mercredi 9 novembre 2011

L'homme qui voulait vivre sa vie avec Romain Duris



Je est un autre

Une performance éblouissante de Romain Duris dans un thriller existentiel composé de ruptures de ton très efficaces.

Paul Exben (Romain Duris), un avocat financier parisien à la belle gueule, roulant en BM et portant des complets top classe, mène une vie professionnelle rayonnante, mais semble déchiré intérieurement. Côté sentimental, sa femme (Marina Foïs effacée), apprentie auteure peu épanouie dans son rôle de femme au foyer, remet en question leur couple au risque de briser la famille qui compte deux jeunes enfants.

Alors qu’il découvre que sa femme à un amant, Paul décide de lui rendre visite sous prétexte d’évoquer leur passion commune pour la photo. Au gré des circonstances, il commet l’irréparable. Ce qui le contraint à s’exiler et à entamer une nouvelle vie, celle dont il a toujours rêvée.

Reposant sur le jeu du très convaincant Romain Duris, le film réalisé par Éric Lartigau est une adaptation du très touffu roman du même nom de Douglas Kennedy où il explorait, comme il l’a dit lui-même, « l’idée que chaque homme est très doué pour construire sa propre prison, le mariage étant la prison la plus commune ». Ce qui aurait pour effet, selon l’écrivain, de souvent distiller un sentiment confus de culpabilité dans le couple.

L’exil
Romain Duris est formidable dans L'homme qui voulait vivre sa vie.

À travers la transformation de Paul – qui n’est pas sans rappeler le très beau film Vila Amalia (2008) avec Isabelle Huppert, qui portait aussi sur la fuite de soi à l’ère hypermoderne –, nous assistons aussi à une sorte de rédemption.

Grâce à son talent inouï de photographe, Paul réalise le rêve de Greg, son ancien rival, un photographe free lance, à qui il a emprunté sa nouvelle identité.

Au second degré, on assiste également à une critique de la société contemporaine fondée sur l’apparence, le vide et la marchandisation de la beauté, qui se greffent à un plaidoyer pour les arts – ici, la photo – ainsi qu’à une exploration captivante d’un fantasme propre à la plupart d’entre nous : « Et si je changeais de vie? ».

Le parti pris pour les petites gens – transposé par une démarche proche du documentaire au moyen de magnifiques images de la vie autour d’un port de Serbie, vu par un ancien bourgeois qui trouve enfin son identité – servira de manifeste en faveur de l’authenticité.

Ce sacro-saint imaginaire moderne dont tout le monde se réclame mais que peu de gens, finalement, osent réellement assumer.

Malgré sa conclusion plutôt bancale, ce film à suspense composé de ruptures de ton entre tension et liberté vous fera passer un sacré bon moment.


*** 1/2

L’homme qui voulait vivre sa vie est présentement à l’affiche au Pine et au Beaubien à Montréal.




Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a publié ce texte dans son édition de cette semaine.

1 commentaire:

annecampagna a dit…

un petit bijou de texte pour un film que justement je me demandais si j'allais aller le voir ou non, et bien oui, je vais y aller certainement, surtout Douglas Kennedy est un écrivain américain qui passera a l'histoire de la littérature américaine je pense.