Journaliste culturel au «Journal Métro» (ex «24 H», «Ici», «Ici et là»...) et recherchiste, je cause cd, ciné et livres entre des commentaires politiques, des entrevues et un zeste d'humour frelaté.
mardi 6 juillet 2010
Piché : entre ciel et terre
Haute voltige
D’abord télésérie, puis téléfilm, ce drame biographique raconte la démarche héroïque du commandant Robert Piché, sauveur de 306 passagers d’un airbus moribond en août 2001, et des expériences antérieures qui l’ont permise.
En utilisant une approche très conventionnelle mais efficace sur le plan de la réalisation, ce long métrage relève de façon convaincante le défi posé par la modestie du budget final grâce à l’acuité mise en œuvre lors de la scène du vol historique, au jeu des Côté père et fils et, notamment, aux images en Jamaïque.
Ce qui nous rendra indulgent face à quelques anomalies telles l’ambulance format nord-américain aux Açores, l’enseigne un peu risible du centre de détox ou les blagues de mononc’. Enlevant. *** 1\2 (CA)
Entretiens :
Le réalisateur de secours
-Sylvain Archambault
Au départ, Érick Canuel devait réaliser de film. Est-ce que votre approche a suivi celle déjà établie ou vous avez complètement transformé le scénario ?
Le scénario était très valable mais ce n’était pas le genre de film que je voulais faire. Il s’agissait davantage d’un film d’action alors que moi j’ai pensé qu’on gagnerait plus à utiliser l’angle humain et à explorer la psychologie du personnage plutôt que l’aspect spectaculaire.
Vous brosser un parallèle évident entre le fait de prendre en main le destin des passagers et celui de le faire avec sa propre vie en lorsque l’on est alcolo et/ou toxico. Est-ce que selon vous, si Piché n’avait pas été de ce type de personnalité qui flirte avec l’abîme, il aurait eu l’instinct qu’il fallait au moment crucial ?
Je pense que le sang froid qu’il a dû développer en prison a été fondamental dans ses capacités à contrôler ses émotions et d’agir de la bonne façon. Il le dit lui-même, s’il n’avait jamais fait de prison, donc jamais eu la témérité de sa jeunesse qui l’y a conduit, il n’aurait jamais pu faire atterrir l’avion.
On voit souvent des passagers qui captent des images avec leur caméscope pendant la très réussie et stressante scène du vol historique. N’y aurait-il pas eu moyen cependant d’insérer de vraies images de passagers réels au film ?
Je ne pense pas qu’il y ait eu des vraies images de ces événements. J’ai inventé cela pour changer la texture du film. Il y a quelque chose de très crédible dans ce genre d’images qui fait en sorte que nous sommes encore plus présents, plus là. Mais oui, j’aurais adoré ça insérer des vraies images. Mais les passagers étaient des gens qui partaient de Toronto pour aller à Lisbonne, donc nous n’avions pas vraiment accès à cela…et il aurait fallu demander les autorisations etc…
-Robert Piché
L'art de planer
Le fameux 360 degré que vous avez décidé d’effectuer en plein vol et pour lequel le contrôleur aérien des Açores s’exclame : «il est fou !», l’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été un homme qui brûlait la chandelle par les trois bouts ?
Oui. Il s’agit d’une procédure que l’on fait habituellement en aviation lorsque l’on est trop haut. Moi, c’était surtout pour calmer le copilote qui en souhaitait un et ne pas perdre mon leadership que je l’ai fait. Quant au contrôleur aérien, il connait son domaine à lui... Un avion ça ne vole pas à cause de la réaction d’un moteur mais bien en raison de la réaction de l’air sur les ailes. Puisque que nous atteignions avait certaine vitesse en raison de la descente, nous pouvions faire ce que nous voulions avec l’avion malgré les moteurs qui ne fonctionnaient pas.
Est-ce votre passage en prison qui vous a permis de bien réagir au moment fatidique ?
Moi j’ai fait de la prison en Géorgie au nord de la Floride. Lorsque tu rentres là, tu n’as pas le choix de développer ton instinct de survie. Tu vis dans un milieu très hostile où la menace de l’attaque physique ou sexuelle est présente 24 heures par jour. La survie, tu n’en as pas besoin lorsque tu vis dans le monde normal, mais seize ans plus tard, je crois que mon cerveau, mon subconscient, se sont souvenus et m’ont donné les mêmes outils pour m’en sortir. Donc oui, ça été primordial le fait que j’aie déjà fait de la prison pour atterrir ce vol là.
Les scènes de prison relèvent quand même du folklore un peu, non ?
Pas pantoute mon homme. Tu vis dans une mini société où il n’y a pas de femmes. Ça se passe exactement comme à l’extérieur. Il y a des forts, des faibles, des gens qui rejoignent le camp des puissants. Nous autres du vendredi soir à 20 h00 au dimanche soir à 23 h00, c’était le free for all. L’alcool frelatée sortait, puis la dope, les punks s’habillaient comme des filles…Le gars qui est en dedans depuis 15 ans, sa pulsion sexuelle, il faut bien qu’il la sorte à quelque part.
D’aucuns vous ont reproché d’avoir transgressé une tradition propre aux associations anonymes en dévoilant votre appartenance aux AA dans le magazine La Semaine…
Il y a beaucoup d’écoles de pensée là-dessus… Je ne suis pas arrivé à la revue en disant : «Écrivez que je suis dans les AA», mais il y avait tellement de journalistes qui me harcelaient afin de savoir si j’avais arrêté de travailler à cause d’un abus d’alcool…Ils me suivaient pas à pas avec une caméra jusque dans les restaurants histoire de vérifier si je prenais un coup… J’en ai donc parlé à ma femme et d’un commun accord on a décidé de rendre la chose publique. Je me suis ensuite assis avec M. Charron de La Semaine et il m’a dit, lui qui est également un membre : «Je vais embarquer avec toé».
lundi 5 juillet 2010
Des nouvelles en format cd
Même prix, même format, on dirait des CD’s mais nenni, il s’agit bien de «novellas» de la toute nouvelle collection Kompak
Initiée par J.P April qui y signe le premier titre L’herbe est meilleure à Lemieux, cette collection qui parait chez YXZ est une idée à la fois sympathique, lumineuse et un peu pétée dont on s’étonne qu’elle n’ait pas vue le jour plus tôt.
Pour lancer la série, J.P April nous entraîne dans un camper Volskwagen crado qui rendra l’âme dans un petit bled perdu du Québec ; Lemieux. Les deux couples composés de jeunes dans la vingtaine qui l’occupaient vivront alors une aventure qui fleure bon la cigarette de clown et les trips inhérents au cannabisme. Ça se lit d’un trait et on sourit souvent, heureux d’y retrouver de nombreuses références locales, même si l’auteur a la fâcheuse manie d’appuyer parfois trop ses effets de style notamment avec les points d’exclamations.
Dans la seconde, Le seul défaut de la neige de François Barcelo, on pense à Fargo des frères Cohen pour le côté saugrenue de l’histoire : un simplet ( ?) de 22 ans, homme à tout faire dans une autre bourgade québécoise qui, pour rendre service à sa tante, enfin c’est qu’il pense, se retrouve avec un, puis deux, puis trois et finalement cinq cadavres à dissimuler en plein hiver.
Finement ciselés pas deux auteurs aguerris, les deux premier livres de cette collection (qui gèlent chacun à sa façon), augurent de bien belles choses pour la suite et se glisseront à merveille dans les sacs de plages des vacanciers en goguette. *** ½
Initiée par J.P April qui y signe le premier titre L’herbe est meilleure à Lemieux, cette collection qui parait chez YXZ est une idée à la fois sympathique, lumineuse et un peu pétée dont on s’étonne qu’elle n’ait pas vue le jour plus tôt.
Pour lancer la série, J.P April nous entraîne dans un camper Volskwagen crado qui rendra l’âme dans un petit bled perdu du Québec ; Lemieux. Les deux couples composés de jeunes dans la vingtaine qui l’occupaient vivront alors une aventure qui fleure bon la cigarette de clown et les trips inhérents au cannabisme. Ça se lit d’un trait et on sourit souvent, heureux d’y retrouver de nombreuses références locales, même si l’auteur a la fâcheuse manie d’appuyer parfois trop ses effets de style notamment avec les points d’exclamations.
