vendredi 12 novembre 2010

Le coeur d'Auschwitz, une enquête bouleversante

Puisqu'il sort en dvd cette semaine, revoici mon texte sur ce film magnifique écrit au moment où il était présenté en salles. 


Un cœur dans l’horreur

Même au milieu de l’horreur, la grandeur de l’âme humaine peut parfois fleurir et traverser le temps.

Claude André

Alors qu'il s'est retrouvé au Centre commémoratif de l’holocauste de Montréal par hasard parce qu’il attendait un rendez-vous, le documentariste Carl Leblanc a posé son regard sur un objet qui l’a illico fasciné : le cœur d’Auschwitz.

Pas plus gros qu’un caillou, cet objet en forme de cœur et recouvert d’un tissu arborait un «F» brodé. Se déployant tel des origamis, il contenait une dizaine de page de papier collées entre-elles sur lesquelles étaient inscrits des vœux signés, parfois d’un simple prénom.

L’objet avait été confectionné dans le plus grand secret par des codétenues qui l’ont offert, le 12 décembre 44, à la jeune Fania qui célébrait ce jour-là ses 20 ans à …Auschwitz.

Une histoire touchante

Au moment d’écrire ces lignes votre interlocuteur ressent encore une profonde émotion qui lui dresse les follicules pileux au garde-à-vous : huit ans après sa visite au Centre commémoratif, Carl Leblanc nous livre un film qui s’avère un triomphe des mots et des petits gestes d’apparences banales sur l’horreur la plus abjecte.

Puisqu’il ignorait s’il tenait une  histoire, Leblanc qui a pu s’appuyer sur le travail exceptionnel de la recherchiste Catherine Pelchat, a entrepris de filmer l’enquête. Son but était non seulement de retrouver la fameuse Fania devenue octogénaire mais également ses compagnes d’infortunes s’il en restait encore en vie.

On ne vous dévoilera pas les effets chocs mais, parmi les moments porteurs d’une lourde charge émotive, mentionnons le retour à Auschwitz de Fania, la réunion de rescapées qui comparent leur numéros tatoués à l’avant bras, cette petite fille au Centre commémoratif fasciné par le cœur qui arbore le keffieh palestinien, une rencontre intergénérationnelle bouleversante dans une école franco de Montréal et, notamment, la chanson de fermeture de Daniel Bélanger, La folie en quatre, on ne peut plus pertinente et en français (bravo à Leblanc pour sa détermination) !

Bien qu’en première partie le docu semble aller nulle part, et c’est ce que souhaite nous partager le réal, on se retrouve donc avec un casse-tête qui, au gré des voyages en Israël, au Brésil, en France et en Allemagne, finit par constituer une œuvre d’une profonde beauté qui touche à l’universel : la noblesse du cœur. ****/5


1 commentaire:

annecampagna a dit…

Un autre beau texte!