samedi 9 octobre 2010

Entretien avec Lara Fabian

La variété assumée

Récemment de passage pour présenter son dernier album Toutes les femmes en moi, la discussion avec Lara Fabian a bifurqué un bon moment sur «l’opposition» musique de variété vs «intellichiante».

Claude André


Adulée des uns, figure horripilante pour les autres, la chanteuse à voix Lara Fabian ne laisse personne indifférent. Elle présente ces jours-ci un album (paru en France en 2009) de reprises de succès voire de classiques créés par des femmes contemporaines ou décédées de Piaf à Céline Dion en passant par Maurane, Catherine Lara et autres Françoise Hardy. En guise de remerciement, elle a adressé à chacune d’entre-elles une lettre leur expliquant en quoi ces dernières ont marqué sa vie et façonné la femme qu’elle est devenue. Intrigué, nous lui avons posé quelques questions en fonction de confidences glanées dans le livret en question.

Dans la lettre à Barbara, tu parles de l’opposition entre musique populaire et «intellichiante». Est-ce que tu crois qu’il y encore un  clash entre les deux ?
Moi non, mais vous les journalistes, oui.

Faux, la preuve c’est que je suis ici avec toi aujourd’hui (sourire).
Ça ne veut rien dire (rires). Mais il est vrai que la France est davantage portée vers ce genre d’opposition tacite et subliminale.

On peut être à la fois fan de Johnny et Sardou et de Desjardins, Brel ou Ferré…
Regarde, eux autres, ils ne disaient pas qu’ils n’étaient pas des chanteurs populaires. T’écoute Brel ou Ferré, c’était des chanteurs de variété, ils le disent. Seulement, il y a une gang de savants, intellichiants de la gauche caviar, qui a décrété que les deux mondes ne s’appartiennent pas. C’est de la connerie. Excuse-moi, mais quand tu lis Les Vieux amants de Brel et que tu l’entends chanter et bien on est dans le même monde que Bénébar aujourd’hui. Les deux font dans la variété et cela signifie : multitude. Pas cochonnerie.

Oui, mais prends Aznavour, il enrobait ses chansons de façon beaucoup moins sirupeuse dans les années soixante-dix qu’aujourd’hui…
J’ai mangé avec lui il n’y a pas plus tard qu’une semaine et Monsieur Aznavour me disait : «Je suis un chanteur de variété, je l’ai toujours été et je le revendique». Et au profit d’une intelligentsia vidé de sens nous sommes obligés de définir les gens par des groupes différents.

Je remarque que les reprises des chansons d’Aznavour plus récentes, je reviens à cela, deviennent plus disons «convenues» et en ce sens, plus variété sur ses derniers enregistrements.
Variété veut dire chanter une multitude de thèmes dans une multitude d’arrangements. C’est vraiment ça la base. Tu pouvais faire une chanson medium tempo, up tempo, hyper balade ou avec un trio violoncelles alto en encore tout simplement guitare/voix. Donc, ton spectacle était rempli d’une panoplie couleurs. Or, aujourd’hui, quand les gens disent variété, ils l’attribuent à une qualité moindre, vidée de son essence et c’est ça qui est incroyable. On écoute même plus : As-tu lu les textes? Tu as écouté les arrangements ? Tu sais qui est l’ingénieur qui a capté la voix ? Allô ! On t’a dit qu’il s’agit d’une chanteuse de variété, tu as mis une étampe dessus et tu n’as même pas écouté l’album. Donc, je ne me bats pas contre ça, car on ne peut se battre contre la connerie.

Pourtant certains artistes, je pense à Raphaël, parviennent à plaire aux deux mondes, non ?
Exactement. Et c’est parce qu’il s’agit d’un chanteur de variété aussi. On pourrait en nommer d’autres aussi : Gainsbourg, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman… C’est très récent au fond cette histoire, 20 ans, tout au plus.

Il y a aussi les artistes de variétés d’autrefois qui deviennent hyper «chébrans» des décennies plus tard comme Dalida…Peut-être que les gens qui te regardent de haut aujourd’hui danseront sur tes chansons dans 30 ans ?
Je ne présagerai aucunement, en toute humilité, de ce qui sera…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'adore Lara Fabian mais je ne pense pas qu'on dansera sur du Lara Fabian dans 30 ans, j'espère me tromper :-)

ENFIN C'EST JUSTE MON AVIS