Dans la seconde, Le seul défaut de la neige de François Barcelo, on pense à Fargo des frères Cohen pour le côté saugrenue de l’histoire : un simplet ( ?) de 22 ans, homme à tout faire dans une autre bourgade québécoise qui, pour rendre service à sa tante, enfin c’est qu’il pense, se retrouve avec un, puis deux, puis trois et finalement cinq cadavres à dissimuler en plein hiver.
Finement ciselés pas deux auteurs aguerris, les deux premier livres de cette collection (qui gèlent chacun à sa façon), augurent de bien belles choses pour la suite et se glisseront à merveille dans les sacs de plages des vacanciers en goguette. *** ½
samedi 3 juillet 2010
Faire rêver: entrevue avec Elisapie Isaac

Moi, Elsie
Au delà du folklore, la gypsie magnifique Elisapie Isaac distille des ambiances métissées de clairs obscurs folks et de bulles enivrantes pop.
Claude André
Rendez-vous dans un resto soufi d’Outremont. Resplendissante et sans maquillage, elle se pointe comme une étoile en plein jour. D’emblée, on ressent l’agréable impression que nous sommes face à une fille plus sympa et généreuse que la moyenne. Le ton est donné. Focus sur ce visage aussi fascinant que la lumière du Nunavik. Terre de glace qui l’a vu naitre et qu’elle chante ave tendresse et émotivité, sans discours politique ou revendicateur.
«Si j’avais voulu tenir un tel discours, j’aurais choisi un autre métier. Moi, je suis une chanteuse et j’ai besoin de faire rêver. Ce qui me drive dans la vie, c’est l’aspect poétique des choses. Je suis déjà une fille très concrète je pense, mais je trouve qu’il manque parfois de mystère, de choses nouvelles.» Photos: Valerie Jodoin Keaton
Cela dit, la quête identitaire est néanmoins toujours présente chez cette petite-fille d’un grand traditionnaliste inuk. On ne choisit pas l’exil montréalais, depuis maintenant onze ans, sans y laisser une part de soi. Elle a d’ailleurs réalisé un documentaire, «Si le temps le permet» à cet effet et ne manque jamais d’illustrer ses vidéoclips de nombreuses images, souvent époustouflantes, captées dans le Grand Nord.
Si on ne sait jamais vraiment qui nous sommes, Elisapie voit la chanson comme un mega trip qu’elle a toujours souhaité faire et ne veut surtout pas arborer l’étiquette de la «fille qui va nous montrer comment ça se passe là-bas». Bien qu’elle souhaite, à travers son œuvre, partager son bagage culturel de façon subtile et imprégnée d’une certaine approche peace & love. Influences de ces chères seventies, dont celle d’Abba, son groupe fétiche.
Chose que semble avoir très bien comprise Eloi Painchaud, réalisateur de There Will Be Stars. Le magnifique encodé post Taïma. Ce projet qu’elle partageait en duo avec le guitariste Alain Auger et qui nous l’a fait connaître en 2004 avec la publication de leur unique album.
«La rencontre s’est faite comme ça, dans un café, via l’intermédiaire de mon gérant qui est l’un de ses amis. Ça juste cliqué comme ça ne se peut même pas. Je crois qu’il a vu quelque chose dans mes petites chansons. Je lui ai fait entendre un démo en lui décrivant comment j’imaginais certains trucs et lui il comprenait. Sa vision des choses partait de la mienne et il a fait preuve d’une grande humilité. Au final, Éloi m’aura appris beaucoup de choses dont la nécessité rester moi-même et de croire en ce que je pense», raconte la belle entre deux gorgées de thé marocain.
Rester soi-même certes, mais dans un écrin de luxe!
Naissance d’une chanson
Comment est née la sublime chanson «Moi, Elsie» dont le texte est signé Richard Desjardins et la musique Pierre Lapointe ?
J’avais déjà rencontré Richard à l’événement Présence autochtone. Je le savais occupé mais, il y a deux étés maintenant, je l’ai appelé et lui ai demandé de m’érire une chandson. À ce moment là, j’ai compris qu’il acceptait alors je lui ai fait part de mes idées. En fait, il me l’a rappelé plus tard, je lui avais envoyé une lettre avec mes flashs et il s’en ait inspiré. Je n’aurais jamais pensé qu’il irait aussi que ça. Il décrit vraiment les choses comme elles se passent là-bas. Quant à la musique, mon gérant m’avait déjà recommandé Pierre Lapointe mais je ne voulais pas faire la fille qui s’emparait du buzz. Finalement, après avoir même essayé de faire la musique avec Éloi (Painchaud), je me suis dit : «why not ?». Ce que j’aimais de cette idée c’était la perspective qu’il trippe sur le texte et écrive la plus belle musique du monde. Une semaine plus tard la chanson était faite.
Les mots
Lexique qu’Elisapie a rédigé sur un bout de papier au terme de l’entretien en souriant . Elle qui se désole des nombreuses erreurs factuelles commises à son sujet.
Moi = Elisapie de Salluit (Nunavik)
Inuk (singulier)
Inuit (Pluriel)
Inuktitut (langue)
Nunavik (Québec)
Nunavut (Canada)
Pas moi= Les Innus (Montagnais)
vendredi 2 juillet 2010
Entretien avec Victor Démé
Victor Démé - Djon Maya
La douleur sublimée
Entre rock, folk, blues, rumba, salsa, afro mandingue et… country, le Burkinabè Victor Démé chaloupe des complaintes poignantes qui parlent au ciel.
Claude André
Il est de ces artistes dont l’art vous happe le cœur tel une romance au mois d’aimer. C’est un peu ce qui est arrivé à l’auteur de ces lignes dès qu’il a entendu les premières chansons du magnifique Deli, le second chapitre de Victor Démé.
Un artiste né au Burkina Faso qui a appris son métier en écumant les bars ivoiriens au sein du célèbre orchestre Super Mandé mené par la star Abdoulaye Diabaté.
Révélé au grand public européen avec son premier album éponyme paru en 2008, ce fils d’une célèbre griotte et d’un père tailleur a su, grâce à sa voix spirituelle, ses mélodies riches et son authenticité candide, se tailler à son tour une place privilégiée parmi les grands noms de la musique africaine.
Le disque en question s’est d’ailleurs retrouvé au cinquième rang des meilleurs vendeurs catégorie «musique du monde» pour l’année 2009 en France.
Mais la route fut parsemée d’embûches et de tragédies, dont le décès de sa femme et une maladie des gencives, pour cet ancien musulman, qui pour poursuivre sa carrière musicale, se serait converti au catholicisme.
Lorsqu’on lui demande de quoi cause ses chansons, le sympathique interlocuteur s’emporte depuis un taxi parisien : «La chanson «Deli», par exemple, parle de l’amour entre deux humains: si vous achetez un poulet, comme ça, et le gardez chez vous pendant deux semaines et qu’il tourne dans la cour vous n’aurez pas ensuite le courage de l’égorger car il fait désormais partie de la famille. Mais si on achète un poulet aujourd’hui, on peut le faire le jour même puisqu’on ne le connaît pas», raconte le plus sérieusement du monde l’artiste pour illustrer la marchandisation des sentiments et l’amour jetable avant de philosopher sur le fait que certains font des enfants sans amour et, qu’au final, ce sont ces derniers qui paient pour les pots cassés.
Mon ange
En juxtaposant l’aspect douleur mêlée d’espoir de sa musique avec le fait qu’il a dû, en dépit d’une extrême pauvreté, s’occuper seul de trois de ses six filles dans une commune du Burkina Faso après la mort de sa femme en 2005, on se demande si cette dernière, d’une façon ou d’une autre, lui a insufflé la force de persévérer ?
