? « Moi, personnellement, je trippe à vieillir. Je ne voudrais pas être con comme je l’étais à 20 ans. Le corps ? Ouais, c’est la seule chose un peu dommage», raconte la belle avant que l’on cause de la chanson sur le Québec Je l’appelle ma maison. « Moi, j’adore les Québécois. À 20 ans, je n’aurais pas pu dire cela, je ne connaissais pas mon monde. Avec une journaliste, on en est venue à la conclusion, en parlant des accommodements, que c’est comme si le Québécois avait été un gros boutonneux il y a ben longtemps et serait devenu un Brad Pitt qui pense encore qu’il est un gros boutonneux ! »

France D’Amour
Les autres
Tacca/Select

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