samedi 16 octobre 2010

Grand Corps Malade : Troisième temps








Le hasard des rencontres





Avec «Troisième temps», Grand Corps Malade confirme que le texte déclamé ponctué d’ambiances sonores a encore de bonnes années devant lui.

Claude André

Après «Midi 20» qui lançait une petite bombe d’enthousiasme en 2006, Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade publiait «Enfant de la ville» en 2008. Un chapitre plutôt décevant pour les partisans de la première heure surtout sur le plan musical.

Puis, le 18 octobre prochain, il dévoilera «Troisième temps». Une sortie beaucoup plus enthousiasmante. Comme si ce récent papa du petit Anis (4 mois 1/2) pour lequel il  d’ailleurs slamé un texte, avait décidé de s’offrir une véritable direction artistique. Il suffit pour s’en convaincre de visionner le clip 
Roméo kiffe Juliette (voir plus bas). Une relecture du célèbre conte qui implique cette fois une juive et un musulman.

«C’est moi qui ait écrit les textes et j’ai également choisi les musiques issues de plusieurs compositeurs différents. Ensuite, une fois en studio, pour diriger les musiciens et arranger les morceaux, je me suis appuyé sur Dominique Blanc-Francard. Un grand monsieur qui a bossé avec Dutronc, Gainsbourg, Françoise Hardy et plein d’autres», souligne GCM qui a effectué sa sélection parmi les nombreuses musiques reçues de compositeurs et celles proposées après qu’il eût sollicité des amis compositeurs dont Yann Perreau pour 
À Montréal. « La seule recette que j’ai trouvé pour choisir c’est au feeling. Il fallait que la musique serve le texte et que les deux se trouvent. C’est pour cela qu’il y a autant de compositeurs différents. Ce n’était pas un choix. Si un compositeur m’avait fait des musiques qui collaient à tous les textes, j’aurais choisi ce dernier.»


Je reviendrai à Montréal


Pour À Montréal, le texte qu’il avait déjà écrit en guise de surprise à son avant dernier passage chez nous à la Place des Arts, la rencontre avec Yann Perreau a été initiée grâce à un éditeur. « Je me suis dit : qui mieux que Yann Perreau par son talent et sa connaissance de Montréal pourrait illustrer ces paroles ? Alors je lui ai envoyé le texte a capella par internet et il m’a retourné une musique avec trois proposition d’arrangements dont une qui m’a semblée parfaite», poursuit le slameur qui adresse un clin d’œil à Charlebois sur cet album où l’on en retrouve également à Renaud et Dutronc en plus d’un duo avec Charles Aznavour pour le très beau Tu es donc j'apprends dont il a écrit les paroles et Aznavour la musique.


Parmi les autres heureux rendez-vous du hasard qui émaillent cet encodé, il a celui avec un chauffeur de taxi très politisé qui lui reproche d’écrire pour Johnny Hallyday, un pote à Sarkozy, et lui balance qu’un bon chanteur doit être un chanteur engagé (
Rachid Taxi). Il a raison ? «Je pense qu’un chanteur engagé est forcément un bon chanteur (rire), mais est-ce qu’un bon chanteur se doit d’être engagé, ça je ne le sais pas. Mais il est vrai que lui c’est un passionné de politique. Lorsqu’il me reproche d’avoir écrit pour Johnny, je lui réponds qu’avant d’être un pote de Sarkozy, il s’agit de l’un des plus grands interprète français, d’une légende de la chanson. Il faut voir un peu au-delà de la politique», poursuit Fabien qui se sent encore aujourd’hui beaucoup plus à l’aise dans les soirées slams que sur les plateaux de télé notamment parce qu’on y trouve pas le temps de vraiment discuter.

En attendant son retour sur les scènes montréalaises prévu pour septembre ou octobre 2011, voici un disque qui nous réconcilie avec un artiste qui, à son façon, comme le disait San Antonio (Frédéric Dard) de Renaud, fait le «boulot de Verlaine avec des mots de bistrots.»



Grand Corps Malade - Roméo kiffe Juliette



À Montréal (extrait)


Me revoici à Montréal
On m’a dit qu’ici l’hiver est dur 
Alors je suis venu au printemps 
Six mois dans le froid c’est la torture
Si peux éviter j’aime autant 
Ce matin le ciel est tout bleu 
Et je sens que mon cœur est tout blanc
Je veux connaître la ville un peu mieux
Je veux voir Montréal en grand 
J’ai plutôt un bon a priori 
Parce que les gens sont accueillants
Y’a plus de sourires qu’à Paris 
Puis surtout y’a leur accent 
Mis à part quelques mots désuets
 Ils parlent le même langage que nous 
Mais pour l’accent je sais leur secret
 Ils ont trop de souplesse dans les joues 
Au niveau architecture Montréal c’est un peu n’importe quoi
Y a du vieux, du neuf, des clochers, des gratte-ciel qui se côtoient 
Mais j’aime cette incohérence
L’influence de tous ces styles 
Je me sens biens dans ces différences
je suis un enfant de toutes les villes 
Y’a plein de buildings sévères et y’a des grosses voitures qui klaxonnent 
Et des taxis un peu partout c’est l’influence anglo-saxonne
Y’a des vitraux dans les églises 
et des pavés dans les ruelles 
Quelques traces indélébiles 
De l’influence européenne 
Y des grands centre commerciaux et des rues droites qui forment des blocs 
Pas de doute là-dessus, Montréal est la petite sœur de New York 
Y’a des p’tits des p’tits restos en terrasses, un quartier latin et des crêperies 
Pas de doute là-dedans, Montréal est la cousine de Paris 

Grand Corps Malade 

1 commentaire:

annecampagna a dit…

un tres beau texte, de la poésie années post-moderne?