«Ouf, vous allez loin ! Au début, lorsqu’elle est partie, je croyais que j’avais tout perdu parce que c’est la fille qui a donné la vie avec moi et c’est aussi la seule fille qui a connu la galère avec moi. Je n’avais rien, je chantais dans les cabarets avec des maigres cachets et je faisais tout pour lui donner à elle et aux filles de quoi manger. Aujourd’hui, alors que je pourrais lui donner des conditions normales, elle n’est pas là», soupire Victor avant de confier qu’il a toujours le sentiment qu’elle l’accompagne et qu’il ne peut s’empêcher d’observer longuement les filles qui lui ressemblent lorsqu’il en croise sur son destin.
Vendredi 2 juillet à 20h et samedi 3 à 20h et 22h. Gratos.
mardi 29 juin 2010
Wop-pow-wow
Wop-Pow-Wow
MDCXLII-MMIX
Imaginée par le vétéran musicien montréalais Angelo Finaldi (Les Sinners, Révolution française...), voici l’histoire revue et corrigée de celui qui serait le premier Italien arrivé à Montréal en 1642 avec le Sieur de Maisonneuve et de sa rencontre avec les Iroquois.
Avec des acolytes tels Benoit Charest, Betty Bonifassi et notamment François Chauvette, Finaldi propose un album organique aux multiples textures qui vont du blues au folk en passant par le hip-hop, le jazz , le gâteau de noce à la rital, les accords en pompes genre Triplettes de Belleville et bien sûr, les rythmes amérindiens.
Ce malaxage d’apparence improbable s’avère fort réussi et se déploiera sur scène au jazz le 30 juin à 20 h et 22 h.
*** ½
lundi 28 juin 2010
David Reinhardt, fils de...
David Reinhardt Trio
David REINHARDT
MySpace Music Videos
Doigts d’honneur
Son célèbre grand-père à inventé le jazz manouche tandis que son père, Babik, a porté le flambeau mais plus proche de l’école américaine. Le jeune guitariste David Reinhardt, pour sa part, ne se sent investi d’aucune mission sinon celle de s’amuser.
Arborer le même patronyme que votre grand-père Django Reinhardt ainsi que celui de votre père Babik n’est pas une mince affaire. Vous sentez-vous investi d’une mission en tant que musicien ?
Non, non, non. Je ne veux pas faire ça. Je m’amuse en faisant de la musique avec des amis et je ne veux pas tenir le flambeau d’une mission ou je ne sais pas quoi. Je n’ai pas envie de me prendre la tête, je fais une musique que j’aime et que je partage, voilà.
Vous avez frayé dans les milieux gitans sur le plan musical, est-ce vos origines vous ont facilité les choses ou le contraire ?
Non, ça va. Ça ne m’a pas trop aidé ça ne m’a pas non plus mis en défaut.
Vous vous sentez proche de cette culture ? Par exemple, avez-vous vu le film Liberté de Tony Gatlif ?
Non. Il y a mon petit cousin qui joue dedans. Je suis ouvert à toutes les cultures musicales et humaines et voilà.
Mais cette identité, elle vous interpelle ?
Oui, ça m’interpelle, je suis gitan et j’en suis fier mais je ne revendique pas de folklore dans ma musique. Je fais du jazz…J’ai grandi en écoutant Django mais aussi plein d’autres.
Vous êtes de tout façon un nomade puisque vous êtes musicien….
Voilà…
L’auditeur néophyte qui s’attendrait à de la musique manouche en écoutant votre dernier album The Way Of Heart sera étonné d’y entendre du jazz plus traditionnel, était-ce une volonté de vous démarquer d’une période estampillée par les accords en pompes de Django ?
Oui, un peu. Mais si vous écoutez Django en 1953 ça ressemble un peu à ça : piano, contrebasse, batterie…Chez Django il n’y a peu eu que la période en temps de guerre. C’est vrai que c’est la plus connue mais il n’a pas fait que ça. Nous on revient au moment où il était le plus moderne et le plus abouti de sa carrière.
Lorsqu’on leur a demandé d’effectuer leurs recensions de musiques manouches préférées pour des albums, Thomas Dutronc et Sanseverino vous ont tous deux choisi. Est-ce qu’à l’instar de ces deux artistes, vous ferez un jour dans la chanson ?
Non, non, pas comme ça en tout cas. J’ai toujours eu envie de chanter mais pas comme eux. Ce n’est pas du tout l’univers musical dans lequel j’ai grandi. Moi c’était surtout Georges Benson, Stevie Wonder, Michael Jackson…et des chanteurs de jazz. La musique américaine, la musique brésilienne mais la chanson française, je n’ai pas du tout grandi dans cet univers et ça ne me parle pas du tout à part quelques pièces ici et là à la radio.
Que pensez-vous des musiciens qui reprennent des tubes façon Django comme les Lost Fingers ?
Oui, j’ai écouté. C’est bien, c’est bien. J’aime bien cette approche ainsi que les thèmes qu’ils ont choisis comme celui, par exemple, de Michael Jackson.
Pour votre concert au Festival de Jazz à quoi doit-on s’attendre : manouche, lyrique, festif ?
Je serai une fois sextet et en leader, un autre jour, en trio avec guitare, orgue et batterie. Ça va passer par le lyrique, par les émotions, par Django aussi mais pas par le manouche.
Un fantasme musical ?
Jouer de la guitare avec Stevie Wonder.
Le 30 juin à 21h à salle Maisonneuve (PdA) avec Gypsy Planet
Le 2 juillet à 18h en trio à la Cinquième Salle (PdA)
dimanche 27 juin 2010
Les Herbes folles d'Alain Resnais
Les herbes dubitatives
Le doyen du cinéma français célèbre magistralement le cinéma
Une dentiste échevelée (Sabine Azéma rayonnante et légèrement perverse) se fait chiper son portefeuille par des loubards en sortant d'un magasin. Un quinquagénaire au passé d’apparence trouble (André Dussollier, intense, troublant et juste) le récupère dans un parking et le remet au commissariat.
La dentiste téléphone le type pour lui offrir de succincts remerciements. Ce dernier, outré de si peu d’égards, développe l’obsession de rencontrer la dame. D’autant plus, comme le révélait le porte-monnaie, que les deux partagent une passion commune pour l’aviation…
Ce qui nous mènera à une espèce de ballet surréaliste sur la thématique «du désir du désir». Celui qui nait à partir de rien, se nourrit de lui-même et peut aussi changer de main : la convoitée devenant celle qui convoite.
Bref, les directions inattendues et éparses que peuvent prendre ces herbes folles qui poussent dans les champs
Récipiendaire d’un prix exceptionnel du jury à Cannes en 2009 pour l’ensemble de sa carrière et, parait-il, pour ce film, Alain Resnais a choisi cette fois de mettre en images le roman «L’incident» de Christian Gailly dont il avait adoré «l’écriture musicale».
Cinéaste d’exception, Resnais célèbre la magie du 7 ieme art avec références choisies (Magritte, l’âge d’or du cinéma de studio hollywoodien) et escrime verbal savoureux.
Cependant, bien que ces herbes folles nous décrochent plusieurs rires et nous chatouillent l’imaginaire, le cœur, pour sa part, reste bien au sec un peu déçu de ne pas y trouver son compte.
***
samedi 26 juin 2010
Pag et les Petites Tounes


Et il semblerait qu'il aime beaucoup.
