samedi 12 juin 2010

Entrevue avec Xavier Dolan



 



Risibles amours

Un jour, pour évoquer notre époque, nous nous référerons aux films de Xavier Dolan. En attendant, il nous cause de son second opus et autres petits et grands mystères de l’amour.

Claude André

On décèle chez toi un don de dialoguiste manifeste. Est-ce que écris à voix haute à la façon du maître Henri Janson ou tu improvises au tournage?
Des fois oui, il est possible que je fasse une reconstitution de la scène pendant que je l’écris mais il y a vraiment très peu d’improvisation dans le film. Mon école ? Il n’ y en a pas. J’écris comme je parle dans la vie. J’essaie de faire en sorte que cela soit le plus naturel possible : parlé et non explicatif, que les acteurs ne disent pas ce qu’ils savent mutuellement juste pour mettre le spectateur en situation.

Tu utilise néanmoins beaucoup l’humour.
Ce qui m’a été donné de vivre et d’expérimenter jusqu’à maintenant avec mes amis ce sont des situations absurdes (un peu), et empreintes d’humour. J’essaie juste de renvoyer le ton de ma vie qui n’est pas juste composée de drames.

Il n’y a pas une volonté de produire des dialogues dont certaines tirades deviendraient cultes ?
À l’origine ce n’est même pas écrit pour faire rire. Juste pour être réaliste : léger par moments et grave à d’autres.

Dans ce film, le véritable couple est visiblement composé de ton personnage et celui de Monia. L’objet de leur fantasme, Niels, n’est peut-être qu’une façon pour eux de vivre une sexualité?
Écoute, je ne l’avais pas vu comme ça. Mais il n’y a pas de vérité dans ce film là. C’est un anti scénario. C’est un anti film construit à partir d’une surface, d’un mirage, d’une idéologie. Il n’y a pas de rencontre, pas de contact. Ce film est une errance. Il est aussi superficiel que l’histoire qu’il contient.

Tes personnages vivent une peine d’amour pour une personne avec laquelle ils n’ont pas eu de rapports charnels, tu crois  vraiment cela possible?
Oui. Moi j’ai été très souvent en peine d’amour avec des gens que je n’ai même jamais embrassés.

Vraiment, une peine d’amour !
Une peine d’amour c’est le rejet amoureux. L’amour n’a pas besoin de la sexualité pour se concrétiser mais il en a besoin pour survivre.



Les amours imaginaires

Souper d’amis. Un beau grand blond débarque (Niels Schneider). Bang! Le cœur de Marie Camille (Monia Chokri, irrésistible)  et Francis (Xavier Dolan) fait tilt. 


S’installe une rivalité amoureuse pour ce garçon dont l’orientation sexuelle semble indéfini. Et nous on se demande qui finira par se le taper ?


 Si l’intrigue se révèle plutôt mince, et c’est voulu ainsi, le second film de Xavier Dolan confirme son don exquis de dialoguiste doublé d’un fin observateur de son époque.


Musique kitsch, nombreux clins d’œil aux classiques, plans ralentis accrocheurs on passe un très agréable moment avec cette œuvre universelle qui illustre avec sincérité et élégance  le triomphe du fantasme amoureux kaléidoscopique sur la grise et morne lucidité. 


*** 1/2

2 commentaires:

annecampagna a dit…

une très bonne entrevue...est-ce que Xavier Dolan est un génie? la question se pose.

Anonyme a dit…

Musique kitsch, nombreux clins d’œil aux classiques, plans ralentis accrocheurs on passe un très agréable moment avec cette œuvre universelle qui illustre avec sincérité et élégance le triomphe du fantasme amoureux kaléidoscopique sur la grise et morne lucidité.

ce paragraphe est un petit bijou d'écriture.