Surtout que le groupe pour enfants a eu l'heureuse idée de reprendre, pour un album à paraitre bientôt, son vieux succès «Ti-Bidon» paru sur l'album Pagliaro en 1975.
mardi 22 juin 2010
Agenda culturel
Pow wow
Au moment d’écrire ces lignes le festival Présence autochtone bat son plein et célèbre dignement ses 20 ans. Qu’à cela ne tienne, plusieurs événements majeurs restent à venir ou se poursuivent jusqu’en septembre dont l’expo de photos Nomades qui présente de magnifiques captations de la quotidienneté dans les réserves à la Grande Bibliothèque. Les images, saisissantes, sont auréolées de textes des poètes Michel X Côté (Richard Desjardins) et Joséphine Bacon (Chloé St-Marie). Soulignons également l’enthousiasmant volet consacré au cinoche qui se termine le 23 juin sans parler de celui qui nous fait redécouvrir la sculpture amérindienne (jusqu’au 26 juin) ainsi que la pièce XAJOLTUN Rabinal Achi, la version contemporaine du grand théâtre cérémoniel dansé des Mayas, qui se poursuit jusqu’au 27 juin à Excentris.
http://www.nativelynx.qc.ca/
Photo: Valérie Jodoin Keaton
Exit les Francos, place au… «jazz». Parmi les concerts qui nous transporteront vers des contrées vertigineuses, soulignons celui de l’étoile boréale pop-folk Elisapie Isaac qui distillera les pièces en anglais, inuktitut et français du lumineux There Will Be Stars le 3 juillet. Autre découverte magistrale, le Burkinabé Victor Demé dont nous ne saurions trop vous recommander le magnifique album Déli et son spleen poignant imprégné de blues, de country et d’effluves latines les 2 et 3 juillet. Le duo Beast composé de l’âme punk à la voix basse Betty Bonifassi (Triplettes de Belleville) et du multi-instrumentiste Jean-Phi Goncalves embrasera la Place des Festivals de son trip-hop plein de flammèches le 29 juin. Et ce n’est pas sans une certaine nostalgie que nous irons chanter avec Cindy Lauper Time After Time, le 4 juillet au Métropolis.
http://www.montrealjazzfest.com/
Photo : Valérie Jodoin Keaton
Vive le Québec ivre !
Si d’aventure vous êtes à Montréal le 23 et que vous vibrez pour la musique située surtout à gauche du spectre les Ariane Moffat, Mara Tremblay, Fred Fortin, Breastfeeders, United Steel Workers Of Montreal et autres Gigi French célèbreront la fête des Québécois sous les bons offices de l’hilarant Mc Gilles au Parc du Pélican dans le quartier Rosemont qui crèche à l’angle de la 2 ième avenue et Masson. Oui, il y aura de la miouse en angliche mais c’est aussi ça le Kébec que l’on aime. Dès 18 h. Gratos.
Un road trip vous titille les fantasmes ? Les Trois Accord et l’inénarrable Plume Latraverse joueront gratuitement le 23 à Gatineau à la Polyvalente Le Carrefour. Pas trop mal aux cheveux et encore de l’énergie à dépenser ? Vous aurez le temps de revenir pour le grand spectacle de Yann Perreau, Paul Piché, Dubmatique, Marie-Mai et, notamment, Dumas au Parc Maisonneuve à Montréal le lendemain 24 juin. Santé, stie.
http://www.autresaintjean.org/
Lecture savoureuse
Votre été ne sera pas le même si vous songez à y glisser le savoureux, élégant et addictif «Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates», Un roman épistolaire dont l’action se situe au lendemain de la seconde guerre mondiale écrit à quatre mains par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows et publié chez Nil éditions, 392 pp.
Au moment d’écrire ces lignes le festival Présence autochtone bat son plein et célèbre dignement ses 20 ans. Qu’à cela ne tienne, plusieurs événements majeurs restent à venir ou se poursuivent jusqu’en septembre dont l’expo de photos Nomades qui présente de magnifiques captations de la quotidienneté dans les réserves à la Grande Bibliothèque. Les images, saisissantes, sont auréolées de textes des poètes Michel X Côté (Richard Desjardins) et Joséphine Bacon (Chloé St-Marie). Soulignons également l’enthousiasmant volet consacré au cinoche qui se termine le 23 juin sans parler de celui qui nous fait redécouvrir la sculpture amérindienne (jusqu’au 26 juin) ainsi que la pièce XAJOLTUN Rabinal Achi, la version contemporaine du grand théâtre cérémoniel dansé des Mayas, qui se poursuit jusqu’au 27 juin à Excentris.
http://www.nativelynx.qc.ca/
Photo: Valérie Jodoin Keaton
Exit les Francos, place au… «jazz». Parmi les concerts qui nous transporteront vers des contrées vertigineuses, soulignons celui de l’étoile boréale pop-folk Elisapie Isaac qui distillera les pièces en anglais, inuktitut et français du lumineux There Will Be Stars le 3 juillet. Autre découverte magistrale, le Burkinabé Victor Demé dont nous ne saurions trop vous recommander le magnifique album Déli et son spleen poignant imprégné de blues, de country et d’effluves latines les 2 et 3 juillet. Le duo Beast composé de l’âme punk à la voix basse Betty Bonifassi (Triplettes de Belleville) et du multi-instrumentiste Jean-Phi Goncalves embrasera la Place des Festivals de son trip-hop plein de flammèches le 29 juin. Et ce n’est pas sans une certaine nostalgie que nous irons chanter avec Cindy Lauper Time After Time, le 4 juillet au Métropolis.
http://www.montrealjazzfest.com/
Photo : Valérie Jodoin Keaton
Vive le Québec ivre !
Si d’aventure vous êtes à Montréal le 23 et que vous vibrez pour la musique située surtout à gauche du spectre les Ariane Moffat, Mara Tremblay, Fred Fortin, Breastfeeders, United Steel Workers Of Montreal et autres Gigi French célèbreront la fête des Québécois sous les bons offices de l’hilarant Mc Gilles au Parc du Pélican dans le quartier Rosemont qui crèche à l’angle de la 2 ième avenue et Masson. Oui, il y aura de la miouse en angliche mais c’est aussi ça le Kébec que l’on aime. Dès 18 h. Gratos.
Un road trip vous titille les fantasmes ? Les Trois Accord et l’inénarrable Plume Latraverse joueront gratuitement le 23 à Gatineau à la Polyvalente Le Carrefour. Pas trop mal aux cheveux et encore de l’énergie à dépenser ? Vous aurez le temps de revenir pour le grand spectacle de Yann Perreau, Paul Piché, Dubmatique, Marie-Mai et, notamment, Dumas au Parc Maisonneuve à Montréal le lendemain 24 juin. Santé, stie.
http://www.autresaintjean.org/
Lecture savoureuse
Votre été ne sera pas le même si vous songez à y glisser le savoureux, élégant et addictif «Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates», Un roman épistolaire dont l’action se situe au lendemain de la seconde guerre mondiale écrit à quatre mains par Mary Ann Shaffer et Annie Barrows et publié chez Nil éditions, 392 pp.
lundi 21 juin 2010
Victor Démé
Deli
Avec sa voix poignante dont la musicalité évoque d’emblée l’aspect spirituel de la beauté des choses, Victor Demé est devenu une figure légendaire de l’underground africain en général et celui du Burkina Faso en particulier.
Fils d’une célèbre griotte et d’un couturier madingue, il viendra bientôt nous présenter ce superbe opus mâtiné de blues et de folk où s’entremêlent salsa et flamenco mais également country et ambiances lancinantes et dont les mélodies hyper accrocheuses nous insufflent un sentiment de bonheur instantané.
Nul besoin de connaître la langue pour savourez l’authenticité de cette musique qui évoque le bonheur d’être en vie de ceux qui ont un jour tout perdu avant de renaitre. Au Festival de jazz les 2 et 3 juillet. ****
samedi 19 juin 2010
Entrevue avec Rose
La Mélancolitude
Encore une fois, la mélancolique Rose viendra ponctuer un cycle de sa vie dans nos contrées
Claude André
Entre chagrins amoureux et goguettes arrosées, valeurs familiales et remises en question, l’ex institutrice Rose écrit de jolies ritournelles intimistes et touchantes qui nous titillent le vague à l’âme.
Découverte en 2006 avec le tube «La liste», tiré d’un excellent premier chapitre (éponyme) qui a su rallier toute une génération hexagonale à sa cause, Keren Rose est venue à la chanson par exutoire suite à une rupture amoureuse avec un garçon qu’elle aura finalement marié puis divorcé. Le fameux Julien de la chanson titrée par ce prénom.
Mais, n’ayez crainte, elle se dit heureuse aujourd’hui. Ce qui lui causerait d’ailleurs quelques difficultés sur le plan de l’écriture vu qu’elle carbure à la mélancolie.
Heureux paradoxe, ce n’était pas encore le cas lors de l’élaboration du très touchant Les souvenirs sous ma frange (2009) qui, bien que moins retentissant, est venue la cautionner auprès de ses pairs et des amateurs de chansons raffinées.
«Oui cet album a apaisé des craintes dont la principale: est-ce que je peux encore écrire ? J’étais assez heureuse de voir que j’avais de l’inspiration et que musicalement ça venait toujours parce qu’écrire c’est un truc que je sais faire depuis toute petite, mais la musique c’est plus récent. Or, ce second album m’a effectivement légitimée mais le fait qu’il ait moins bien marché m’a un petit peu inquiétée au départ. Je me demandais si ce n’était pas l’inverse, si je n’étais pas en train de disparaître. Finalement, j’ai eu des retours, comme tu me le disais tout à l’heure, beaucoup plus positifs que sur le premier disque de la part des journalistes. Plusieurs fois cependant je me suis dit : est-ce que les gens vont m’attendre ? Ne sont-ils pas sans cesse en quête de nouvelles découvertes ? Je me posais la question en me disant que je me reconvertirais peut-être dans l’écriture de chansons pour les autres, de nouvelles ou dans les contes pour enfants», relate la belle sans fausse pudeur.
Le bonheur d’être triste
Pudeur ? Un mot qu’elle ne semble pas trop connaître comme en témoigne la chanson «Chez moi», où en décrivant les membres de sa famille elle fait aussi état de sa propre judaïté ainsi que des exaltations religieuses de son frangin. Autre exemple,
«Le mal de l’aube» qui évoque son penchant pour les chimères éthyliques qui peuvent également susciter l’apparition de cette sacro sainte mélancolie.
État d’être à la fois honni des cœurs fêlés mais également sublimé par les âmes d’artistes. «Disons que si on veut être un petit peu honnête, je suis quelqu'un qui aime faire la fête. Et ce sont ces lendemains de fêtes qui ont parfois un aspect plus triste, simplement parce que je suis fatiguée et que j'ai un peu trop
abusé. Pourtant, ce léger vague à l¹âme me permet de retrouver l¹état dans lequel j'aime écrire. Mais je n'aimerais pas vivre cela au quotidien. En fait je préférerais ne plus jamais écrire et être bien plutôt que l'inverse si on me donnait le choix», analyse Rose qui, à l’instar de sa précédente, terminera encore une fois sa tourné de spectacles en Nouvelle France.
Parions que si, comme le disait Hugo, la mélancolie c’est bonheur d’être triste, et bien on passera un fort heureux moment ce soir au Club Soda.
vendredi 18 juin 2010
Rapt de Lucas Belvaux avec Yvan Attal
Affaire classée
Un homme d’affaires au flair certain se fait kidnapper, le monde de la finance s’affaire et ne sait trop que faire tandis que la presse pipeul fait ses choux gras de l’affaire.
Inspiré d’événements qui se sont réellement produits en 1978 et qui impliquaient le baron belge Édouard Empain, ce film de Lucas Belvaux reproduit les avatars d’une chute sociale, la lourdeur sourde et inquiétante de la captivité et le vide inhérent au retour.
Dès les premières scènes, on se sent aspiré par ce film noir prometteur. La scène du rapt s’avère très réussie et le climat de stress s’installe rapidement. L'efficacité américaine n'est pas très loin.
Grace à des dialogues intelligents et savoureux dignes des meilleurs romans d’espionnage, le spectateur plonge dans les réunions de crise avec une certaine délectation en regard de la putasserie des actionnaires qui ne veulent pas payer les 5 millions d’euros mais souhaitent garder la face et les analyses «real politic» de la classe politique.
Hélas, trois fois hélas, la tension s’étiole et le film devient de plus en plus anecdotique jusqu’à ce que le cinéphile attentif observe, dans trois scènes plutôt qu’une, un vilain micro perché au sommet de l’écran.
Il observe sa montre et assiste au retour peu convainquant d’un milliardaire déchu et antipathique mais toujours riche (Yvan Attal, bof malgré les kilos perdus pour ce rôle) dont la vie de débauche est devenu pendant un moment le reality show le plus couru en France.
Affaire moyenne. ** 1/2
lundi 14 juin 2010
Entrevue avec Rachid Taha
À la fois festif et charismatique, Rachid Taha devrait de nouveau nous faire entrer dans une transe collective lors de son passage aux Francos
Claude André
Toujours inquiétant de téléphoner au camarade Rachid. Sa réputation de noceur le poursuit et le journaliste se demande s’il tombera sur un de ces jours où il se remet d’une goguette assassine.
S’il ne se gêne pas pour exprimer ses nombreuses opinions, toujours imprégnées d’une certaine culture libertaire, le rocker se fait aussi très discret lorsqu’on lui demande de quoi sera composé son prochain spectacle ou s’il viendra avec une grosse équipe de musicien. «Je viendrai avec une équipe normale, quoi», rigole-t-il depuis Paris visiblement de bonne humeur ce jour-là.
On lui cause de sa tante qui pratiquait le vaudou, comme nous l’apprend l’excellente bio Rock la Casbah qui lui est consacrée (Flammarion, 2008) et de cette écume quasi mystique que l’on peut ressentir lors de ses spectacles. «Le vaudou ? Oui, bien sûr, complètement. C’est un côté de ma vie, un côté sorcier. Parce que la musique nous soigne, ça me permet de me soigner parfois», lance-t-il- avant de répondre, comme la plupart des adeptes précisons-le, que non il ne pratique pas.
Et si cette icône contemporaine qui compte Patti Smith, Brian Eno, Mick Jones et Robert Plant parmi ses idoles doit encore se soigner, ce serait, semble-t-il, de moins en moins de ses excès nocturnes. «On devient un peu plus vieux, on récupère moins vite, c’est sûr. Mais il est vrai que le métier est un peu plus dur qu’avant. Avec les histoires d’Internet…Aussi, l’industrie du disque ne va pas très bien en ce moment».
Peut-être aussi pour ce la que, bien que toujours fidèle à son habitude de métisser les genres musicaux et les culture, son dernier encodé «Bonjour», sur lequel on retrouve la chanson titre en duo avec Gaëtan Roussel, est également plus pop que les précédents comme l’illustre d’ailleurs cla pochette fushia et cette chemise mexicano-kitsh qu’il arbore sourire béat. «C’est mon côté un peu mariachi. (rires du journaliste). Non mais c’est vrai. Du reste c’est typiquement français parce que le mot mariachi vient de mariage. Ce sont d’ailleurs les Français qui y ont exporté la trompette et le mariachi au Mexique», poursuit-il enthousiaste.
Puis on le relance au sujet de ce spectacle à venir. «À quoi vous attendre? Je ne le sais pas du tout. Je suis un peu dans l’ignorance. Ça va être une surprise pour moi et pour vous. Je joue un peu ma coquette là…(rires). Mais il y aura beaucoup de chansons de «Bonjour» et je suis en train de faire le tri parmi mes quelques 80 chansons».
En attendant son séjour chez-nous, il écoutera encore et toujours les chansons de Johnny Cash qu’il adore entre deux séances de chaabi. Cette musique classique arabe qu’il affectionne tant sans parler des films western de John Ford. Et, qui sait, quelques petites sessions de vaudous, cette activité qui n’est pas si loin des rites du rock finalement. Inch’Allah.
Bonjour
Outre le duo «Bonjour» avec Gaëtan Roussel, la présence du leader de Louise Attaque se fait manifeste sur le huitième opus studio de Rachid Taha. Coréalisateur avec Mark Plati (Les Rita Mitsouko, Bowie, Bashung…), Roussel insuffle une énergie rock et permet encore une fois à Rachid Taha de proposer un savant amalgame entre l’Orient et l’Occident. Malaxage que nous ne saurions étiqueter tant il touche à des genres différents qui vont de l’électro hip-hop au chaâbi en passant par le rock lent, les trompettes sublimes et les effluves latines. Entre écorchures, engagements humanistes, hommages aux anciens, légèreté amoureuse et réconciliation Juifs et Arabes, ce fils d’Oran propose peut-être son album le plus pop et favorisera sans doute l’adhésion d’une légion de nouveaux adeptes. *** 1/2
Rock la casbah
Flammarion, 2008, 348 p.
Si vous êtes fan de Rachid Taha et/ou de rock, nous ne saurions trop vous recommander cette bio cosignée par Domique Lacout qui nous a déjà donné des ouvrages sur Lavilliers mais aussi l’immense Léo Ferré. On retrouvera d’ailleurs la large influence de la pensée anarchiste de Ferré dans le parcours de Rachid Taha qui, bien que de gauche, ne se gêne pas pour critiquer ses pairs artistes dont Coluche, par exemple. Outre les anecdotes propres à ses débuts dans le milieu de la contre-culture avec le groupe Carte de Séjour, Taha raconte avec beaucoup de tendresse son enfance algérienne, sa position d’immigrant et ses influences artistiques en émaillant son propos de textes de chansons et autres contes. On y apprend une foule de choses savoureuses dont le fait qu’il faille demander la légion d’honneur pour espérer l’obtenir. Tiens tiens… Savoureux. CA.
Rachid Taha sera en spectacle ce mardi 15 juin à 21h00 au Métropolis dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.
samedi 12 juin 2010
Entrevue avec Xavier Dolan
Risibles amours
Un jour, pour évoquer notre époque, nous nous référerons aux films de Xavier Dolan. En attendant, il nous cause de son second opus et autres petits et grands mystères de l’amour.
Claude André
On décèle chez toi un don de dialoguiste manifeste. Est-ce que écris à voix haute à la façon du maître Henri Janson ou tu improvises au tournage?
Des fois oui, il est possible que je fasse une reconstitution de la scène pendant que je l’écris mais il y a vraiment très peu d’improvisation dans le film. Mon école ? Il n’ y en a pas. J’écris comme je parle dans la vie. J’essaie de faire en sorte que cela soit le plus naturel possible : parlé et non explicatif, que les acteurs ne disent pas ce qu’ils savent mutuellement juste pour mettre le spectateur en situation.
Tu utilise néanmoins beaucoup l’humour.
Ce qui m’a été donné de vivre et d’expérimenter jusqu’à maintenant avec mes amis ce sont des situations absurdes (un peu), et empreintes d’humour. J’essaie juste de renvoyer le ton de ma vie qui n’est pas juste composée de drames.

À l’origine ce n’est même pas écrit pour faire rire. Juste pour être réaliste : léger par moments et grave à d’autres.
Dans ce film, le véritable couple est visiblement composé de ton personnage et celui de Monia. L’objet de leur fantasme, Niels, n’est peut-être qu’une façon pour eux de vivre une sexualité?
Écoute, je ne l’avais pas vu comme ça. Mais il n’y a pas de vérité dans ce film là. C’est un anti scénario. C’est un anti film construit à partir d’une surface, d’un mirage, d’une idéologie. Il n’y a pas de rencontre, pas de contact. Ce film est une errance. Il est aussi superficiel que l’histoire qu’il contient.
Tes personnages vivent une peine d’amour pour une personne avec laquelle ils n’ont pas eu de rapports charnels, tu crois vraiment cela possible?
Oui. Moi j’ai été très souvent en peine d’amour avec des gens que je n’ai même jamais embrassés.
Vraiment, une peine d’amour !
Une peine d’amour c’est le rejet amoureux. L’amour n’a pas besoin de la sexualité pour se concrétiser mais il en a besoin pour survivre.
Les amours imaginaires
Souper d’amis. Un beau grand blond débarque (Niels Schneider). Bang! Le cœur de Marie Camille (Monia Chokri, irrésistible) et Francis (Xavier Dolan) fait tilt.
S’installe une rivalité amoureuse pour ce garçon dont l’orientation sexuelle semble indéfini. Et nous on se demande qui finira par se le taper ?
Si l’intrigue se révèle plutôt mince, et c’est voulu ainsi, le second film de Xavier Dolan confirme son don exquis de dialoguiste doublé d’un fin observateur de son époque.
Musique kitsch, nombreux clins d’œil aux classiques, plans ralentis accrocheurs on passe un très agréable moment avec cette œuvre universelle qui illustre avec sincérité et élégance le triomphe du fantasme amoureux kaléidoscopique sur la grise et morne lucidité.
*** 1/2
S’installe une rivalité amoureuse pour ce garçon dont l’orientation sexuelle semble indéfini. Et nous on se demande qui finira par se le taper ?
Si l’intrigue se révèle plutôt mince, et c’est voulu ainsi, le second film de Xavier Dolan confirme son don exquis de dialoguiste doublé d’un fin observateur de son époque.
Musique kitsch, nombreux clins d’œil aux classiques, plans ralentis accrocheurs on passe un très agréable moment avec cette œuvre universelle qui illustre avec sincérité et élégance le triomphe du fantasme amoureux kaléidoscopique sur la grise et morne lucidité.
*** 1/2
vendredi 11 juin 2010
Agenda culturel
J’ai rendez-vous avec vous
S’ils elles préludaient la fin de l’été, les FrancoFolies de Montréal annoncent cette année la magnificence de l’été montréalais. À ne pas louper : le baudelairien Jean-Louis Murat les 10 et 11 juin, Gaëtan Roussel (Louise Attaque) le 11, le sorcier du KousKous Klan Rachid Taha le 15, le prince de la rime et de la fantaisie Jacques Higelin le 18, la gracieuse et mélancolique Rose le 19 ainsi que le rebelle au cœur écartelé Miossec le 12 (avec Vincent Vallières en ouverture). Côté local : l’inénarrable Plume et ses Mauvais Compagnons nous gratifieront de leurs trop rares sorties les 10 et 11 tandis que Charlebois fera des siennes le 15. Notons au passage que l’ami Louis-Étienne nous chantera ses complaintes folk et rock, gratos, le 12 juin à 18 h00.
FrancoFolies de Montréal
http://www.fracofolies.com/
10 au 19 juin
Corée âme
Parmi les films qui figureront sur les recensions de fin d’année, le thriller Mother du Sud-Coréen Bong John-ho se retrouvera assurément sur les listes de nombreux observateurs et cinéphiles. En empruntant à Hitchcock et Tarantino mais également à Freud, l’ultra doué cinéaste du renouveau asiatique brosse l’histoire captivante d’une mère courage (magistrale Kim Hye-ja) qui fera tout pour innocenter son fils, un simple d’esprit, du meurtre d’une jeune fille. En parallèle des codes sociaux de la société coréenne, le cinéaste, avec une approche d’apparence hollywoodienne, manie habilement les ruptures de ton et décrit les petites lâchetés bureaucratiques tout en nous démontrant qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Du grand cinoche.
Je me souviens ?
Livré devant 300 000 personnes en liesse le 23 juin 1976 sur le Mont-Royal, 1 fois 5, qui réunissait Robert Charlebois, Jean-Pierre Ferland, Yvon Deschamps, Gilles Vigneault et Claude Léveillé, est probablement l’événement/spectacle estampillé le plus profondément dans l’inconscient collectif des Québécois. Une réédition format cd de l’album vinyle, qui comportait son lot de classiques, accompagné d’un DVD du spectacle dans son intégralité et de plusieurs entrevues avec les principaux protagonistes (sauf Léveillé) vient de paraître dans les bacs de la Belle Province. Voilà une excellente façon de se laisser parler d’amour en prévision de votre barbecue de la St-Jean.
Buzz pour Zaz
Je ne le connaissais ni des lèvres ni des dents mais depuis quelques jours l’album éponyme de la française Zaz ne quitte plus mon lecteur. Avec son côté gamine du bitume, sa joie de vivre jazzée et sa bonne humeur bohème, l’artiste suscite l’adhésion spontanée des petits et des grands partout où elle passe. Contagion salvatrice garantie.
Aux FrancoFolies le 11 juin et le 13 en première partie de la sublime Bïa.
Ce petit bouquet de propositions culturelles a d'abord été publié mercredi dernier, comme à toutes les deux semaines, dans l'hebdo : Accès Laurentides.
jeudi 10 juin 2010
FrancoFolies 2M10
Survol francofou
Rimes sublimées et rythmes envoûtants, l’édition 2010 de FrancoFolies de Montréal sera un grand millésime
Claude André
Foi d’observateur, nous avons rarement vu une programmation aussi relevée au cours des 21 éditions précédentes. Et cela est attribuable au changement de dates de l’événement.
Plutôt qu’en août, traditionnellement associé aux vacances en France, l’édition 2010 se déroulera du 10 au 19 juin. Permettant ainsi la venue d’un florilège de pointures hexagonales sur un site tout revampé.
Parmi les incontournables qui nous procureront des moments extatiques, notons, dans le cadre de la série «Tendance» de Vidéotron, la présence de Gaëtan Roussel le 11 juin. Ancienne figure de proue de Louise Attaque et auteur de chansons magiques pour Bashung, ce non-conformiste débarquera avec sa bande pour présenter Ginger, un album de pop survoltée qui cartonne.
Le 19, rendez-vous avec Rose, sorte de quintessence de la féminitude que nous avons découvert avec la chanson «La Liste» et dont le second chapitre, Les souvenirs de ma frange, parut en 2009, s’est avéré à la hauteur du premier.
Autres incontournables de France : le roi Higelin le 18 juin (parions que sa potesse D. Dufresne sera dans la salle), le baudelairien Jean-Louis Murat les 10 et 11 juin ainsi que le rebelle au cœur fêlé Miossec, le12 juin (avec Vincent Vallières).
Des monstres sacrés
Côté local, les festivaliers auront également l’embarras du choix avec cette programmation qui relève du savant dosage entre monstres sacrés et bêtes à surveiller.
L’incontournable Monon’c Pluplu nous gratifiera de l’une de ses rares sortie en compagnie de ses Mauvais compagnons les 10 et 11 juin. Une autre icône, Robert Charlebois alias Garou 1er du nom, fera danser les bougalous le 15 juin tandis que Miss Country herself, Renée Martel, déballera ses classiques en compagnie des ses invités le 16 juin.
Les fins gourmets en matière de chansons se régaleront encore avec Catherine Major, récipiendaire d’un prestigieux prix Charles-Cros, le 19 juin.
Au chapitre des événements spéciaux à marquer d’une pierre blanche, mentionnons l’arrivée montréalaise des Misérables du 8 au 19 juin, le retour, dans une nouvelle distribution du Big Bazar, cette formation culte des seventies (8 au 19). L’avant-garde éclairée, pour sa part, ne loupera pas Malajube le 14 juin et, pour conclure ce magistrale tour de force des programmateurs, le 19 juin sera scellé par la soirée 20ième anniversaire du hip-hop québécois. Maximum respect.
Ouf ! Vous avez dit ubiquité ?
www.fracofolies.com
Les Francos c’est aussi…
Près d’un million de spectateurs
1000 artistes provenant d’une douzaine de pays
Plus de 250 spectacles dont 180 offerts gratuitement en plein air!
8 scènes extérieures alimentées par 2000 projecteurs qui représentent 2 millions de Watt.
10 salles de spectacles.
137 moniteurs
300 haut-parleurs
Plus de 700 micros utilisés
Aménagement :
2 km de fil pour le système de caméra de surveillance
Utilisation de 280 000 livres de béton pour le lestage des tours techniques (vidéos, éclairage, son)
1400 opérations réparties sur 14 jours de montage
200 personnes qui travaillent à l’aménagement et la technique aux Francos.
Les Francos captent les 20 spectacles présentés sur la scène principale pour une vingtaine de transmissions en simultanés sur les 4 écrans géants sur la Place des Festivals.
Rimes sublimées et rythmes envoûtants, l’édition 2010 de FrancoFolies de Montréal sera un grand millésime
Claude André
Foi d’observateur, nous avons rarement vu une programmation aussi relevée au cours des 21 éditions précédentes. Et cela est attribuable au changement de dates de l’événement.
Plutôt qu’en août, traditionnellement associé aux vacances en France, l’édition 2010 se déroulera du 10 au 19 juin. Permettant ainsi la venue d’un florilège de pointures hexagonales sur un site tout revampé.
Parmi les incontournables qui nous procureront des moments extatiques, notons, dans le cadre de la série «Tendance» de Vidéotron, la présence de Gaëtan Roussel le 11 juin. Ancienne figure de proue de Louise Attaque et auteur de chansons magiques pour Bashung, ce non-conformiste débarquera avec sa bande pour présenter Ginger, un album de pop survoltée qui cartonne.
Le 19, rendez-vous avec Rose, sorte de quintessence de la féminitude que nous avons découvert avec la chanson «La Liste» et dont le second chapitre, Les souvenirs de ma frange, parut en 2009, s’est avéré à la hauteur du premier.
Autres incontournables de France : le roi Higelin le 18 juin (parions que sa potesse D. Dufresne sera dans la salle), le baudelairien Jean-Louis Murat les 10 et 11 juin ainsi que le rebelle au cœur fêlé Miossec, le12 juin (avec Vincent Vallières).
Des monstres sacrés
Côté local, les festivaliers auront également l’embarras du choix avec cette programmation qui relève du savant dosage entre monstres sacrés et bêtes à surveiller.
L’incontournable Monon’c Pluplu nous gratifiera de l’une de ses rares sortie en compagnie de ses Mauvais compagnons les 10 et 11 juin. Une autre icône, Robert Charlebois alias Garou 1er du nom, fera danser les bougalous le 15 juin tandis que Miss Country herself, Renée Martel, déballera ses classiques en compagnie des ses invités le 16 juin.
Les fins gourmets en matière de chansons se régaleront encore avec Catherine Major, récipiendaire d’un prestigieux prix Charles-Cros, le 19 juin.
Au chapitre des événements spéciaux à marquer d’une pierre blanche, mentionnons l’arrivée montréalaise des Misérables du 8 au 19 juin, le retour, dans une nouvelle distribution du Big Bazar, cette formation culte des seventies (8 au 19). L’avant-garde éclairée, pour sa part, ne loupera pas Malajube le 14 juin et, pour conclure ce magistrale tour de force des programmateurs, le 19 juin sera scellé par la soirée 20ième anniversaire du hip-hop québécois. Maximum respect.
Ouf ! Vous avez dit ubiquité ?
www.fracofolies.com
Les Francos c’est aussi…
Près d’un million de spectateurs
1000 artistes provenant d’une douzaine de pays
Plus de 250 spectacles dont 180 offerts gratuitement en plein air!
8 scènes extérieures alimentées par 2000 projecteurs qui représentent 2 millions de Watt.
10 salles de spectacles.
137 moniteurs
300 haut-parleurs
Plus de 700 micros utilisés
Aménagement :
2 km de fil pour le système de caméra de surveillance
Utilisation de 280 000 livres de béton pour le lestage des tours techniques (vidéos, éclairage, son)
1400 opérations réparties sur 14 jours de montage
200 personnes qui travaillent à l’aménagement et la technique aux Francos.
Les Francos captent les 20 spectacles présentés sur la scène principale pour une vingtaine de transmissions en simultanés sur les 4 écrans géants sur la Place des Festivals.
mercredi 9 juin 2010
Nouveauté dvd: Éden à l'Ouest
Éden à l’ouest
Méditerranée. Nuit. Boat people. Tension. Gardes côtes. Ça saute à l’eau. Parmi les fugitifs, le jeune Élias se retrouve au matin sur une plage de nudistes qui jouxte un luxueux hôtel. Se fait passer pour un employé, se tape une richarde esseulée et tente de fuir vers Paris après avoir été identifié. Les cinéphiles qui ont adoré Z, Missing ou Music Box chercheront en vain l’immense réalisateur Costa-Gavras. Mais c’est une version européenne d’une sorte de Forest Gump en moins taré qui se profile dans ce conte initiatique pétri de bons sentiments mais tellement décevant. **. 5 (CA)
lundi 7 juin 2010
Diane Tell et Boris Vian
Tell qu'elle
Puis, un jour, banco, elle tombe sur un recueil de textes écrits par Boris Vian. Parmi les 500 titres, outre les grands classiques, on en retrouvait qui n’avaient pas été mis en musiques ainsi que des inédits qui étaient en faits des traductions de standards américains signées par le Bison Ravi lui-même.
«Là, j’ai eu le coup de foudre», lance-t-elle. D’abord les textes étaient sublimes et les chansons américaines auxquels ils correspondaient, des mélodies magnifiques, je les connaissais. C’est à ce moment que j’ai compris que je possédais la matière première pour un album de chansons, inédites de surcroit, puisque la plupart de ces pièces n’ont pas fait été enregistrées.»
C’est cet emmitouflant chapitre coréalisé avec le pianiste Laurent de Wilde que Miss Tell présentera dans le cadre des Franco. Évidemment, l’artiste qui possède plusieurs cordes à son arc dont un brevet de pilote d’avion nous gratifiera de quelques classiques dont l’incontournable «Moi si j’étais un homme».
Au fait, pourquoi une femme ne pourrait-elle pas de son propre chef réaliser les fantasmes romantiques dont il est question dans la chanson ?
«Je pense qu’il y a différentes façons d’interpréter cette chanson. Moi, ce que j’ai voulu dire au départ, c’est que j’aurais fait toutes ces choses là pour le garçon que j’aimais. Mais je ne le faisais pas parce que j’étais une femme. C’est une chanson qui date du début des années 80 quand même. Et dans les codes, c’est plutôt le garçon qui a la personnalité protectrice et qui prend soin de sa femme et tout ça. À l’époque, même si je n’étais pas riche, j’avais les moyens de payer le restaurant à mon copain qui lui était très pauvre mais je ne le faisais pas car ça ne lui plaisait pas. Comme une forme légère d’émasculation quoi...Aujourd’hui ? Je pense qu’il y a une partie du monde qui est complètement libérée, particulièrement au Québec où les femmes sont très indépendantes, mais on assiste aussi ailleurs, hélas, au retour d’un certain intégrisme».
Le dimanche 13 juin 2010 à 20
Théâtre Maisonneuve - PdA
Le dimanche 13 juin 2010 à 20
Théâtre Maisonneuve - PdA
samedi 5 juin 2010
Complices de Frédéric Mermoud avec Emmanuelle Devos
On ne badine pas avec le c...
Intrigue policière mêlée à une réflexion sur la banalisation sexuelle, Complices se révèle magnétique et intriguant.
En utilisant le procédé du whodunit (Who done it ?), le jeune réalisateur Frédéric Mermoud ne réinvente pas la roue mais dès les premiers plans, où l’on aperçoit le visage tuméfié du cadavre d’un prostitué de 19 ans retrouvé dans le Rhône, il plante un décor glauque et intense qui capte l’intérêt.
À l’aide d’un efficace effet miroir, nous suivons en parallèle des événements réels l’enquête menée par un duo de flics composé d’Emmanuelle Devos (toujours juste) et Gilbert Melki (criant de banalité).
Soit la rencontre amoureuse dans un cybercafé d’un petit loubard issu de la classe moyenne qui se fait passer pour un mineur auprès de ses éventuels clients (Cyril Descours, très crédible) et d’une fille au cœur pur (Nina Meurisse, solaire) dont la maman est toujours absente.
À travers le désir amoureux et les perversions banalement violentes, le film démontre avec panache et sans vains discours moraux, où peut mener la passion qui devient de la dépendance jalouse mais également comment la banalisation de l’acte sexuel, ne serait-ce que pour se la jouer facile et se fringuer griffé, peut parfois être très lourde de conséquences.
Et cela même si l’acte en question demeure «purement mécanique», comme le dit le prostitué à son amoureuse lorsqu’il lui avoue son vrai travail avant de la rendre elle-même complice.
Malgré une réalisation qui rappelle parfois les téléfilms, cet opus au climat oppressant propose une très juste et intéressante réflexion sur la sexualité à l’ère du vide et de la société de consommation.
*** 1/2
Intrigue policière mêlée à une réflexion sur la banalisation sexuelle, Complices se révèle magnétique et intriguant.
En utilisant le procédé du whodunit (Who done it ?), le jeune réalisateur Frédéric Mermoud ne réinvente pas la roue mais dès les premiers plans, où l’on aperçoit le visage tuméfié du cadavre d’un prostitué de 19 ans retrouvé dans le Rhône, il plante un décor glauque et intense qui capte l’intérêt.
À l’aide d’un efficace effet miroir, nous suivons en parallèle des événements réels l’enquête menée par un duo de flics composé d’Emmanuelle Devos (toujours juste) et Gilbert Melki (criant de banalité).
Soit la rencontre amoureuse dans un cybercafé d’un petit loubard issu de la classe moyenne qui se fait passer pour un mineur auprès de ses éventuels clients (Cyril Descours, très crédible) et d’une fille au cœur pur (Nina Meurisse, solaire) dont la maman est toujours absente.
À travers le désir amoureux et les perversions banalement violentes, le film démontre avec panache et sans vains discours moraux, où peut mener la passion qui devient de la dépendance jalouse mais également comment la banalisation de l’acte sexuel, ne serait-ce que pour se la jouer facile et se fringuer griffé, peut parfois être très lourde de conséquences.
Et cela même si l’acte en question demeure «purement mécanique», comme le dit le prostitué à son amoureuse lorsqu’il lui avoue son vrai travail avant de la rendre elle-même complice.
Malgré une réalisation qui rappelle parfois les téléfilms, cet opus au climat oppressant propose une très juste et intéressante réflexion sur la sexualité à l’ère du vide et de la société de consommation.
*** 1/2
mardi 1 juin 2010
L'exorciste de Cécile Doo-Kingué
L’exorciste
Après des années dans l’ombre des autres, la flamboyante chanteuse/guitariste Cécile Doo-Kingué publie son propre corpus histoire d’exorciser ses démons.
Claude André
Installée à Montréal après avoir vécu à New York et Paris, cette Camerounaise qui a accompagné tout le monde et son frère dont Corneille et Tricia Foster depuis qu’elle est ici présente enfin son propre Freedom Calling.
Un opus à la fois blues, rock, r&b, pop et afro beat surtout anglophone, «la langue des racines», dans lequel elle se livre «afin de recoller les morceaux et de regarder les pièces brisées. Ce qui fait partie de l’exorcisme», explique –t-elle au sujet de ces pièces où elle se demande, par exemple, si elle devrait enfin dévoiler son amour secret (Lettre à personne) ou encore comment survivre à l’état de manque qui suit le départ d’un amour perdu.
«Je ne parle pas nécessairement des drogues dures, à moins que l’on compte les gens comme en faisant partie, en fait, je crois que ce sont les drogues les plus dures…l’amour, la famille (…). J’ai eu mes flirts avec l’excès, je suis chanceuse car je réussie à me contrôler. J’en connais qui se sont complètement détruits», lance cette fille qui, malgré sa stature de joueuse de basket, semble porter une âme encore brisée.
«Je crois que nous sommes trop souvent gênés d’avouer les défis émotionnels qui se présentent. On tente de se la jouer invulnérable et en contrôle. Parfois, il est salutaire de voir quelqu’un d’autres se montrer à vif, cela peut nous donner le courage de le faire aussi», poursuit cette admiratrice d’Angélique Kidjo avec laquelle elle rêve de jouer un jour.
D’ailleurs, à l’instar de son idole, son papa lui a dit, avant de décéder il y a 5 ans, de ne pas gâcher le don musical que Dieu lui a donné et d’y aller à fond.
Et c’est ce qu’elle fait avec cet album «coming out» sur lequel elle a joué de tous les instruments en plus d’écrire des textes qui relatent à la fois ses victoires et ses défaites mais qui au final se révèlent optimistes.
Ah oui, elle a finalement avoué son amour à la personne en question. Ils sont mariés depuis 5 ans…
Freedom Calling
Cécile Doo-Kingué
Lancement/spectacle ce soir le 1er juin au Divan Orange à 17h00.
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